Youzhny est en mission

US OPEN - Demi-finales

A 20 ans, Mikhail Youzhny flottait au-dessus de Paris, auréolé de gloire et soulevé dans les airs du Palais Omnisport de Paris-Bercy par Marat Safin et Evegueny Kafelnikov. Mené deux sets à zéro par Paul-Henri Mathieu, il avait réussi l'exploit de vaincre le Français en cinq sets et d'apporter le point décisif à son pays, en finale de Coupe Davis.

Depuis cette première victoire historique de la Russie, Youzhny n'avait plus fait parler de lui. Des résultats encourageants mais aucun exploit, un statut d'espoir jamais confirmé et lourd à porter.

Quand Nikolay Davydenko accumule les titres et entre discrètement dans le Top 10 en 2005, Mikhail plafonne à la 15e place mondiale (le 10 janvier 2005) avant de retomber à la 54e position. Pire, en Grand Chelem, il ne dépasse pas les huitièmes de finale. A l'heure de retrouver l'Amérique en demi-finale de la Coupe Davis, le petit Youzhny est devenu grand d'un seul coup, en dix jours, le temps d'un parcours fantastique à l'US Open. Le déclic tant attendu...

"Je savais que la chance me sourirait un jour. J'ai fait preuve de patience et ça a fini par payer, a ajouté le joueur moscovite, dont le physique et l'allure font penser à un G.I. ou un jeune gradé de l'Armée Rouge. A Flushing Meadows cette année, le Russe impose sa loi martiale aux fortes têtes du tableau. A son actif, une victoire sur le Slovaque Dominik Hrbaty (N.19) au premier tour. Il a ensuite décimé l'Armada espagnole : David Ferrer (N.11) au 3e tour, Tommy Robredo (N.6) en huitièmes de finale et surtout Rafael Nadal (N.2) en quarts de finale.

"C'est le meilleur match de ma carrière, a assuré le Russe au sortir de sa victoire sur le double vainqueur de Roland-Garros. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis en demi-finale. Toute l'année, j'ai peiné pour revenir en forme ." Youzhny, dont le dernier triomphe sur un membre du Top 10 remontait à novembre 2004 (victoire au deuxième tour à Bercy sur l'Anglais Tim Henman à l'époque 8e mondial) n'arrivait pas à retrouver ses sensations.

Le voilà en demi-finale d'un Grand Chelem, prêt à affronter Andy Roddick. Son tennis dense s'appuie sur un revers à une main puissant et un orgueil réanimé par ses récentes performances. A New York, Mikhail est d'ailleurs en mission. Son salut militaire en fin de partie jettera-t-il un froid après sa rencontre face à Roddick ?

"Je voulais trouver quelque chose de sympa, sourit-il en évoquant ce geste effectué à la fin des matches. Je ne pouvais pas envoyer des baisers à la Agassi. Je ne pouvais pas non plus faire une salutation à la Srichaphan. J'ai donc trouvé ce salut militaire. Ça fait très russe."

A SAVOIR : Non seulement "Misha" brille en simple, mais il vient de réussir un exploit en double également. Avec le Tchèque Friedl, il a battu au 3e tour du tournoi de double la paire N.1 du tournoi : les frères Bryan (en trois sets).