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Roland-Garros - Benoît Paire, "la tête à l’endroit"

Maxime Dupuis

Mis à jour 31/05/2019 à 09:51 GMT+2

ROLAND-GARROS – Benoît Paire affronte Pablo Carreño-Busta vendredi au troisième tour de Roland-Garros. Lauréat de deux tournois sur terre cette saison et sorti vainqueur du marathon de mercredi face à son copain Pierre-Hugues Herbert, le Français est dans les meilleures dispositions possibles. Parce qu’il a su se remettre en question quand il fallait. Pourvu que ça dure.

Benoît Paire lors de Roland-Garros 2019

Crédit: Getty Images

Vous connaissez le concept de "l'album de la maturité" ? Vous savez, celui que les artistes composent après un premier coup de mou et qui est voué à donner un coup de boost à leur carrière grâce l'exploration de nouveaux horizons. Dans le sport en général, le tennis en particulier, il n'y a pas d'équivalent. Mais il existe des caps à passer, et tout le monde n'est pas égal devant le mur de la raison. Depuis plusieurs années, Benoît Paire bute constamment dessus. Et c'est frustrant. Pour lui. Pour tout le monde.
En cette fin de printemps terrien, on ne sait pas si Paire a franchi un cap. Mais il a mis de l'ordre dans son jeu et dans sa tête. Et, sur le court, ça se voit. Ça s'est vu mercredi soir, face à Pierre-Hugues Herbert au cours d'un match qui a d'abord semblé imperdable, mais qui aurait finalement pu lui échapper. Aurait dû, même, en d'autres circonstances. Mais Paire a tenu bon, techniquement, physiquement et mentalement (6-2, 6-2, 5-7, 6-7, 11-9).
"Pendant le match, je me disais : 'essaie de te remettre dedans, de retrouver le fil conducteur de ce match, de ne pas t'échapper en te disant 'le public, le truc…' J'ai regardé deux ou trois fois mon clan quand c’était difficile mais j'étais surtout en train de me concentrer, en essayant ne pas péter les plombs, explique-t-il. C'est très fort pour moi déjà ! Je voulais rester calme, même si j’ai un peu parlé, de parler le moins possible, de jouer les points après les autres."

Le déclic à Marbella

Paire s'est contrôlé et il n'a jamais complètement lâché le fil conducteur. Pour être tout à fait honnête, ça fait déjà quelques semaines que le 38e mondial le tient fermement. Il y a évidemment eu cette victoire à Lyon, samedi. Il y avait eu, plus tôt, un succès à Marrakech. Entre les deux, ça n'a pas été forcément exceptionnel mais l'essentiel était ailleurs. Tout était en ordre dans son esprit après un début d'année mal goupillé. "J'avais du mal à trouver la motivation en début d'année. C'était compliqué. Mon niveau de jeu était bon et je tapais très bien la balle à l'entraînement. Mais quand arrivait le match, je n'étais pas heureux d’être sur le court. J'étais bien à l'extérieur. Dès que la compétition arrivait, je ne me sentais pas bien. Or, ça n’a jamais été le cas. J’aime les matchs, pas les entraînements !", sourit-il.
Comment a-t-il trouvé la clé ? "J'ai pu couper un peu avant la terre. Je suis parti en vacances, je me suis posé les bonnes questions, révèle-t-il. Je me suis dit : 'est-ce que tu continues la saison comme ça ?' Je ne prenais pas de plaisir. J'aurais pu laisser passer les matches, en gagner un ou deux les jours où je joue bien et faire une saison pourrie. L'autre choix, c'était 'est-ce que tu te mets à être bien dans la tête, à fond, et là, on ne sait pas ce qui peut se passer parce que tu joues bien au tennis.'"
Paire a choisi la seconde option. Et tout s'est (re)mis en place au Challenger de Marbella, à la fin du mois de mars. Le Français a atteint la finale, battu par Pablo Andujar. Cette séquence lui a fait le plus grand bien. "La tête est revenue et à l'endroit" aussi parce qu'il y avait eu ce combat au premier tour face à Pedro Cachin, 240e mondial. Le déclic date de cette victoire, selon lui.
Il y a quelque temps, il aurait cassé cinq raquettes
"Quand je suis bien et heureux sur un court, je peux battre n'importe qui, analyse-t-il. Ce qui explique que je me sens bien sur terre battue, c'est que je bouge bien. La tête est à l'endroit. Je ne me pose pas tant de questions. Quand j'arrive à Marrakech je joue mon jeu, je suis libéré, je peux bouger, parce que j'ai envie, j'ai envie de me battre. Des matchs comme face à Pierre-Hugues, si je n'ai pas la tête à l'endroit, je ne me bats pas et au cinquième set, ça fait 6-1. Or là, j'ai envie de me battre et de m'accrocher."
P2H, qui connait plus que bien son bourreau de mercredi, ne dit pas autre chose : "Je n'ai pas vu le changement sur ce match seulement. Il n'aurait pas eu ces résultats sur terre cette année s'il n'avait pas changé quelque chose à son comportement... Il y a quelque temps, breaké dans le cinquième set, il aurait cassé cinq raquettes. Là, il n'a rien dit et s'est battu comme un dingue."
La tête va bien. L'envie suit, du coup. Pas besoin de trop le pousser pour le comprendre : "J'ai envie de faire une deuxième semaine ici à Roland-Garros, c'est pour ça que je joue au tennis et que je suis ici. Même si j’ai gagné la semaine dernière, je ne me contente pas de ça alors qu’avant j'aurais pu me contenter d'une victoire, je serais arrivé ici en mode détente, je n’aurais rien fait de spécial. Or j'ai envie de me battre, de m'accrocher. J'espère garder cet état d'esprit pour le gazon pour la suite de la saison." C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
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Benoît Paire lors de Roland-Garros 2019

Crédit: Getty Images

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