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Roland-Garros 2023 | Finale dames | "Tu peux en gagner 8, 9 ou 10" : Chris Evert - Iga Swiatek, d'une reine à l'autre

Laurent Vergne

Mis à jour 10/06/2023 à 23:06 GMT+2

Pour la troisième fois en quatre ans, Iga Swiatek a remporté Roland-Garros, au terme d'une finale aussi superbe qu'étouffante contre Karolina Muchova (6-2, 5-7, 6-4). Et elle n'a encore que 22 ans. Chris Evert, la reine historique de la porte d'Auteuil, la voit aller beaucoup plus loin et ne s'est pas privée pour le dire à sa lointaine héritière.

La stat du jour : 4 titres en 17 participations, Swiatek égale Serena et Graf

Quand Iga Swiatek a déboulé sans prévenir à l'automne 2020 pour remporter un Roland-Garros sans perdre le moindre set alors qu'elle pointait au-delà de la 40e place mondiale, il était légitime de se demander si la jeune Polonaise de 19 ans venait d'inaugurer un règne durable ou si nous avions "simplement" assisté à un des plus beaux "one shot" de l'histoire.
Deux ans et demi plus tard, la question ne se pose plus. Elle a donné deux petites sœurs à sa première coupe Suzanne-Lenglen et même étendu son terrain de chasse à l'US Open. Quatre titres majeurs à 22 ans (elle les a fêtés en début de tournoi), voilà qui vous pose une championne et, si son présent est radieux, c'est aussi son avenir qui apparaît brillant. Au minimum sur cette terre battue dont elle est l'incontestable reine.
De trois à quatorze, il y a du chemin...
Même si elle abordait cette édition 2023 avec moins de certitudes que l'an passé (plus, c'eut été impossible puisqu'elle écrasait totalement à l'époque le circuit WTA), le dénouement a été le même. "C'est évidemment toujours beaucoup de pression, mais sur terre battue, je sens que j'ai plus d'armes que sur surface rapide, explique-t-elle. J'essaie d'utiliser cette confiance et ce sentiment d'y être à l'aise pour mieux jouer." Et avoir le dernier mot, quand bien même elle serait secouée tennistiquement et mentalement par une Karolina Muchova samedi en finale.
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Iga Świątek reste la reine de Roland.

Crédit: Getty Images

Trois Roland-Garros, c'est déjà autant que Serena Williams, Monica Seles ou Arantxa Sanchez. Élégante compagnie. L'année prochaine, si tout va bien, elle aura dans le viseur Justine Henin et ses quatre sacres parisiens. Swiatek est d'ailleurs la première depuis la Belge et son triplé entre 2005 et 2007 à conserver sa couronne porte d'Auteuil. Depuis quinze ans, la tenante du titre se prenait systématiquement les pieds dans le tapis. Si une championne pouvait mettre fin à cette drôle de série, c'est bien elle.
Les plus inconscients parlent d'une possible domination parisienne à la Nadal. C'est aujourd'hui totalement hors de propos, même si elle suit à peu près le tempo majorquin, qui comptait quatre Roland-Garros à 22 ans, soit un de plus que la Polonaise. Mais Nadal a tout compilé : précocité, domination effarante sur terre et longévité impressionnante. Rien ne dit que miss Swiatek pourra rivaliser sur les deux derniers critères. "De trois à quatorze, il y a du chemin, mais trois titres en quatre éditions, il y a un début de parallèle avec Nadal", estimait prudemment samedi la directrice du tournoi Amélie Mauresmo.
Je ne me fixe pas de records ou d'objectifs fous
Chez les femmes, le record parisien est nettement plus accessible, puisqu'il culmine à la moitié de celui de Nadal : 7 titres. Chris Evert en est la dépositaire et c'est justement elle qui a remis son troisième trophée à la numéro un mondiale. "Je pense qu'elle est là pour longtemps", a confié la légende américaine à Eurosport, révélant ce qu'elle avait glissé à son oreille lors de la cérémonie protocolaire : "Je lui ai dit, 'tu en as gagné 3. J'en ai gagné 7. Tu n'as que 22 ans, tu iras plus loin que moi. Tu peux en gagner 8, 9 ou 10.' Si elle ne se blesse pas, elle peut le faire."
Le message a touché la triple couronnée, mais elle conserve un certain détachement vis-à-vis de tout ça. Dans son propre intérêt : "Non, honnêtement, je ne regarde pas aussi loin. Je suis juste heureuse de ce qui s'est passé ces deux dernières semaines. Je ne sais pas de quoi je suis capable. Je vais travailler jour après jour, pour me développer en tant que joueuse. Je ne me fixe pas de records ou d'objectifs fous. Je sais que la meilleure façon de procéder pour moi, c'est de rester calme. C'est ce que j'essaie de faire."
Pour Chris Evert, Iga Swiatek est en tout cas de la trempe des grandes. Des très grandes, même. "On sent qu'elle a tout simplement faim, résume 'Chrissie'. Il y a des filles qui gagnent un Chelem et c'est suffisant pour elles, mais il y a des joueuses qui ont vraiment faim. Monica Seles, Steffi Graf, moi-même et Martina Navratilova, par exemple. Je pense qu'Iga est le même type de personne."
En raisonnant par l'absurde et en admettant qu'elle tire sa révérence aujourd'hui, Swiatek aurait déjà beaucoup accompli. Mais elle a des armes exceptionnelles, une marge de progression encore existence, elle est jeune, travailleuse, ambitieuse et, en prime, bien entourée. Cela fait tout de même beaucoup de raisons de penser que son histoire n'en est encore qu'à ses balbutiements. Surtout ici, à Paris. Bref, ça promet.
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