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Roland-Garros 2022 - Night session : Y'a-t-il un souci avec le tournoi féminin ?

Cyril Morin

Mis à jour 02/06/2022 à 09:07 GMT+2

ROLAND-GARROS 2022 - Alors que s'ouvre ce jeudi les demi-finales femmes, actant la fin des fameuses night session, la place du tournoi féminin dans la programmation fait débat. Sur l'ensemble de la quinzaine, un seul match féminin a eu le droit aux honneurs nocturnes. Un manque d'égalité qui traduit surtout un tableau illisible et des conditions particulières, rappelées par Amélie Mauresmo.

Di Pasquale : "C'est génial mais il faut commencer les night-sessions plus tôt"

En 2022, pas de révolution. Factuellement, c'est même plutôt une régression. Ce mercredi, les night sessions si débattues à Roland-Garros prennent fin. L'affiche finale ? Un duel masculin, entre Holger Rune et Casper Ruud. Encore un. Malgré la prise de pouvoir d'Amélie Mauresmo en tant que directrice du tournoi, le tournoi féminin ressemble au grand oublié du tableau de nuit. L'an passé, deux matches de simples dames avaient eu les honneurs du Central à ces heures tardives (parfois trop). En 2022, seules Alizé Cornet et Jelena Ostapenko ont partagé une affiche nocturne.
Une situation qui fait causer sur le circuit à en croire notre consultant Barbara Schett, "insider" auprès des joueuses. "Je crois que les filles parlent de ces night sessions, je sais que le sujet va être évoqué dans les réunions entre joueuses également pour expliquer que les femmes veulent jouer plus de night sessions, pas seulement une sur dix, expliquait-elle mardi. Je pense que la WTA va se saisir du dossier, je suis convaincue que certaines joueuses ou les dirigeants de la WTA parleront à Roland-Garros en leur disant 'OK, on aimerait plus d'égalité' – donc c'est définitivement un sujet parmi les joueuses".
Visiblement, le mot n'était pas arrivé jusqu'à Iga Swiatek, interrogée lundi en conférence de presse. Mais la Polonaise a finalement réagi ce mercredi, après avoir été mis devant cette stat qui fait mal pour le tennis féminin. "Honnêtement, c'est un peu décevant et un peu surprenant, d'autant que Mauresmo était aussi sur le circuit WTA, a estimé la N.1 mondiale. Reste que tous les joueurs préfèrent jouer à des heures normales. Mais c'est vrai que j'ai aussi envie de divertir et de montrer mon tennis. [...] Mais, à la fin, ça reste leur décision et on ne peut que l'accepter". Finalement, la Polonaise est peut-être la meilleure illustration du mal du tennis féminin : immense favorite à la victoire finale, identifiée auprès du grand public, au jeu intense et parfois spectaculaire, elle n'a jamais finalement été retenue pour ces créneaux de nuit. Plus la faute de ses adversaires que de la sienne.

9 joueuses du Top 10 éliminées avant les 8es

C'est en substance ce qu'a expliqué Amélie Mauresmo, pourtant très attachée à ces questions. "Dans l'ère dans laquelle nous sommes en ce moment, et en tant que femme, aussi en tant qu’ancienne joueuse, je ne me sens pas mal ou je ne trouve pas ça injuste de dire qu'aujourd'hui, il y a plus d'attrait pour les matches masculins", a-t-elle reconnu.
"Mon objectif, lorsque j'ai commencé la programmation au jour le jour, c'était d'essayer de voir, et depuis les premiers tours, lorsque le tableau est tombé, quels seraient les matches du tableau féminin qui pourraient être présentés en session de nuit. Vous voyez les oppositions, les confrontations ou les stars que l'on pouvait identifier comme étant en session de nuit. Voilà, il y a tous ces paramètres à prendre en compte", a-t-elle complété.
Dans le détail, dur de trouver une affiche féminine qui aurait pu tenir la comparaison avec d'autres matches retenus. La faute à un tableau qui a perdu les rares joueuses identifiées du grand public. C'est simple, avant les 8es de finale, 9 joueuses membres du Top 10 avaient déjà quitté le tableau, tout comme Simona Halep ou Naomi Osaka, autres figures internationales. Et, forcément, en l'absence de Serena Williams et depuis le retraite d'Ashleigh Barty, le tableau manque d'incarnations.
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La question qui fâche : Hormis Swiatek, pourquoi une telle débandade dans le top 10 féminin ?

Le format des matches féminin pose problème

Dans sa conférence de presse, Amélie Mauresmo a aussi mis en avant un point fondamental, une fois la question des personnalités évacuée. Le format des matches féminins, au meilleur des trois sets, peut-il vraiment justifier l'achat d'une place au coût élevé pour un temps de jeu supposément plus court ? Mettre Swiatek lors de ses premiers tours sur le Central, c'était aussi l'assurance d'une night-session achevée à 22h au mieux, avec des spectateurs qui n'auraient vu qu'une heure de tennis. Un peu court, même si la durée de certains matches masculins au premier tour peut aussi entraîner des frustrations.
"Ce n'est pas un regret au vu des confrontations que l'on avait et de ce que l'on voulait présenter aussi à des spectateurs qui viennent avec un match unique, parce qu’on est dans cette configuration, a-t-elle ainsi exposé. Sur ce point, c'est vrai que c'était plus compliqué en ayant un seul match de programmé, un match de femmes, clairement".
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Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros, en conférence de presse

Crédit: Imago

Suivre le modèle de l'Open d'Australie ou innover ?

Le souci est exclusivement parisien. Cette année, à Melbourne, Barty avait disputé trois matches en night session, Aryna Sabalenka deux, tandis que Naomi Osaka, Simona Halep et Anastasia Pavlyuchenkova avaient aussi eu les honneurs de la Rod Laver Arena de nuit. Comment ? Simplement parce qu'à Melbourne, les night sessions proposent deux matches, laissant une vraie fenêtre d'exposition au tennis féminin, souvent en apéritif de l'affiche masculine du jour.
Si Amélie Mauresmo veut garder ce format à un match de simple, il va peut-être falloir preuve d'inventivité pour répondre aux demandes des spectateurs. "Vous devez mettre les meilleurs matches de nuit, il n'y a pas de débat, a reconnu notre consultante Barbara Schett. Mais j'adorerais voir, par exemple, un double après un match féminin en night session. Je pense que si vous programmez un match féminin, ça serait génial d'enchaîner sur un double". Sachant le talent de l'école française dans le domaine, il y a sans doute un fil à tirer.
"Sincèrement, j'ai essayé de me pencher dessus presque tous les jours, a conclu Mauresmo sur le sujet. Avec toute l'équipe, on a vraiment essayé cela, on s’est concentré là-dessus. Je l'admets, cela a été difficile, et cela a été difficile de trouver le match de la journée pour plus qu'une seule journée. C'est assez intéressant car, comme je le disais, comme on n’a qu’un seul match en session de nuit, c'est difficile de faire ce choix". Si les choses restent en l'état, il risque de le rester. Et le tennis féminin restera encore de côté.
Le court Philippe-Chatrier lors de la première session de nuit avec public, le 9 juin 2021
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