Relooking extrême : Roland-Garros entame sa mue dès cette édition 2018

En attendant les grands aménagements des années à venir, Roland-Garros va offrir aux visiteurs les premiers éléments concrets de sa transformation dès cette édition 2018. La principale attraction sera le court numéro 14, rebaptisée court 18 pour cette édition mais seulement pour cette édition. Il s'appellera à nouveau court 14 dans les prochaines années. Laissons de côté cette curiosité pour savourer cette nouvelle coquette enceinte, qui a séduit public et observateurs cette semaine lors des qualifications.

Situé dans le secteur du Fonds des princes, derrière le Suzanne-Lenglen, ce court peut accueillir 2200 spectateurs, ce qui en fait le quatrième plus grand court de Roland-Garros à ce jour. Semi-enterré, il pourrait offrir une jolie petite ambiance lorsqu'il sera bondé et s'annonce comme un des points intéressants du site en première semaine. Même si le nouveau Roland-Garros sera jugé à l'aune de chantiers d'une autre envergure, ce nouveau court semble être une jolie réussite.

Deux autres courts voient par ailleurs le jour. Il s'agit des courts N.7 et N.9, totalement remodelés, situés eux près du court Philippe-Chatrier. D'une capacité respective de 1500 et 550 places, ils jouxtent le nouveau "Village", espace dédié aux partenaires et à la clientèle d'affaires. Du Village, lui aussi entièrement relooké, on a d'ailleurs une vue imprenable sur ces deux courts.

Ce fut l'objet d'un combat juridique long de plusieurs années. C'était le point le plus sensible du dosser d'extension, mais après le rejet du derniers recours l'an dernier, celui qu'on a longtemps appelé le court des Serres, et qui répondra finalement au nom de court Simonne-Mathieu (du nom de l'ancienne joueuse française qui fut numéro 3 mondiale dans les années 30 puis résistante pendant l'occupation nazie), ouvrira bien ses portes en 2019. Les travaux ont déjà bien avancé, la livraison est prévue en juillet et on peut d'ores et déjà avoir un aperçu de l'allure de cette nouvelle enceinte. Avec ses 5000 places, il est très attendu.

Voici à quoi il ressemblera l'année prochaine :

"C'est l'un des symboles du nouveau Roland-Garros. Il va permettre au tournoi de respirer et d'y faire rentrer la nature et le jardin", estime Gilles Jourdan, le responsable des travaux. En mordant sur les Serres d'Auteuil, Roland-Garros va voir sa superficie passer de 8,5 à 12,5 hectares. Une augmentation non négligeable et indispensable, tant l'engorgement des allées était devenu une caractéristique insupportable de Roland-Garros. Le site parisien restera tout de même très loin de ses trois camarades du Grand Chelem, Wimbledon (17,7 hectares), de l'US Open (18,8 ha) et de l'Open d'Australie (20 ha). Au Fond des princes, quatre nouveaux courts seront inaugurés : deux d'entraînement et deux pour le tournoi.

Lors de cette édition 2019, le court Philippe-Chatrier, lui, sera dans une sorte d'entre-deux. Et vous ne le reconnaitrez probablement pas. Dès la fin du tournoi 2018, une partie des tribunes sera détruite afin de démarrer les travaux, qui s'achèveront deux ans plus tard. Il s'agira d'une véritable course contre-la-montre dans l'optique de 2019. Chaque jour comptera. Le central sera agrandi de huit mètres de chaque côté, et rehaussé, afin de permettre le réaménagement et la modernisation des tribunes. Mais la pose du toit, elle, sera pour plus tard. C'est donc un Chatrier à la structure éclatée que joueurs et spectateurs découvriront l'an prochain, un peu à l'image du Centre court de Wimbledon en 2007.

Devenu le serpent de mer de l'agrandissement de Roland-Garros, le toit du court Philippe-Chatrier ne devrait plus se faire attendre que deux petites années. Quand il sera inauguré en grandes pompes en 2020, les trois autres tournois du Grand Chelem disposeront, tous, au moins, de deux courts avec toit rétractable. C'est dire le retard colossal pris par le Majeur parisien. Ce sont les travaux les plus complexes et les plus délicats et ils s'étaleront sur près de deux années.

La forme et sa structure ont été retravaillées comme une aile d’avion. Il est réalisé en acier et en toile translucide et étanche et peut se déployer en une quinzaine de minutes. Il permettra au court Philippe-Chatrier de conserver son statut de stade de plein air, en laissant entrer la lumière, tout en permettant la poursuite du jeu en cas de pluie. Si le toit est à ce point attendu, c'est notamment pour des raisons économiques. Il permettra en effet aux organisateurs du tournoi d'instaurer des sessions de nuit, et ainsi de multiplier les billetteries. On estime à au moins 100000 le nombre de billets supplémentaires à partir de 2020.

Toujours en 2020, le court numéro 1, un des emblèmes du tournoi depuis le début des années 80, aura disparu. Il aura été détruit afin d'entamer le réaménagement de la Place des Mousquetaires, qui marquera la fin de cet impressionnant et interminable chantier.

Elle paraitra gigantesque par rapport à ses dimensions actuelles. Si elle va s'agrandir, elle va également changer d'allure puisque, du béton, on passera à une vaste esplanade de verdure, plus accueillante a priori. Ce sera le poumon vert de Roland-Garros, entre le court Philippe-Chatrier et la zone située dans les anciennes serres. Un écran géant sera installé afin de permettre de suivre les matches des principaux courts. Il est prévu qu'en dehors du tournoi, la Place des Mousquetaires soit accessible au public, comme un square ou un jardin.

Parallèlement, le réaménagement des courts 2 et 3 sera achevé. Au total, ce sont donc pas moins de sept courts qui auront été construits ou totalement transformés en l'espace de trois ans. Il y aura alors quasiment deux décennies que le projet d'agrandissement et de modernisation de Roland-Garros aura été mis sur la table. Un temps considérable, pendant lequel le tournoi a pris beaucoup de retard. Le pire ? A long terme, toutes ces modifications pourraient ne pas suffire, et la question de l'exiguïté du site pourrait se reposer. Car Roland-Garros va demeurer un nain en termes de taille. Même si du côté de la FFT et du tournoi, on se rassure en assumant le choix de la "qualité plutôt que la quantité".