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Rome Vintage - 2011 : Le jour où Murray "aurai(t) dû" stopper la marche royale de Djokovic

Simon Farvacque

Mis à jour 15/05/2020 à 19:34 GMT+2

ROME VINTAGE - En 2011, Novak Djokovic débarque dans la capitale italienne sans avoir perdu le moindre match depuis le début de la saison. Le Serbe surfe sur une série de succès à laquelle il pourrait donner une dimension historique en remportant le tournoi transalpin puis Roland-Garros. En demi-finale, Andy Murray va passer à deux doigts de contrecarrer ses plans lors d’une passe d’armes de 3h02.

Andy Murray tête basse, Novak Djokovic poing serré... mais les rôles ont bien failli être inversés, lors de la demi-finale du Masters 1000 de Rome en 2011

Crédit: Eurosport

Après Indian Wells, Miami, Monte-Carlo et Madrid, revivez tout au long de la semaine les moments forts de l’histoire du tournoi de Rome, qui aurait dû se tenir du 11 au 17 mai.
Nous sommes en mai 2020 et Novak Djokovic n’a toujours pas perdu cette année. La crise sanitaire relativise grandement l’exploit du Djoker, "seulement" crédité de dix-huit victoires cette saison. Mais il y a neuf ans, aucune mise en stand-by du circuit n’altère sa performance lorsqu’il débarque invaincu à Rome, à la même période. "Nole" en repartira toujours pourvu de ce statut, malgré la résistance d’Andy Murray lors d’une demi-finale homérique.
En 2011, Djokovic aborde donc le tournoi romain en favori. Il reste sur 34 succès de rang, dont 32 depuis le début de la saison, à dix encablures des 42 de John McEnroe en 1984, entame record de l’ère Open. Mais il peut aussi se targuer d’une victoire acquise la semaine précédente face à Rafael Nadal, en finale du Masters 1000 de Madrid. Il a fait tomber le Taureau de Manacor sur terre battue pour la première fois de sa carrière, qui plus est en deux sets (7-5, 6-4), après neuf tentatives infructueuses. L’Espagnol reste n°1 mondial et le Serbe son dauphin, mais celui-ci est bien l’homme en forme.
Djoko est expéditif pour son entrée en lice : 6-0, 6-3 contre Lukasz Kubot. En quart de finale, Robin Soderling inscrira lui aussi trois jeux (6-3, 6-0). Entre temps, Stan Wawrinka en a glané deux de plus (6-4, 6-1). De son côté, Murray fait aussi dans les sets à sens unique… mais ce n’est pas toujours le sien. Le 4e joueur mondial s’impose par exemple 1-6, 6-1, 6-1 face à Florian Mayer, pour rejoindre le dernier carré, où il devra faire preuve de plus de consistance et de constance, ne serait-ce que pour exister.
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Novak Djokovic, ici lors de son match face à Lukasz Kubot, regarde vers le haut, où se situent les 42 succès inauguraux de John McEnroe

Crédit: Getty Images

Quatre smashes pour conclure un point

Le début de match ne va pas conforter Andy Murray dans sa capacité à le faire. Novak Djokovic commence par un jeu blanc suivi d’un break. Il a notamment gagné un point de 26 coups grâce à une amortie soyeuse qui a fait frémir le Foro Italico. Mais pour un grand match, il faut deux acteurs à la hauteur, susceptibles de se regarder droit dans les yeux. Et les spectateurs italiens peuvent alors se demander s’ils en auront pour leur argent, surtout qu’en finale du dernier Open d’Australie, le duel entre les deux protagonistes a tourné court (victoire de Djoko en trois sets).
Le bras de fer du troisième jeu a de quoi les rassurer. Murray annihile son service de retard à l’issue d’un combat de près d’un quart d’heure. Le Djoker ne mène ainsi que 2-1 après 24 minutes. Mais il va passer la surmultipliée, à partir d’un break blanc. 18 minutes plus tard, il a déjà le premier set en poche (6-1). Son adversaire écossais est dans l’impasse, face à un mur. Comme en témoigne un point qu’il a paradoxalement remporté… mais au prix de quatre smashes.
Parler d’un Big Four à la tête du tennis mondial est à la mode. Mais Andy Murray, aucun grand chelem au palmarès, fait encore figure d’intrus face à Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer. Il a déjà fait ses preuves contre eux, notamment au meilleur des trois sets. De plus, il a récemment poussé "Rafa" en troisième manche à Monte-Carlo. Mais le Britannique n’est tout de même pas sur sa surface de prédiction. Il concourt seulement pour une première finale sur terre battue. Alors que Djoko a déjà triomphé à Rome, trois ans auparavant. Pourtant, il ne va pas s’écrouler après la perte du premier set. Au contraire.

Djokovic, usé et frustré

Murray se met à très bien servir lors de la deuxième manche, claquant notamment quatre de ses six aces de la partie, alors qu’il n’en avait dégainé aucun lors du set initial. Cela lui permet de faire la course en tête jusqu’à 3-2. Plus de doute : il y a match entre les deux as du jeu en cadence. Surtout que l’Ecossais fait le break sur un coup droit trop long d’un Djokovic qui reste humain. Bandé sous le genou gauche, le Serbe se dira usé par son immense série, à l’issue de son succès : "Ce n’est pas un secret que cela commence à me ‘rattraper’, physiquement."
L’outsider confirme son break pour mener 5-2. Il a, au passage, gagné un rallye monumental de 33 coups à l’issue d’une amortie bien sentie. Le favori, quant à lui, exprime sa frustration, après avoir manqué l’occasion de débreaker, sur une faute directe. La tension monte à Rome et le public se prend au jeu. Djoko sauve deux balles de set sur son service, mais Murray conclut sur le sien, d’un puissant revers croisé : 6-3. Il s’offre le droit de disputer une troisième manche. Elle sera épique.
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Il avait fallu 3h02 au monolithique Djokovic de 2011 pour terrasser Murray

Un dernier set d’1h24

Novak Djokovic frappe le premier dans le set décisif. Il breake lors du quatrième jeu. La nervosité a changé de camp : c’est au tour d’Andy Murray de s’invectiver. Mais l’Ecossais va y puiser de l’énergie. A 30-30 sur le service du Djoker, il enchaîne deux retours gagnants sur seconde balle. Un en revers, un en coup droit. L’ambiance monte encore d’un cran, en même temps que le niveau de jeu de l’Ecossais, qui recolle à 3-3 dans la foulée.
Un échange de breaks plus tard, les deux hommes se rendent coup pour coup à 4-4, dans un jeu que Murray espère alors charnière. Il en sort vainqueur sur sa deuxième opportunité de subtiliser le service de son adversaire, qui a craqué du fond du court. Le métronome Djokovic est enrayé. Il vient de perdre trois fois de suite son engagement et est à un jeu de voir sa série de victoires en 2011 s’arrêter à 35.
C’est évidemment une superbe série (…) Je me suis déçu, parce que j’aurais dû y mettre fin ce soir
Murray sert pour le match. Pour une première finale sur l’ocre. Pour briser l’élan majestueux de son rival générationnel (ils ont le même âge, à sept jours près). Cela fait beaucoup. Trop pour lui ce soir-là. Djokovic n’est pas malheureux lorsqu’il remporte le deuxième échange pour revenir à hauteur, grâce à un revers qui a heurté la bande du filet avant que la balle ne retombe du côté souhaité par le Serbe. Mais c’est bien sur une double faute de l’Ecossais, la deuxième du jeu, qu’il obtient le débreak : 5-5, puis 6-6. Le dénouement s’écrira lors d’un tie-break.
"C’est évidemment une superbe série", commentera Murray après son échec, au sujet du bilan annuel immaculé de Djokovic. Conscient que celui-ci n’a tenu qu’à un fil et qu’il avait ce fil en main : "Je me suis déçu, parce que j’aurais dû y mettre fin ce soir." Il aurait pu le faire, même après cette opportunité manquée. Le Djoker n’avait pas l’allure d’un être invincible à l’entame du jeu décisif final, quelques secondes après avoir chuté et feint de casser sa raquette de rage.
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La chute de Novak Djokovic... elle ne l'empêchera pas de survoler le tie-break

Crédit: Getty Images

Mais dès le premier (et le plus long) point de ce tie-break, Murray rate une volée dans ses cordes. "Nole" hurle de soulagement. Il ne relâchera pas l’étreinte et survolera le money-time (7-2) pour s’imposer 6-1, 3-6, 7-6 en 3h02 de jeu. La dernière manche, à elle seule, a duré 1h24. Djokovic est au sommet de son art, cette victoire si difficilement glanée en est une illustration différente des précédentes. Mais pas moins significatives. "J’ai joué mon meilleur tennis contre le meilleur joueur du monde en ce moment", résumera Murray.

Federer réussira là où Murray avait échoué

Au lendemain de ce succès, Novak Djokovic prouvera que ce statut virtuel de "meilleur joueur du monde" n’est pas usurpé en battant Rafael Nadal en finale (6-4, 6-4), et ce alors que l’Espagnol avait eu plus de temps de récupération après sa victoire face à Richard Gasquet (7-5, 6-1). Quelques semaines plus tard, à Wimbledon, la passation de pouvoir sera effective au classement ATP, Djokovic s’asseyant pour la première fois sur le trône. Mais il n’en est pas encore là.
Le Serbe quitte Rome avec 7 tournois et 37 victoires en poche en 2011. A seulement cinq pas des 42 succès inauguraux de John McEnroe en 1984, et dans la peau d’un favori des Internationaux de France. Mais à Roland-Garros, Roger Federer le stoppera en demi-finale (7-6, 6-3, 3-6, 7-6), arrêtant son compteur à 41, Novak Djokovic ayant bénéficié d’un forfait pour atteindre le dernier carré. Il devra patienter cinq ans avant d’étreindre la Coupe des Mousquetaires. Le record de McEnroe, lui, tient toujours.
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Roger Federer met un terme à la série de Novak Djokovic, lors de Roland-Garros 2011

Crédit: AFP

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