Roland-Garros : Caroline Garcia va savoir

S'il n'en reste qu'une... Ces messieurs ayant tous succombé une fois le premier samedi venu, Caroline Garcia porte les derniers espoirs du tennis français dans cette édition 2018. Malgré un set perdu en route, la N.7 mondiale a traversé sans encombre ni stress majeur la première semaine du tournoi. Au regard de son nouveau statut, celui acquis à l'automne dernier, elle a d'une certaine manière assuré le service minimum. Pour elle, c'est maintenant que la distinction entre un Roland-Garros correct, remarquable ou inoubliable va se jouer. A commencer par ce huitième de finale contre Angelique Kerber, lundi. Son premier choc dans cette quinzaine.

D'abord, levons toute ambiguïté : Caroline Garcia jouera pour elle. Elle n'est pas là pour sauver la patrie. Dernière représentante française ou pas, peu importe. "C'était déjà le cas l'année dernière, parce que Kristina avait joué avant moi et perdu, dont j'étais la dernière Française", rappelle-t-elle. C'est vrai, mais le contexte était sensiblement différent. Elles étaient toutes les deux en quarts et c'est uniquement la programmation qui avait fait d'elle la dernière rescapée, la partie de tableau de Kristina Mladenovic jouant un jour plus tôt qu'elle.

La Lyonnaise avait d'ailleurs été battue par Karolina Pliskova dans ce quart de finale, comme Kristina Mladenovic par Timea Bacsinszky la veille. Cette fois, elle est seule dès les huitièmes, seule à aborder la deuxième semaine. Mais ça ne lui pèse pas. "Ça ne me met pas de pression supplémentaire, assure-t-elle. C'est un match de Grand Chelem, voilà ce qui compte. Peut-être que ce sera mon dernier match dans ce tournoi, mais si je perds, ce ne sera pas parce que je suis la dernière Française dans le tournoi."

Curieusement, la dernière carte bleue jouera sur le court Suzanne-Lenglen, et non sur le Central. Caroline Garcia n'aime pas le Chatrier, ce n'est un secret pour personne, et elle adore le Lenglen a contrario. A-t-elle demandé aux organisateurs de rester loin de la plus grande arène, où elle n'a pas encore mis les pieds cette année ? Lors de son troisième tour, elle assurait "ne rien avoir demandé". "Je suis prête à jouer sur le Chatrier ou le Lenglen. J'aime beaucoup l'ambiance sur le Lenglen, le rapport avec le public. Mais si je dois aller sur le Philippe-Chatrier, ça m'ira aussi." Ce sera donc, au mieux, pour le quart de finale, si elle franchit l'obstacle Angelique Kerber. La première très grosse cliente sur son chemin.

L'Allemande, tombeuse de Kiki Bertens au tour précédent, a-t-elle rendu service à Caroline Garcia, dont la Néerlandaise est une de ses bêtes noires ? Possible, mais Kerber reste un sacré obstacle à effacer. Leur dernier duel en date, à Indian Wells, début mars, avait tourné au cauchemar pour la Française, balayée 6-1, 6-1. "Angelique a eu une année compliquée en 2017, mais elle joue beaucoup mieux cette saison, juge la numéro un tricolore. Elle reste une grande joueuse même si la terre battue n'est pas sa meilleure surface. Elle est gauchère, ce qui est toujours plus difficile à jouer, elle ramène beaucoup de balles. Si je veux passer, il faudra que j'arrive à imposer mon jeu."

Malgré son quart de finale l'an dernier, il manque encore à Caroline Garcia une victoire mémorable à Roland-Garros face à une top joueuse. Kerber, ancienne numéro un mondiale, double lauréate en Grand Chelem, a le profil. La battre pour retourner en quarts de finale donnerait encore davantage de crédit à la progression de la Rhodanienne, qui pourrait intégrer le Top 5 mondial dans une semaine.

Pour y parvenir, peut-être aura-t-elle aussi besoin d'aller chercher le public, même si ce n'est pas dans sa nature. Elle préfère le laisser venir à elle. "Oui, ça peut être un atout, mais ce n'est pas mon caractère de demander au public de s'enflammer après un beau point, avoue-t-elle. Si je sens qu'ils peuvent en faire un peu plus, je leur demanderai peut-être, mais d'une façon générale, j'essaie de rester concentrée sur ce que j'ai à faire." Si la France compte sur Caroline Garcia, l'inverse n'est pas forcément vrai. On peut y voir une forme de confiance : c'est elle et elle seule qui tient le destin de son tournoi en mains.