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Pour Marin Cilic, c'est reparti comme en 14 !

Laurent Vergne

Mis à jour 01/06/2022 à 16:32 GMT+2

ROLAND-GARROS 2022 - Marin Cilic est de retour. Après trois années difficiles et un début de saison 2022 mi-encourageant mi-frustrant, le Croate vole sur les courts de la porte d'Auteuil depuis le début de la quinzaine. Le voilà en quarts de finale après avoir pulvérisé Daniil Medvedev avec un niveau de jeu qui a fait penser à celui de l'US Open 2014. L'année de son triomphe new-yorkais.

Marin Cilic

Crédit: Getty Images

Samedi, après avoir balayé son vieux compère Gilles Simon pour ce qui restera le dernier match de la carrière du Français à Roland-Garros, on a demandé à Marin Cilic où il pensait en être de sa carrière. "Juste au début !", a répondu le Croate en rigolant. Après tout, peut-être ne plaisantait-il qu'à moitié, voire pas du tout.
S'il est plus jeune de quatre ans que le Niçois, il n'est plus un perdreau de l'année à bientôt 34 ans, mais il connaît un regain de fraîcheur durant cette quinzaine parisienne. L'envie d'un junior et le corps d'un jeune, à l'écouter : "Je me sens bien. L'an dernier, j'ai fait un check-up complet. Le docteur m'a dit : 'Vous avez le corps d'un homme de 25 ans'. Ne le dites pas à ma femme, mais je vais continuer à jouer pendant 10 ans !"
Non content d'avoir désossé Gilles Simon, Cilic a remis ça lundi soir sur le court Philippe-Chatrier contre Daniil Medvedev, expédié en une heure quarante-cinq et trois sets (6-2, 6-3, 6-2). La plus lourde défaite jamais enregistrée par le Russe en Grand Chelem. Une démonstration de force qui a fait dire à l'ancien numéro 3 mondial qu'il avait joué là "un des meilleures matches" de toute sa carrière, "un match parfait du premier au dernier point."
Non, je n'ai jamais été près de m'arrêter
Faut-il s'étonner de retrouver le grand Marin à pareille fête à Roland-Garros ? Certains vous diront qu'ils savaient, qu'ils avaient tout vu et tout compris, même s'ils ne l'affirment que depuis vingt-quatre ou quarante-huit heures. En réalité, il faut remonter loin en arrière pour trouver trace d'un Cilic aussi performant en Grand Chelem. Son dernier quart de finale dans un tournoi majeur date de l'US Open 2018. Depuis, sur les douze derniers Majeurs, il a plus souvent disparu au premier ou au deuxième tour (cinq fois), qu'il ne s'est hissé en huitièmes de finale (à quatre reprises, son meilleur résultat sur ces trois années et demie).
Fin 2018, le Croate campait encore dans le Top 10. Il allait le quitter début 2019 et ne s'en est plus jamais approché depuis, oscillant la plupart du temps entre la 20e et la 40e place. "Non, je n'ai jamais été près de m'arrêter", assure-t-il, avant d'admettre : "Mais des choses vous traversent l'esprit quand vous avez des difficultés à revenir. J'ai eu une saison difficile en 2019, en 2020, ce n'était pas terrible non plus avec le Covid."
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Marin Cilic est redevenu lui-même.

Crédit: Getty Images

Depuis le début de saison, à défaut de grandes performances (en dix tournois avant Roland-Garros, il ne comptait qu'une demi-finale et un quart), il avait retrouvé un niveau plancher relativement élevé. Son problème ? Un déficit de confiance. Conséquence, beaucoup de matches accrochés, mais le plus souvent perdus. Ces fameuses "défaites encourageantes" :
. 7/6 au 3 set contre Kokkinakis à Adélaïde.
. Quatre sets à l'Open d'Australie en huitièmes contre Auger-Aliassime.
. 7/6 au 3e set contre Kecmanovic à Miami.
. Sur terre, trois nouvelles défaites en trois manches contre Fritz, Zverev et Garin.
C'est si difficile de revenir dans le passé
Comme si toutes les pièces du puzzle étaient là mais sans qu'il parvienne à les emboîter à nouveau ensemble. Jusqu'à ces dix derniers jours. "Depuis 7-8 mois, je tourne autour de la bonne forme, décrit-il. Je joue bien, peut-être certains matches un peu moins bien que d'autres. Je fais des entraînements par série. Par moments, je me sens très bien. D'autres fois, je joue un peu moins bien, par exemple au début de la saison de terre battue. A Madrid j'ai très bien joué contre Sascha (Zverev). A Rome aussi contre Garin. J'ai toujours été très proche de trouver la solution au puzzle."
A Roland-Garros, il l'a manifestement trouvée. Peut-être même au-delà de ses espérances. Au point que son niveau de jeu a des petits airs de l'US Open 2014, son unique victoire en Grand Chelem. Il avait d'ailleurs signé en cours de route la première de ses deux victoires contre Gilles Simon, avant celle du week-end dernier sur le court Philippe-Chatrier. Voilà pour l'anecdote. Alors, a-t-il des flashs de 2014 ? "Oui, tous les jours !, dit-il au second degré. C'est si difficile de revenir dans le passé. Je ne sais plus comment je me sentais."
Marin Cilic sait en revanche comment il se sent aujourd'hui. "Tout se met en place, juge-t-il. J'ai le sentiment de très bien jouer. Je peux affronter des types qui sont au top et très bien jouer contre eux. Et ça me motive à aller de l'avant."
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Marin Cilic vainqueur de l'US Open 2014

Crédit: AFP

Pour un petit pas dans l'histoire

Après trois saisons laborieuses, qui l'avaient fait rentrer dans le rang et disparaître un peu des radars, il revit. Mais c'est peut-être parce qu'il n'a jamais baissé les bras durant ce long creux. "Ce qui m'a donné une grande confiance, c'est que je suis resté dévoué au sport, concentré et que j'ai continué à m'entraîner dur, évoque le Croate. Je savais que si je faisais bien les choses, j'y arriverais. J'ai aussi un peu changé mon équipe à la fin de la saison dernière pour me donner un nouvel élan pour les années à venir. Et ça a bien marché."
Dans ce bas de tableau ouvert à tous les vents, Cilic n'a pas moins de raisons d'y croire que d'autres alors que Andrey Rublev, son prochain adversaire, puis éventuellement Casper Ruud ou Holger Rune le séparent encore de la finale. Le scénario aurait semblé un peu fou il y a encore une dizaine de jours, mais s'il maintient le niveau de jeu stratosphérique qui a été le sien face à Medvedev, il peut encore en enquiquiner quelques-uns.
Mine de rien, c'est un petit pas dans l'histoire qu'il peut accomplir en complétant sa collection pour intégrer le cercle fermé des joueurs ayant atteint la finale de tous les tournois du Grand Chelem, lui qui a déjà joué celles de l'US Open (2014), Wimbledon (2017) et l'Open d'Australie (2018). A 33 ans, pour lui, c'est la résurrection. Et le voilà reparti comme en 14.
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