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Nadal, la victoire du maitre tacticien

Laurent Vergne

Publié 09/09/2017 à 10:44 GMT+2

US OPEN 2017 - Bousculé en début de rencontre par Juan Martin Del Potro, Rafael Nadal a procédé à un ajustement stratégique qui a vite porté ses fruits. S'il a dominé l'Argentin physiquement, c'est aussi parce qu'il a su sortir d'une filière de jeu trop prévisible. Oui, Nadal est aussi un tacticien hors pair et un champion remarquablement intelligent.

Rafael Nadal a trouvé la clé pour vaincre Juan Martin Del Potro

Crédit: Getty Images

Le jour puis la nuit. L'éclatante lumière puis le noir absolu. Juan Martin Del Potro est passé d'un extrême à l'autre vendredi soir sur le court Arthur-Ashe contre Rafael Nadal. Vainqueur en 50 minutes d'un premier set ébouriffant, l'Argentin a ensuite subi l'implacable loi du numéro un mondial, lequel a plié les trois dernières manches en à peine plus d'une heure et demie, ne lui laissant que cinq jeux sur ces trois sets. Bien sûr, la dimension physique a pesé de tout son poids. Del Potro n'a pas tenu la distance, quand le Majorquin a donné l'impression de pouvoir jouer encore deux ou trois heures de plus au même rythme. Mais il y a autre chose...
Cette autre chose, c'est la faculté d'adaptation d'un Nadal suffisamment lucide pour se rendre compte qu'il faisait fausse route. "Je ne jouais pas mal du tout dans le premier set, mais je me trompais dans ma façon de jouer", a expliqué Rafa. De son propre aveu, au cours de ce début de match, il a été "trop prévisible". "Juan Martin m'attendait côté revers, décrypte le natif de Manacor. Il n'avait besoin de couvrir que 60% du terrain. C'était un gros avantage pour lui". De fait, il n'a eu de cesse de pilonner son adversaire sur son coup le plus faible, mais Del Potro, préparé à ce harcèlement, a pu jouer côté revers dans de bonnes conditions tout au long du premier set.

Rafa a joué tellement intelligemment dans ces trois derniers sets

"Bien sûr, je suis rentré sur le court en sachant que je devrais jouer son revers, précise Nadal, mais du coup, j'ai complètement oublié de varier et de jouer aussi sur son coup droit. Encore une fois, il fallait que je sois moins prévisible. A la fin du premier set, j'ai décidé de changer de tactique." Et c'est là que les problèmes de Del Potro ont commencé. "J'ai davantage alterné, insiste le numéro un mondial. J'ai joué long de ligne sur son coup droit et du coup, il a eu du mal parce qu'il ne savait plus où il devait aller. Et quand je revenais sur son revers, il était en position beaucoup moins favorable pour le frapper qu'au premier set, où il savait qu'il avait juste à m'attendre."
Contraint de produire plus d'efforts, sorti de cette zone de confort, le tombeur de Roger Federer a effectivement peiné à compter de ce revirement tactique. C'est bien parce que Nadal a su s'adapter au plan stratégique que le colosse de Tandil en a bavé physiquement, en étant dans l'obligation de couvrir davantage de terrain. Aurait-il fini par coincer puis exploser ? Sans doute, au vu des efforts consentis lors de ses deux matches précédents et de sa faible autonomie. Mais ce coup de force tactique de Nadal a accéléré le processus et l'a amplifié de manière significative.
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Vous voulez une idée du niveau de jeu entre Nadal et Del Potro ? Regardez ce point

La subtilité n'a d'ailleurs pas échappé à Juan Martin Del Potro. Passé en conférence de presse avant son bourreau, il a insisté lui aussi sur l'aspect tactique des choses. "Rafa a joué tellement intelligemment dans ces trois derniers sets, a-t-il jugé. En début de match, je suis resté planté sur mon côté gauche parce que je savais qu'il jouerait 80% du temps sur mon revers. Mais quand il a commencé à aller long de ligne, il a gagné le point…" Le point faible de l'Argentin était évidemment côté revers, mais Nadal, un set durant, s'y est mal pris pour exposer cette aspérité du jeu de son adversaire.

Calme + confiance = lucidité

Sa grande force restera donc d'avoir fait montre de lucidité quand il en était encore temps. "Après avoir perdu le premier set, je me suis dit 'si tu continues comme ça, tu vas vite en perdre un autre', avoue l'Espagnol. J'ai changé les choses, et ça a marché, parce que je suis en confiance et que j'arrive à prendre les bonnes décisions en ce moment." Quand il a trouvé le bon mode de fonctionnement, il n'y a effectivement plus eu photo. "Je n'ai pas la confiance nécessaire pour bien jouer côté revers pendant quatre sets, regrette le vainqueur de l'édition 2009. Rafa a le jeu parfait pour me battre, et pour gagner ce tournoi."
Rafael Nadal, lui, ne boude pas son plaisir. Il le sait, c'est là son match référence non seulement du tournoi, mais aussi de son été nord-américain. "Mon début de saison et surtout la saison sur terre battue m'ont permis d'être beaucoup plus calme, d'avoir plus de confiance", note-t-il. Calme et confiance. Deux atouts maîtres pour ne pas s'affoler même quand le bateau tangue, comme dans ce début de match face à Del Potro. En bon capitaine, Nadal a eu vite fait de trouver les raisons de l'avarie. Et c'est lui qui a fini par noyer son adversaire.
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Lors de leur dernier duel, Del Potro n'avait tenu qu'un set avant d'exploser...

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