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Lucas Pouille, qualifié pour le 2e tour, a eu le droit à une Marseilaise sur le court 14 : "C'est un peu irréel"

Cyril Morin

Mis à jour 28/05/2023 à 23:53 GMT+2

C'est d'ores et déjà la belle histoire de ce Roland-Garros 2023. Après s'être extrait des qualifications jeudi, Lucas Pouille a remis ça ce dimanche face à Jurij Rodinov pour se qualifier au deuxième tour dans une ambiance folle sur le court 14 (6-2, 6-4, 6-3). Sous le coup de l'émotion, il a eu le droit à une Marseillaise improvisée. Il revient de tellement loin qu'il savoure chaque instant.

Lucas Pouille entonne la Marseillaise après sa victoire au 1er tour

Crédit: Eurosport

C'est une histoire qui prend aux tripes et qui fout les poils. Celle d'un joueur promis à un avenir brillant, demi-finaliste de l'Open d'Australie, éphémère Top 10, travailleur acharné et personnalité discrète qui plonge dans l'anonymat du circuit, dans ses doutes et ses galères au point de se demander si cette vie est encore pour lui. Ce dimanche, Lucas Pouille a trouvé une réponse à cette question, entouré par les siens mais aussi par un public parisien qui n'a cessé de le pousser depuis le début de cette épopée, comme une résurrection.
Après s'être extirpé des qualifications jeudi, au terme d'un match rocambolesque, Pouille remettait ça sur le même court, face au même adversaire, l'Autrichien Jurij Rodinov repêché en tant que lucky-loser mais avec un tout autre enjeu : regagner un match en Grand Chelem.
"C'est la première fois que j'affrontais le même adversaire, dans le même tournoi, trois jours après, a-t-il souri en conférence de presse après coup. Au début, j'étais stressé en voyant ce tirage puis je me suis rendu compte que c'était un super premier tour. Quand vous voyez Alcaraz ou Medvedev jouer contre des qualifiés…".
Son match abouti vient en partie de là, forcément. Jamais Pouille n'a semblé douter, jamais il n'a lâché son service, jamais il n'a semblé perturbé par l'ambiance ahurissante d'un court 14 acquis à sa cause où la furia du public laissait aussi poindre des émotions vraiment particulières. Revoir Pouille à Roland-Garros, c'était un petit événement en soi, matérialisé par ses longues queues de spectateurs attendant à l'entrée du court pour participer à la fête collective.

Des faux airs de Coupe Davis 2017

Elle fut réussie grâce au tennis du Français, retrouvé et déterminé. "C'est le match le plus accompli sur le plan du niveau de jeu, a-t-il expliqué. Dans tout ce que j'ai réussi à produire. J'ai été très solide du début à la fin. C'est le premier match où je ne suis pas mené d'entrée. J'ai réussi à contrôler de A à Z ce match". Mais la technique importait finalement peu ce dimanche.
Ce fut un torrent d'émotions pour lui comme pour ce court 14 qui, une fois la victoire en poche, s'est lancé naturellement dans une Marseillaise reprise par Pouille himself. De quoi rappeler 2017 et ce sacre lillois en Coupe Davis, forcément, même si l'ampleur n'avait rien de comparable.
"En Coupe Davis, on joue pour son pays, c'est un peu le chant qu'on a envie d'entendre. Là, c'était un moment que j'avais envie de chanter avec eux quand ils se sont mis à chanter à la fin du match, a-t-il poursuivi. J'avais envie de rester sur le court le plus longtemps possible pour vivre ces émotions et profiter de chaque minute à leur côté".
Si on m'avait dit ça en 2019...
S'est-il déjà senti aussi soutenu ? Il n'en est pas sûr : "Il y a un certain engouement depuis le premier tour en qualifs. Les gens sont vraiment derrière moi, ils me poussent comme jamais je n'ai été poussé ici. Je pense que jouer sur ce court, avec les gens proches de nous, où ils vivent les émotions, ça a créé quelque chose d'incroyable. Que ce soit dans la vie réelle ou sur Internet, j'ai reçu beaucoup beaucoup de messages pour, au final, juste une qualification en Grand Chelem. Ça représente énormément pour moi aujourd'hui mais j'ai rarement reçu autant de soutiens et de messages. Dès que j'ai croisé quelqu'un dans Paris ou au stade, on me disait 'on est trop content pour toi'".
Cette Marseillaise fut un moment suspendu et un instant qui restera forcément à part dans son panthéon personnel, surtout après ces années d'errance et de galère. "C'est un peu irréel, a-t-il fini par reconnaître. C'est un premier tour de Grand Chelem… Je n'ai pas gagné le tournoi, j'ai gagné quatre matches mais ça restait un premier tour". Ce n'était pas si anodin, comme l'a relevé l'ATP : c'est la première fois depuis dix ans qu'un joueur aussi mal classé (675e) parvient à s'inviter au deuxième tour du Majeur parisien.
Au moment de replonger dans les archives, il a fallu se frotter le crâne : sa dernière victoire en Grand Chelem remontait à 2019 à l'US Open. "Ça m'a paru très long. Je ne sais même plus contre qui c'était, a-t-il souri. Mais si on m'avait dit ça en 2019, l'année où je fais demie à Melbourne, je pense que j'aurais rigolé au nez de la personne. C'est comme ça, c'est le passé".
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Lucas Pouille lors de son match du 1er tour de Roland Garros 2023

Crédit: Getty Images

"J'espère que ça relancera ma carrière"

L'avenir, lui, est radieux à son échelle. Le voilà avec deux jours devant lui pour préparer un deuxième tour qu'il n'osait à peine envisager voilà quelques mois, lorsqu'il hésitait sérieusement à jeter ses raquettes à la poubelle et entamer une nouvelle vie. Un tournant, à n'en pas douter : "C'est comme ça, il y a des petits craquages. Ce moment-là était très dur mais il était nécessaire parce qu'à un moment, j'allais prendre le mur. Je suis content d'avoir arrêté le train au bon moment avant de me crasher complètement. J'y pense de temps en temps, ça me donne de l'énergie".
Celle dont il aura besoin pour dompter un deuxième tour qui s'annonce là encore riche en sensations, face à son copain Benoît Paire ou face au costaud Cameron Norrie dans un stade forcément plus grand. Ensuite, il sera temps pour Pouille de faire le point. Mais ce quatuor de victoires parisiennes redonne un sens à une carrière qui en manquait cruellement ces dernières années.
Est-ce le début d'une seconde vie ? "J'espère que ça relancera ma carrière, oui. Ça me redonne ces certitudes que je cherchais, ça me conforte dans l'idée que le niveau est là. Quand j'ai cette attitude, je suis dur à battre. Ce sont des joueurs que normalement tu rencontres en Challenger, ça va être mon quotidien pendant les prochains mois, j'espère le moins possible. Mais ça prouve que j'ai le niveau pour battre ces gars-là, pour les Challengers". Et peut-être même un peu plus.
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