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Roland-Garros | "Le physique commence dans la tête" : Comment Novak Djokovic a poussé Carlos Alcaraz à bout

Laurent Vergne

Mis à jour 10/06/2023 à 08:14 GMT+2

Novak Djokovic par K.O. La demi-finale entre le champion serbe et le numéro un mondial Carlos Alcaraz a tenu ses promesses pendant deux sets, jusqu'à ce que le jeune Ibère ne craque totalement physiquement. Personne ne l'avait vu venir. Mais si le corps a lâché, c'est parce que la tête a été trop sollicitée, entre le stress dû à l'événement et la pression mise par son illustre adversaire.

"Il ne le savait pas, mais Alcaraz avait perdu ce match avant de rentrer sur le court"

On pouvait attendre bien des scénarios avant cette demi-finale si excitante. Mais celui-ci a pris tout le monde de court. Peut-être même Novak Djokovic, qui ne s'attendait sûrement pas à voir Carlos Alcaraz exploser de la sorte en plein vol après à peine deux sets de combat. Dévoré par la tension qui l'a habité dès le début de la rencontre, et même probablement avant ce match, le jeune Carlitos a fait ses 20 ans. Tant pis pour nous. Pour lui, surtout.
Alcaraz, qui n'a pas caché après la rencontre qu'il avait eu toutes les peines du monde à gérer ses émotions, a-t-il perdu cette demi-finale avant même de la jouer, à force de s'en faire une montagne ? Peut-être bien. "Dans ce genre de match, analyse Alex Corretja, il y a énormément d'émotions qui peuvent vous traverser. Vous y pensez deux jours avant." L'Espagnol a même eu soixante-douze heures pour se préparer, mais aussi pour gamberger puisqu'il avait disputé son quart de finale contre Stefanos Tsitsipas mardi soir.
À ce moment-là, je me suis dit qu'il fallait qu'il arrête tout de suite
"C'est dommage que Carlos ait coincé physiquement, mais tout le mérite en revient à Novak à mon avis, ajoute Corretja. En plus du stress d'avant-match, il l'a poussé physiquement à la limite dès le début de la rencontre en imprimant une intensité folle." Alcaraz avait pourtant prouvé lors du dernier US Open qu'il était un roc, capable d'enquiller les marathons en cinq sets tout en allant au bout pour décrocher son premier titre majeur. Mais ni Cilic, ni Sinner, ni Tiafoe ne lui imposaient une présence aussi intimidante. Et un défi aussi majuscule, pour tout ce qu'il est et représente. Alcaraz a joué cette demi-finale deux fois. Dans sa tête, puis sur le court. La seconde a été de trop.
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Carlos Alcaraz

Crédit: Getty Images

"Le physique commence dans la tête", souligne Boris Becker, lui aussi consultant Eurosport et surtout ancien entraîneur de Novak Djokovic. "Je pense que l'intensité que Novak a apportée dès la première balle a surpris Carlos, poursuit le triple vainqueur de Wimbledon. Il ne s'attendait pas à ça, pas à ce point." Selon lui, en voulant répondre à tout prix à cette épreuve de force, Alcaraz s'est épuisé : "J'ai rarement vu un joueur capable d'aller chercher autant de balles. Je dis : économisez votre énergie, laissez filer quand le score est de 40/0 ou 40/15. Novak l'a compris."
Mais de l'énergie, le jeune Murcien en a été dépourvu dès la fin du 2e set. Les crampes se sont répandues à vitesse grand V pour peupler tout son corps. "Vous perdez le contrôle du pied, du mollet. De plus, il a probablement eu des crampes dans la main, il ne pouvait plus tenir sa raquette correctement. C'était une crampe qui touchait tout le corps, pour ainsi dire", résume Boris Becker, qui s'attendait même à voir Carlos Alcaraz jeter l'éponge : "À ce moment-là, je me suis dit qu'il fallait qu'il arrête tout de suite." Il a continué jusqu'au bout mais cette demi-finale était de toute façon terminée.
Le jeu de Novak est conçu pour épuiser l'adversaire
Dépourvues du moindre intérêt, les deux dernières manches, qui ont vu Djokovic aligner 11 jeux de suite, ont permis au Serbe de finir en roue libre. "Le jeu de Novak est conçu pour épuiser l'adversaire, relève Mischa Zverev, le frère aîné de Sascha. Lorsqu'il remarque que son adversaire est en difficulté, il s'apaise. Il sait qu'il a fait son travail, qu'il peut maintenant s'amuser et qu'il peut le terminer tranquillement, parce qu'il est le plus fort physiquement, le meilleur." Les nerfs, le corps, tout a lâché vendredi chez Alcaraz, mais le responsable dans les deux cas s'appelle Djokovic.
"Globalement, ça reste un bon tournoi pour Carlos, veut tout de même positiver Alex Corretja. Il va apprendre de ça, il va en retenir une leçon pour l'année prochaine. Il est arrivé ici avec tellement de pression, le statut de favori, le fait d'être numéro un mondial. Aujourd'hui, c'était trop dur. Affronter Novak, qui possède tellement d'expérience et de talent... Il faut tenir à chaque Instant. Mais c'est une bonne leçon." Et c'est Maître Djokovic qui l'a infligée.
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