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Le patron, le revenant et les deux jokers

Laurent Vergne

Mis à jour 08/09/2017 à 20:35 GMT+2

US OPEN 2017 – Ce n'est pas une fable de La Fontaine, et il serait bien difficile d'en connaitre la morale. Mais le plateau final du dernier Grand Chelem de l'année peut se résumer ainsi : un numéro un mondial, légitime favori, un ancien vainqueur du tournoi revenu d'on ne sait trop où, et deux joueurs totalement novices à ce niveau de la compétition. Un carré d'as pour le moins hétérogène.

Rafael Nadal of Spain celebrates defeating Andrey Rublev of Russia.

Crédit: Eurosport

Rafael Nadal

  • Son parcours
. Temps passé sur le court : 11h41
. Sets perdus : 2
. Classement moyen de ses adversaires : 71e
. Breaks réussis : 31
. Breaks concédés : 6
. Coups gagnants : 156
. Fautes directes : 126
  • La stat : 76,1%
Son pourcentage de victoire face à ses trois derniers rivaux dans la course au titre. 4-0 contre Kevin Anderson et Pablo Carreno Busta et 8-5 face à Juan Martin Del Potro. Il est le seul à posséder un bilan positif face aux trois autres.
  • Pourquoi il peut y croire
D'abord parce qu'il est débarrassé de ses principaux contradicteurs habituels, à commencer par Roger Federer, dont il faut rappeler qu'il a été le seul à lui barrer la route en début d'année dans les principaux tournois sur surface rapide, à Melbourne, Indian Wells ou Miami. Ensuite parce qu'il arrive plutôt frais en demi-finale.
Enfin parce qu'il semble monter en puissance. Sa première semaine avait peu convaincu, mais il a complètement déroulé lors de ses deux derniers matches. Il arrive dans des conditions idéales aux portes de la finale. Assuré de rester numéro un mondial, et ayant déjà renoué avec un titre en Grand Chelem cette année, il peut envisager cette dernière ligne droite comme un formidable bonus. Un luxe.
  • La question : Nadal est-il le vraiment grandissime favori ?
Il est en tout cas l'homme à battre. Redevenu numéro un mondial, unique rescapé du Top 15 dans ce dernier carré, il y a sur le papier lui et les autres. Il n'en reste pas moins paradoxal de voir Nadal en favori principal pour le titre alors qu'il n'a plus gagné un grand tournoi sur dur depuis des lustres et que son été n'a pas franchement été celui d'un triomphateur en puissance de l'US Open. Mais Flushing aime manier les paradoxes, cette année...
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Rafael Nadal à Flushing

Crédit: Getty Images

Juan Martin Del Potro

  • Son parcours
. Temps passé sur le court : 9h30
. Sets perdus : 3
. Classement moyen de ses adversaires : 53e
. Breaks réussis : 25
. Breaks concédés : 10
. Coups gagnants : 189
. Fautes directes : 172
  • La stat : 4
C'est assez incroyable, même si cela s'explique évidemment en partie par ses nombreuses absences pour cause de blessures, mais Juan Martin Del Potro ne va disputer vendredi que sa quatrième demi-finale de Grand Chelem. Pour un ancien vainqueur de l'US Open et pour un joueur de son calibre, c'est tout de même peu. Moins, par exemple, qu'un Tomas Berdych (7) ou un Jo-Wilfried Tsonga (6) qui n'ont, eux, jamais triomphé en Grand Chelem. Depuis son sacre à New York en 2009, Del Po n'avait d'ailleurs été présent qu'une seule fois dans le dernier carré, à Wimbledon en 2013.
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Juan Martin Del Potro

Crédit: Getty Images

  • Pourquoi il peut y croire
Parce qu'il est Juan Martin Del Potro. En dépit de la maigreur de son palmarès depuis le coup de tonnerre de l'US Open 2009 (12 titres certes, mais une majorité de 250 et aucun Masters 1000 sur son CV), l'Argentin a la carte de membre du club des grands champions.
Il a le jeu et plus encore le cœur et la caboche d'un authentique cador. Il ne s'aventure pas en terrain inconnu comme Anderson ou Carreno Busta. Vainqueur de Thiem puis Federer, il confirme que son classement actuel (28e) ne reflète en rien son véritable potentiel.
Et puis New York, c'est son truc. Même au-delà de son titre, il a déjà atteint cinq fois les quarts de finale, soit autant que sur les trois autres tournois du Grand Chelem réunis. Il est chez lui, ici, et semble se transcender dans l'atmosphère folle et parfois brûlante de Flushing.
  • La question : Bluffe-t-il à propos de son état physique ?
Fiévreux lors de son huitième de finale contre Dominic Thiem, au cours duquel il a été au bord de l'abandon, JMDP est apparu plus fringant contre Federer mais lors de sa conférence de presse d'après-match, l'Argentin a confié qu'il ne se sentait pas en pleine possession de ses moyens physiques. Reste à savoir ce qu'il met derrière ces mots et dans quelles proportions il se sent diminué. Face à Federer, cela ne s'est pas vraiment senti, mais le combat sera autrement plus physique contre Nadal et cela pourrait s'avérer problématique pour la Tour de Tandil.
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Del Potro n'en finit plus de planer : les temps forts de sa victoire face à Federer

Pablo Carreno Busta

  • Son parcours
. Temps passé sur le court : 8h37
. Sets perdus : 0
. Classement moyen de ses adversaires : 122e
. Breaks réussis : 25
. Breaks concédés : 9
. Coups gagnants : 91
. Fautes directes : 73
  • La stat : 0
Pablo Carreno Busta n'a encore jamais battu aucun des trois autres demi-finalistes. Il n'a jamais joué Del Potro, mais s'est incliné lors de ses deux duels face à Kevin Anderson, qu'il affronte vendredi soir pour une place en finale, et quatre fois sur quatre contre Rafael Nadal.
  • Pourquoi il peut y croire
L'Espagnol n'a jamais aussi bien joué que cette saison et peut-être qu'au cours de cette quinzaine. On le sent confiant, constant, solide. A Roland-Garros, son accession aux quarts de finale avait eu valeur de consécration. Cette fois, il parait plus ambitieux. Pas flashy, mais efficace, il n'a pas de gros point faible dans son jeu et la surface plutôt lente de l'avis des joueurs cette année à Flushing Meadows ne le dessert pas vraiment.
  • La question : A-t-il vraiment l'étoffe d'un vainqueur en Grand Chelem ?
Jusqu'à ce qu'il nous démontre le contraire, on serait tenté de répondre non. Pablo Carreno Busta vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem. Tout le monde a un peu de mal à se convaincre que cette phrase puisse devenir réalité d'ici la fin du week-end. Quatre qualifiés aux quatre premiers tours, Diego Schwartzman en quarts, l'Asturien a été béni des dieux dans ce tournoi. "J'ai eu un bon tableau mais encore faut-il en tirer avantage", dit-il comme pour se défendre.
Il l'a fait, et remarquablement, mais si l'histoire du Grand Chelem est parsemée de sacres inattendus, celui de Carreno Busta aurait quelque chose d'extravagant. Parce qu'il a déjà 26 ans, qu'il n'était même pas dans les 100 premiers mondiaux à 22 ans, qu'il n'avait jamais atteint la seconde semaine dans un Majeur avant Roland-Garros au printemps dernier, le voir soulever le trophée dimanche constituerait une des plus grandes surprises de l'histoire. Mais après tout, s'il y a bien une quinzaine susceptible de se finir comme ça, c'est celle-ci, non ?
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Pablo Carreño Busta

Crédit: Eurosport

Kevin Anderson

  • Son parcours
. Temps passé sur le court : 8h54
. Sets perdus : 2
. Classement moyen de ses adversaires : 182e
. Breaks réussis : 19
. Breaks concédés : 3
. Coups gagnants : 210
. Fautes directes : 149
  • La stat : 83
Le pourcentage de points gagnés par Kevin Anderson derrière sa première balle de service lors de ses cinq premiers matches. Il n'a d'ailleurs concédé que 18 balles de break depuis le début du tournoi, pour trois jeux de service perdus. Contester sa mise en jeu reste une gageure.
  • Pourquoi il peut y croire
Parce qu'il a le jeu, plus que Carreno Busta, pour enquiquiner Del Potro ou Nadal. S'il parvient à se qualifier pour la finale, le Sud-Africain aura donc sans doute davantage d'arguments à opposer à l'Argentin ou à l'Espagnol. Il est sur une excellente dynamique après avoir gagné 15 de ses 19 derniers matches cet été et il dégage une forme de sérénité que l'on trouve souvent chez les joueurs revenus de loin après des mois de blessure. Pas de points à défendre au classement, pas d'attentes exorbitantes. Anderson est en mode "tout ce qui vient est du bonus".
Enfin, il a l'habitude des gros matches dans les grands tournois. Sa victoire en cinq sets contre Murray à New York en 2015, son combat (perdu celui-ci) contre Djokovic à Wimbledon un peu plus tôt… tout cela lui confère un vécu appréciable, même si, pour lui aussi, le dernier carré constitue une découverte.
  • La question : Peut-il rester dans le même état d'esprit ?
Sam Querrey a souligné après sa défaite contre Kevin Anderson à quel point le Sud-Africain jouait "relâché" et de façon "hyper agressive". Ces deux éléments forment le cocktail explosif du Sud-Africain. Celui qui l'a porté jusqu'en demi-finales. Toute la difficulté pour lui sera de conserver cette combinaison gagnante dans le contexte forcément plus tendu d'une demi-finale, et a fortiori d'une finale de Grand Chelem s'il la joue dimanche. Si tel est le cas, Big Ando pourrait vraiment faire du grabuge ce week-end.
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Querrey - Anderson : Les temps forts

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