Maria Sharapova : "Il y a encore deux semaines, je ne savais pas si je pourrais jouer"

Les Américains se sont régalés. Sevré pendant trois ans de Maria Sharapova, le public new-yorkais s'est délecté du retour de la Tsarine sur le court Arthur-Ashe ce lundi. Applaudissements nourris, chauds encouragements et explosion de joie sur sa balle de match : la Russe a été gâtée. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Ecartée pendant 15 mois pour dopage, la 146e mondiale n'est pas odeur de sainteté partout où elle passe. Mais à Flushing, où elle a été invitée à jouer, c'est visiblement une autre histoire.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas disputé ce tournoi, a déclaré émue la Russe vainqueur de Simona Halep au 1er tour (6-4, 4-6, 6-3). Dès que je suis revenue, je me suis rendue compte de tout ce que ce tournoi représentait pour moi. Depuis que je sais que j'ai une wild-card, je suis très impatiente de jouer ici. Moi et mon équipe, on a traversé beaucoup de choses ensemble, c'était très fort de vivre ce moment avec eux. Cette victoire n'est pas anodine, le niveau de jeu que j'ai atteint non plus."

Pour Simona Halep, qui a subi la tornade de plein fouet, il n'y avait pas photo. "Maria était vraiment forte : elle renvoyait tout, elle frappait fort, elle a réussi quelques très beaux coups. Moi, je restais loin de la balle. Je suis triste bien sûr d'avoir perdu ce match, mais j'ai donné tout ce que j'avais, elle était simplement meilleure que moi, elle servait bien alors que mon service n'était pas bien en place".

Avec 60 coups gagnants mais aussi 64 fautes directes, la Russe n'a pas ménagé ses efforts. Pourtant, à bien l'écouter, il a fallu lui attendre le dernier moment pour confirmer sa présence. "C'est une grande victoire, mais je n'oublie pas qu'il y a encore deux semaines, je ne savais pas si je pourrais jouer. Le 12 août dernier, quand j'ai eu les résultats d'un IRM (au bras gauche, NDLR) a été une journée triste. J'ai dû rentrer à New York pour prendre l'avis d'un autre spécialiste, je pensais alors que je ne disputerai pas ce tournoi. Repenser à tout cela et voir où j'en suis aujourd'hui, c'est simplement vraiment incroyable".

En plus de quelques nuages au-dessus de sa tête, cette victoire a le mérite de dégager aussi sa partie de tableau, où elle a donc pris place tout en bas. Avec Johanna Konta sortie aussi dès le premier tour, c'est désormais Dominika Cibulkova, 10e mondiale, la joueuse la mieux classée de son quart de tableau. "Je n'ai pas joué beaucoup ces derniers temps, je suis sans doute la joueuse du tableau qui a le moins joué. Malgré tout, j'ai pris ma chance, j'ai bien joué et j'ai éliminé la N.2 mondiale. Je vais savourer ça un petit peu avant de repartir."

Encore suspendue à Melbourne, barrée à Roland-Garros, blessée à Wimbledon, Sharapova a traîné sa peine toute la saison, et celle-ci s'est un peu envolée avec la ferveur américaine manifestée dans la nuit de lundi à mardi. Elle qui n'a plus perdu depuis 18 matches en session de nuit sur le court Arthur-Ashe a réussi son retour. Les organisateurs, eux, ont réussi leur coup en redonnant un peu de lumière à cette ancienne vainqueur en mal de temps de jeu et de reconnaissance : la Russe sera l'une des attractions fortes de la première semaine. Au moins.