Roland-Garros 2023 | Luca Van Assche sur son nuage : "Parfois, je me dis qu'il y a un an j'étais 400e mondial"

Il fallait voir les courts Simonne-Mathieu et le numéro 14 pour sentir que le public de Roland-Garros attend une nouvelle génération dans le tennis français. Gaël Monfils et Richard Gasquet sont encore là cette année, mais deux gamins prometteurs ont fait leurs débuts dans le grand tableau. Et si cela s'est mal terminé pour Arthur Fils, son pote Luca Van Assche a eu le bonheur de connaître la victoire face à Marco Cecchinato. Quand il se retourne, "LVA" mesure le chemin parcouru.

C'est au son des "Luca, Luca" que l'encaissé et toujours chaud 14 a accueilli un Français qu'elle avait attendu toute la journée. Plus tôt, Stan Wawrinka et Albert Ramos Vinolas avaient fait durer le plaisir. Alors il a fallu attendre le début de soirée, dans cette ambiance si particulière, pour que le gladiateur Van Assche entre dans l'arène, immédiatement suivi par Marco Cecchinato. Ce fut bien d'ailleurs la seule fois que l'Italien a pu tenir le rythme du Français. Il fut en un mot laminé pendant deux sets et dominé dans le troisième.

"C'est pas mal, a modestement commenté Luca Van Assche. C'est sûr que c'était un gros match de ma part. Je suis entré sur le court en sachant que ça allait être un gros combat. Avec le public, c'est toujours plus facile pour nous, Français à Roland-Garros." D'abord timide, le 82e joueur mondial, a ensuite emmené un public qui n'attendait que ça. La pureté de son jeu ce lundi soir (16 fautes directes en trois sets) a permis au 14 de s'enflammer. Et de combat il n'y a pas vraiment eu. Alors, Van Assche a pu savourer, il avoue d'ailleurs avoir eu quelques "frissons", privilège de celui qui tient la victoire entre les doigts et qui ne la lâche pas.

"C'est sûr que j'aurais préféré gagner en Australie", rappelle-t-il. A Melbourne, il avait poussé Cameron Norrie au tie-break du 1er set avant de s'écrouler. Mais la suite fut toujours plus encourageante. Deux titres en challengers (Pau et Sanremo), un set pris à Novak Djokovic… Comme Arthur Fils, auquel il est inévitablement comparé, Van Assche gravit les échelons, et plutôt deux par deux. Il reconnaît d'ailleurs que l'un et l'autre se regardent, sans jalousie. "On s'affronte souvent à l'entraînement, on sait qu'on a le même niveau donc s'il fait quelque chose, je sais que j'en suis capable…".

Sa progression est-elle normale ? "Je ne sais pas trop, répond-il un brin timide. Je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont la même. La mienne est très, très rapide par rapport à la plupart des joueurs mais par rapport à tout le travail que je fais depuis de longues années je trouve ça assez normal." Il y a un an, il évoluait quasiment à temps plein sur le deuxième circuit, celui des Challengers. A Roland-Garros, sa route s'était arrêtée au premier tour… des qualifications. Il pointait alors au 380e rang mondial, quasiment 300 de moins qu'aujourd'hui.

"Quand je me regarde il y a quelques années ou l'année dernière quand j'avais perdu en qualifs, même au classement, l'évolution est très positive ! Parfois je me dis qu'il y a un an, j'étais 300 ou 400e mondial, là je suis 80, c'est cool ! Je ne me mets pas de limite, je prends vraiment les choses comme elles viennent". Ce lundi, c'était un premier tour remporté en Grand Chelem. S'il va savourer un peu ce soir, le gamin doit revenir mardi pour jouer un double puis mercredi pour affronter Alejandro Davidovich Fokina, tombeur d'Arthur Fils. Une nouvelle étape dans une progression qui n'aurait rien de "normale" cette fois.