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Tsitsipas : "A l'Open d'Australie, j'étais un enfant, je suis en train de devenir un adulte"

Laurent Vergne

Mis à jour 10/10/2020 à 09:31 GMT+2

ROLAND-GARROS - Stefanos Tsitsipas a joué vendredi sa deuxième demi-finale de Grand Chelem. En janvier 2019, pour sa grande première, il avait pris une leçon face à Rafael Nadal à l'Open d'Australie. Cette fois, il s'est rapproché de l'exploit en poussant Novak Djokovic aux cinq sets. Le Grec avance, et, surtout, il se montre plus philosophe.

Stefanos Tsitsipas reacts | French Open 2020

Crédit: Getty Images

Janvier 2019. Stefanos Tsitsipas, 20 ans, change de dimension en atteignant pour la première fois les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem. Avec, en route, une victoire étendard, contre Roger Federer, alors tenant du titre. Un début de rêve, avant que le réveil ne sonne brutalement lorsqu'il croise Rafael Nadal. Il n'inscrit que six jeux, termine sur une bulle et mesure ce qui le sépare encore d'un grand titre. En conférence de presse, le Grec apparait dévasté. Plus rien de ce qu'il avait accompli ne comptait à ses yeux.
Vingt-et-un mois plus tard, après quelques désillusions que l'on qualifiera de crise de croissance, Tsitsipas a retrouvé le chemin d'un dernier carré majeur à l'occasion de ce Roland-Garros. Il a failli connaître le même sort. A un point près, cette balle de match sauvée alors que Djokovic servait pour plier l'affaire en trois manches. Mais ce n'est sans doute pas un hasard s'il a su trouver les ressources pour donner une autre dimension à ce match, au point d'entrevoir un possible exploit insensé, battre Djokovic en ayant été mené deux manches à rien.
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Implacable, puis ébranlé, Djokovic a fini par enterrer les espoirs de "remontada" de Tsitsipas

La blessure de Rome est revenue

Stefanos Tsitsipas grandit. En tant que joueur et tant qu'homme. C'est comme cela qu'il voit les choses. En dehors du constat final (il a perdu), tout est différent. Et la raclée de Melbourne 2019 lui parait loin. "A l'Open d'Australie, j'étais un enfant, et maintenant je suis en train de devenir un adulte, a-t-il résumé vendredi soir. Je suis passé par beaucoup de choses depuis. J'ai joué des matches, progressé physiquement. Surtout, je sais et je comprends quand les choses vont bien ou moins bien. Je suis plus tranquille sur le court. Quand je vois des vidéos de moi d'il y a deux-trois ans, je vois que j'ai beaucoup gagné en maturité."
La maturité, c'est aussi ne pas faire une montagne d’un défi, quel qu'il soit, un exploit de chaque victoire ou un drame de chaque défaite. Mais ça n'exclut pas la lucidité. Au contraire. Qu'il s'agisse du bon ou du moins bon. "J'ai réussi un retour incroyable aujourd'hui, dit-il, mais j'aurais aimé résoudre certaines choses plus tôt. J'ai essayé des choses différentes de ce que je fais d'habitude, et c'était une erreur. Je suis donc revenu à ma manière habituelle de jouer. Et à partir de là, j'ai bien mieux joué, à part au 5e set, où je n'étais plus là physiquement."
Dans ce dernier acte, Tsitsipas a juste eu le temps de mener 1-0. La seule fois de la rencontre où il aura été devant au score. Puis il n'a plus fait un jeu. "Malheureusement, vers la fin du match, une blessure que j'avais eue à Rome s'est réveillée, explique le Grec. Mais je suis quand même très content d'être revenu comme je l'ai fait."
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Stefanos Tsitsipas

Crédit: Getty Images

Haïr la défaite, mais s'en servir

Alors, accepterait-il davantage la défaite, selon les circonstances ? La victoire ne serait-elle plus l'unique grille de lecture du jeune Stefanos ? "C'est une très bonne question, j'y réfléchissais l'autre jour, évoque celui qui retrouvera le Top 5 mondial lundi. Si on me connaît, c'est parce que je gagne, parce que j'ai trouvé des moyens de gagner des matches."
Et la victoire reste bien son moteur, sa raison de jouer : "Si je ne gagnais pas, je ne sais pas ce que je ferais de ma vie, mais le tennis ne ferait pas autant partie de mon existence. Le fait de gagner m'a apporté beaucoup, avec des bons côtés et des mauvais côtés. Il y a certains aspects plus négatifs, mais sans gagner, je n'aurais pas de sponsor. Sans les victoires, je ne voyagerais pas dans le monde entier. Si vous perdez, vous restez quasiment sur place. C'est la raison pour laquelle je déteste perdre. En fait, je pense que personne n'aime perdre. C'est bizarre d'aimer perdre !"
A défaut de s'en accommoder, il parvient maintenant à l'appréhender autrement. A en tirer un certain bénéfice. "Un échec est une très bonne leçon, conclut-il. Si vous vous arrêtez, vous réfléchissez, vous pouvez le retourner à votre avantage. C'est ainsi une leçon de vie qui vous permet d'aller de l'avant pour devenir plus fort." Pas de doute, Tsitsipas a grandi.
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