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Roland-Garros 2022 - Quand Carlos Alcaraz impressionnait déjà au tournoi des Petits As, à 13 ans

Cyril Morin

Mis à jour 31/05/2022 à 16:34 GMT+2

ROLAND-GARROS 2022 - Outsider pour la victoire finale, Carlos Alcaraz apparaît déjà comme un épouvantail alors qu'il vient seulement de fêter ses 19 ans. Une réputation qu'il doit assumer depuis ses plus jeunes années. En janvier 2017, aux Petits As à Tarbes, il avait déjà l'étiquette de favori collée dans le dos. Plongée dans des archives pas si lointaines.

Son jeu était déjà en place : Alcaraz aux Petits As, tout d'un grand

Sa bouille est facilement reconnaissable. S'est-il déjà senti plus fier ? Pas sûr : à le voir monter sur le podium avec le drapeau espagnol en main, il semble gonflé d'orgueil. Il n'a que 13 ans mais, déjà, Carlos Alcaraz est promis à de grandes choses. Le voilà de nouveau sélectionné par la délégation espagnole pour représenter son pays au fameux tournoi des Petits As, championnat du monde officieux des pré-adolescents (12 à 14 ans) qui a vu défiler tous les champions actuels avant leur prise de pouvoir mondiale.
"La délégation espagnole, on la connait depuis des années déjà, rembobine Jean-Claude Knaebel, président emblématique du tournoi depuis sa création en 1982. Carlos Vicente, le coach espagnol, avait l'habitude de venir à Tarbes depuis plus de 20 ans et cette année-là, il nous a dit que c'était le futur Nadal en parlant d'Alcaraz". Déjà ces comparaisons insistantes.
"J'avais déjà entendu des bruits le concernant, pas mal de monde parlait de lui, confirme Alexandre de Villepin, jeune Français qui participait à l'édition 2017. Pas forcément en tant que future grande star, mais plutôt en tant que joueur très solide et potentiel gagnant du tournoi". Manque de pot pour lui, le Français touche le gros lot d'entrée, avec un premier tour face à Alcaraz : "Au moment du tirage, j'étais avec des personnes de la fédération et tout le monde a dit 'ce n'est pas un bon tirage du tout' et que ça allait être très compliqué".
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"Il était déjà sans pitié"

Reste qu'Alcaraz semble encore tenu à l'écart des discussions médiatiques. A Tarbes plus qu'ailleurs, il faut savoir dénicher LA pépite. Et ces générations 2003-2004-2005 regorgent de promesses alléchantes. "Dans ce tournoi 2017, nous avions d'autres phénomènes médiatiques ou des futurs géants annoncés, rappelle le directeur du tournoi. Cette année-là, nous avions Léo Borg, le fils de Borg. Nous avions aussi un phénomène de 12 ans, César Bouchelaghem. Je reconnais que, pour le moment, on n'en parle pas trop de ces deux-là. Et nous avions aussi le numéro un européen, Holger Rune, qui maintenant commence à percer au plus haut niveau. Et chez les filles il y avait Cori Gauff".
Mais, même dans ce paysage chargé, Alcaraz fonctionne déjà différemment des autres gamins de son âge. Autour de lui, tout est programmé pour son explosion au plus haut niveau. "Ce qui m'avait marqué, en dehors du match, c'est qu'il avait vraiment son 'team' à lui, il était dans sa bulle, se souvient Alexandre de Villepin. On voyait qu'il avait déjà ses routines pendant les tournois, ses routines pendant les entraînements. Je l'avais croisé deux ou trois fois avant le match sur le site, il était systématiquement avec son entraîneur, toujours concentré, il regardait les matches, les adversaires, il traînait très rarement avec les autres joueurs".
Vient donc ce premier tour tant attendu. Alexandre de Villepin découvre ce genre de tournoi alors que l'Espagnol est déjà venu l'an passé (éliminé en 16es de finale). On a connu baptême du feu plus tranquille. "Ce qui m'a sauté directement aux yeux, c'est le poids de sa balle, se souvient-il. Dès les premiers coups, je l'ai senti. Je n'avais jamais affronté des joueurs avec un tel poids dans la balle". De match, il n'y en aura finalement pas (6-0, 6-2). Alcaraz est déjà trop fort, déjà trop en avance.
"Directement, j'ai senti qu'il savait où il voulait aller, il voulait gagner et il n'a jamais détourné de son objectif, affirme le Français. S'il devait me mettre 6-0 et 6-0 pour gagner le match, il allait me mettre 6-0 et 6-0. On sentait qu'il n'avait aucun moment de répit, de relâchement. J'ai eu la sensation qu'il avait la mainmise sur moi et sur le match. Il était déjà sans pitié à 13 ans".
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Un jeu déjà affirmé, des armes déjà létales

Cette confiance en soi et cette détermination à toute épreuve interpellent déjà. "Pendant le tournoi, son attitude était celle d'un garçon relativement calme, rappelle Jean-Claude Knaebel. Mais, sur le terrain, c'est vrai qu'il avait un état d'esprit de gagneur. Ce n'était pas comme Nadal à l'époque, mais on le voit aujourd'hui, on sent que c'est un gamin qui aime ça". C'est justement sa signature cinq ans plus tard : le "gamin" est un sacré "gamer".
Tous les germes du monstre étaient déjà là à Tarbes. En regardant le résumé de sa victoire face à De Villepin, une chose saute aux yeux : ses armes fatales semblaient déjà bien en place. "Totalement, c'est le même joueur, confirme De Villepin. En coup droit et en revers, il était déjà super solide à l'époque. Le seul aspect qui a changé dans son jeu, c'est le service. Mais il avait déjà ce kick extérieur qui avait bien marché dans le tournoi. Je me souviens en avoir parlé avec d'autres adversaires et tout le monde trouvait ça très compliqué à retourner".
Aux Petits As 2017 pourtant, Alcaraz chute dès les 8es de finale, battu par l'Américain Toby Kodat… aujourd'hui 707e mondial. Les destins sont parfois cruels. Après quelques Futures, Alexandre de Villepin, lui, a abandonné l'idée d'une carrière au plus haut niveau, mais pas l'amour du tennis. C'est d'un œil impressionné mais pas surpris qu'il juge la folle ascension du prodige espagnol.
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"Avec le recul…"

"Le voir monter aussi haut aussi vite, ça ne me choque pas forcément vu les qualités qu'il avait, explique-t-il. Entre les joueurs de notre génération, on en parle encore aujourd'hui. On se dit quand même qu'on l'a joué alors qu'il bat maintenant Djoko et Nadal dans le même tournoi. C'est dingue"
Dingue comme la montée en puissance du gamin espagnol, en atteste l'anecdote du Français : "Aux Petits As, j'avais 14 ans. Deux ans après, je m'entraînais au comité des Yvelines avec Victoire Ouvrard, un joueur -15 qui jouait des Challengers. Il l'avait vu sur un tournoi Challenger en Espagne, il m'avait parlé d'Alcaraz, sans savoir que je l'avais joué, en me disant 'faut que tu le regardes, c'est un monstre, il a ton âge, il met que des piquettes en Challenger et il est juste impressionnant'. Ça m'avait marqué parce que, déjà à 16 ans, il avait passé un cap en deux ans qui était énorme".
"Avec du recul, on se dit que c'est une suite logique des choses, conclut-il. Déjà à notre âge, vu le sérieux qu'il avait et l'engouement qu'il y avait déjà autour de lui…Quand je le voyais jouer, je ne me disais pas 'il va percer' mais je savais qu'il allait devenir très fort au tennis, à 100%". Très fort mais terriblement humain. Après sa lourde défaite, le Français avait été réconforté par son adversaire, venu lui glisser quelques mots sympas à l'oreille et le complimentant sur son jeu. L'humilité était aussi déjà là. La marque des grands, paraît-il…
(Crédit photo de Une : LES PETITS AS / C Jarno)
Carlos Alcaraz
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