Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Roland-Garros - Mauresmo veut imposer sa touche au tournoi : "Trouver l'équilibre entre tradition et modernité"

Arnold Montgault

Mis à jour 16/05/2022 à 18:09 GMT+2

ROLAND-GARROS - Alors que les qualifications du Grand Chelem parisien démarrent officiellement ce lundi, sa nouvelle directrice Amélie Mauresmo a accordé un entretien à Eurosport. Elle y expose sa vision du tournoi qu'elle veut davantage dans l'air du temps, plus ouvert, moins guindé, notamment dans son rapport aux joueurs. Mais elle n'appelle pas pour autant de ses vœux une révolution.

Mauresmo : "On a tous envie de voir Nadal, on croise les doigts"

Comment appréhendez-vous cette nouvelle aventure ?
Amélie Mauresmo : C'est ma première édition, donc j'ai hâte de découvrir la vérité du terrain de ce rôle de directrice de Roland-Garros. Parce qu'il y a eu, je l'ai dit, beaucoup de réunions, de préparation, d'arbitrage, de choix à faire. Qu'est-ce qu'on va faire évoluer ? Qu'est-ce qu'on va changer ? Beaucoup, beaucoup de choses ont été mises en place. Et après, il y a ces trois semaines. On va voir l'intensité. Qu'est-ce que je vais prioriser par rapport aux autres choses ? Donc j'ai hâte.
Le fait d'être directrice du tournoi vous a-t-il amené à interroger votre rapport à Roland-Garros ?
A. M. : C'est vraiment venu au moment où j'ai été contactée, où Gilles (Moretton, le président de la FFT, NDLR) m'a approché. Je me suis dit : "Tiens... Qu'est-ce que ce tournoi signifie pour moi ? Qu'est-ce que c'est Roland-Garros pour moi ?" Toutes les émotions positives ou négatives, la tristesse, la joie, tout ce qui s'est mélangé depuis. Depuis mes quatre ans, dans les yeux de la petite fille qui regardait Roland-Garros à la télévision et avec la victoire de Yannick (Noah). Ça, c'était vraiment au début. Et après ? Je suis très, très vite rentrée dans le vif du sujet. Peut-être que lorsqu'il y a des décisions à prendre, inconsciemment, il y a cette vision de Roland-Garros qui prend le dessus avec ce côté un peu de tradition. On n'a parfois pas envie de toucher à ce qui fait le tournoi. Mais il y a cette envie aussi de l'amener dans une ère un peu plus moderne. Il y a cet équilibre là à trouver.
Les interviews des joueurs et les remises des trophées vont être modifiées
Vous êtes la première femme à accéder à ce poste après avoir été la première coach d'un membre du Top 5, Andy Murray. Casser des barrières est-il un objectif assumé ou juste votre destin ?
A. M. : Ce n'est pas du tout un moteur effectivement de casser toutes ces barrières. Oui, c'est un destin, c'est ma vie. C'est comme ça. Je ne le recherche pas non plus. Si on parle de tout ce qui s'est passé pour moi depuis 20 ans, on vient me chercher pour des choses très précises je pense. Pour des qualités de caractère, de recherche d'excellence, de concentration que j'ai pu montrer au fil des années, d'exigence aussi, probablement. Je crois que j'ai été sollicitée pour ça plus que pour mon genre.
Qu'est-ce qui va changer pour les spectateurs et téléspectateurs ?
A. M. : Alors il y a pas mal de choses. Evidemment, peut-être ce qui sera le plus visible, c'est le court Philippe-Chatrier. On l'a équipé de LED. Finies les bâches historiques de Roland-Garros et on est parti vraiment sur cette idée de pouvoir utiliser cet espace-là d'une façon différente, tout en respectant l'exposition des partenaires, mais de pouvoir proposer une scénarisation de l'entrée des joueurs, plus moderne. Ensuite, toujours pour les téléspectateurs je voulais vraiment changer la façon dont se déroulent les interviews juste après les matches. Donc on a fait quelque chose de beaucoup plus dynamique. Les remises de trophées également vont être modifiées. Ce qui m'intéresse, c'est privilégier l'émotion. Et puis, au-delà de ça, sur les sessions de soirée, j'ai voulu qu'on propose un petit peu plus d'animation avant une espèce de montée en puissance. On a aussi le tennis-fauteuil qui va pour la première fois jouer sur ce court Philippe-Chatrier.
Pourquoi avoir élargi les tableaux du tennis en fauteuil ?
A. M. : C'est une question d'équité. On s'est dit qu'on voulait avoir le top dix, au moins sur nos tableaux. On était à huit sur le tennis fauteuil ou quatre au quad, donc on est passé à huit au quad (qui est un peu moins pratiqué) et à un tableau de douze sur le tennis-fauteuil, ce qui nous permet d'avoir le top dix hommes et femmes. Donc ça, c'était vraiment une question d'équité et de possibilité de jouer pour un plus grand nombre. Ensuite, sur l'exposition, c'est une question de visibilité. Il y a des matches quand même assez spectaculaires. Donc on voulait vraiment mettre en avant cet événement-là. Je pense qu'on a une responsabilité effectivement d'inclusion. De ce point de vue-là, on a une responsabilité aussi dans la perspective de Paris 2024, des Jeux Olympiques et paralympiques.

Une responsabilité de promotion du tennis féminin, mais pas de quotas

Y aura-t-il des modifications de programmation pour mettre davantage en valeur le tennis féminin ?
A. M. : Le problème en fait, c'est de mettre les matches qui vont intéresser le plus de monde au meilleur moment. Dès qu'on aura des belles affiches côté hommes, côté femmes, évidemment qu'on les mettra en avant. Évidemment qu'on va répondre à la demande des télés et du public pour que ces matches-là soient sur le devant de la scène. En ce qui concerne le tennis féminin, je pense qu'on est en train de voir cette nouvelle génération : Iga Swiatek, Naomi Osaka si elle arrive à retrouver sa constance au plus haut niveau, Ons Jabeur qui propose aussi un jeu complètement différent. Et j'espère que les spectateurs de Roland-Garros vont pouvoir l'apprécier, alors qu'on critiquait depuis plusieurs années le tennis féminin pour son côté stéréotypé. Et à nous aussi effectivement de mettre tout ça en avant pour que les gens et le public, les téléspectateurs, aient vraiment ce réflexe-là. On a une responsabilité de promotion de façon équitable, même si on sait qu'en ce moment le tennis masculin vit une période hallucinante.
picture

Mauresmo : "La programmation des night sessions, ça va être un des challenges de mon rôle"

Y aura-t-il des quotas avec 50 % de matches féminins en night session par exemple ?
A. M. : Non, non, non. Ce ne serait pas logique de penser comme ça, mais je le pensais déjà avant d'avoir le poste. Pour le coup, je crois que l'année dernière, et je crois, il y a eu deux ou trois matches de femmes et ça m'a semblé logique. C'est mon avis, mais je pense que j'aurai plus de retours et le vrai feedback qui sera pour moi à la fin du tournoi, quand j'aurai vécu justement ces arbitrages-là à faire.
picture

Henin : "Tsonga partira peut-être avec des regrets, mais surtout avec la tête haute"

Pourquoi ne pas exclure les Russes ? "On ne veut pas punir l'individu"

Que répondez-vous à la joueuse ukrainienne Elina Svitolina qui milite pour l'exclusion des Russes du tournoi parce qu'ils seraient une vitrine pour le régime de Valdimir Poutine ?
A. M. : J'entends et je comprends toute la douleur. On suit tous, on voit tout ce qui se passe en Ukraine. Je ne peux pas imaginer ce qu'elle vit, ce que son peuple vit. On a dû effectivement se positionner et ce qu'on a décidé de faire, c'est de suivre la déclaration des ministres des Sports des gouvernements européens notamment. Et quand elle dit qu'on accueille des joueurs russes, je ne suis pas tout à fait d'accord parce qu'on va appliquer cette stricte neutralité qui leur est demandée. Pas de drapeaux, pas de mention du pays, ni sur les tableaux, ni sur les panneaux, pas d'hymne. On ne veut pas punir d'une certaine façon l'individu. C'est notre position.
Avez-vous préparé quelque chose de particulier pour la retraite de Jo-Wilfried Tsonga dont la carrière a marqué beaucoup de gens ?
A. M. : On va prendre soin de ce moment. Vous verrez ça. Mais au-delà de la reconnaissance du tournoi, je pense que, pour en avoir discuté avec lui, c'est un moment important. Évidemment, c'est aussi une forme de soulagement, il s'exprimera certainement. Mais je crois que c'est normal de lui offrir cette dernière possibilité (wildcard), surtout par rapport au public. Je pense qu'il faut qu'il puisse partager ça avec les gens qui seront dans le stade et certainement émus et touchés. Il a toujours été très charismatique et je pense que ça va être un petit moment sympa à suivre, même si ça va probablement nous tirer une petite larme.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité