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Serena Williams ou la révolution permanente

Laurent Vergne

Mis à jour 06/09/2019 à 07:32 GMT+2

US OPEN - Vous n'avez pas eu le courage de passer une nuit blanche ? Qu'à cela ne tienne, "Good morning Flushing" est là pour vous raconter tout ce qu'il s'est passé en fin de soirée et dans la nuit à New York. Ce vendredi matin, place évidemment aux demi-finales dames, marquées par la nouvelle démonstration de Serena Williams, toujours aussi en accord, voire en avance, avec son temps.

Serena Williams

Crédit: Eurosport

L'histoire du jour

Il y a tout juste vingt ans, Serena Williams disputait sa première finale de Grand Chelem. C'était ici, déjà, à New York. Face à Martina Hingis. Un match formidable d'intensité, remporté en deux sets mais après un combat acharné (6-3, 7-6). A l'époque, ressortait de cette finale le sentiment plus que diffus d'avoir assisté dans ce dernier match féminin de Grand Chelem avant le basculement vers l'an 2000, à la confrontation entre un tennis magnifique mais hérité du passé, et celui du XXIe siècle.
Hingis, joueuse sublime, s'inscrivait, pour schématiser, dans la lignée d'une Chris Evert, avec sa science de la géométrie du court. La Suissesse avait elle-même déclenché sa propre révolution en prenant le pouvoir sur le tennis féminin à seulement 16 ans, avant un Petit Chelem à 17. La logique eut voulu qu'elle domine durablement. Mais, à son tour, Hingis allait être emportée par un vent nouveau d'une amplitude et d'une force bien plus importantes encore. Face à elle, Serena déployait déjà une puissance ahurissante pour son âge. Elle n'avait pas 18 ans.
Deux décennies plus tard, alors que la cadette des Williams approche gentiment (plus que dangereusement) de la quarantaine, la même impression demeure : elle pratique un autre tennis que bien des joueurs pourtant sur les cimes du circuit WTA. Elina Svitolina, vingt ans après Hingis, est apparue plus impuissante encore. Dépassée. Le même décalage de puissance. La même absence de solutions. Svitolina s'est battue avec ses armes, mais, tout au long de cette demi-finale, la joueuse en avance sur son temps venait paradoxalement du siècle précédent, avec son tennis du futur.
Quand l'Américaine est en mesure de s'exprimer pleinement au plan physique, elle continue de poser un problème insoluble à l'immense majorité des joueuses du circuit. Non, elle n'est plus numéro un mondiale et ne le sera probablement plus jamais. Oui, elle a été dominée lors de ses trois dernières finales majeures par trois joueuses différentes. Mais c'est à se demander si son jeu tombera un jour en désuétude. Il faudra, avant cela, bien d'autres révolutions, que personne n'a encore pu entamer. Des joueuses peuvent la dominer, mais sans jamais donner l'impression que son tennis s'est empoussiéré. Comme si elle avait toujours un temps d'avance. Serena, c'est la révolution permanente.

J'ai aimé

Le parfait compromis entre passion et sérénité trouvée par Serena Williams depuis quelques matches et particulièrement dans cette demi-finale. De l'aveu même de Patrick Mouratoglou, en début de tournoi, elle n'avait pas trouvé la bonne distance émotionnelle. "Un déclic s'est produit depuis le 2e tour, avait confié le coach français à Eurosport mardi. "Elle n'était pas contente de son 2e tour (contre la jeune McNally) et moi non plus, pas tant pour le niveau de jeu que pour sa grande nervosité". Jeudi, à l'exception d'une petite crispation en tout début de rencontre, elle a été d'une totale maîtrise. Interrogée après sa victoire contre Svitolina sur ce qu'elle a retenu de ses trois défaites en finales de Grand Chelem, Serena a répondu : "rester relax !" Tout est là.
Les certitudes de Bianca Andreescu. Je ne sais pas si c'est l'insousciance de la jeunesse, ou la confiance monumentale née des six derniers mois (peut-être un peu de tout ça), mais Bianca Andreescu a oublié comment perdre un match de tennis. La Canadienne est déjà une formidable joueuse avec déjà plus de variété dans son tennis que 90% du circuit WTA, mais ce qui épate vraiment, c'est sa force de caractère. Quelle solidité pour ne pas lâcher son service dans le premier set et plus encore pour revenir de nulle part dans le second.

Je n'ai pas aimé

Voir le court Arthur-Ashe à moitié vide pour assister à la qualification de Bianca Andreescu. Cette seconde demi-finale méritait mieux mais, une fois le Serena show terminé, le stade s'est vidé et a eu bien du mal à se remplir à nouveau. Cela n'a certainement pas gâché le plaisir de la Canadienne, mais ça n'en reste pas moins regrettable.
Ce n'est pas l'unique raison de sa déroute, mais Elina Svitolina a été beaucoup, beaucoup trop faible au service jeudi soir. Ce fut la principale différence entre les deux joueuses. La stat qui tue et ne trompe pas : Serena Williams a gagné plus de points derrière sa seconde balle (60%) que Svitolina sur sa première (59%). Au total, l'Ukrainienne n'a gagné que la moitié des points disputés sur sa mise en jeu sur l'ensemble du match. Rédhibitoire, à ce niveau.
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Elina Svitolina

Crédit: Getty Images

Juste pour savoir

Serena Williams va vraiment avoir 38 ans ? Son jeu et sa passion ne disent pas ça...
Au fond, ce Williams - Andreescu, c'était sans doute la finale idéale, non ?
Au vu du dernier carré, votre finale idéale chez les hommes, ce serait...

3 stats à avoir en tête

Serena Williams s'est qualifiée jeudi soir pour la 10e finale de sa carrière à l'US Open. Elle devient ainsi la première joueuse depuis le début de l'ère Open à s'être qualifiée pour au moins 10 finales dans deux tournois du Grand Chelem : 11 à Wimbledon et donc 10 à New York.
Bianca Andreescu n'était pas née lorsque Serena Williams disputait et remportait sa première finale en Grand Chelem (US Open 1999) : 18 ans et 264 jours séparent les deux finalistes de cet US Open. Jamais un tel écart n'avait été constaté entre les deux finalistes d'une finale du Grand Chelem. Le précédent record était détenu par la finale de l'US Open 1991 entre Monica Seles et Martina Navratilova (17 ans et 45 jours).
Qualifiée pour la finale de l'US Open, et assurée de figurer dans le top 10 mondial, Bianca Andreescu n'était pourtant que 208e mondiale la saison passée. Depuis le début des années 80, jamais une joueuse ne s'était qualifiée en finale à Flushing en étant aussi mal classée un an auparavant, à l'exception de Kim Clijsters. Mais si la Belge n'était pas classée un an avant sa finale en 2009 parce qu'elle avait mis sa carrière entre parenthèses, elle lle avait été N°1 mondiale par le passé.
Avec Jeu, Set et Maths
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Bianca Andreescu

Crédit: Getty Images

Le quiz du jour

La réponse au quiz d'hier : Il fallait compléter la liste composée de tous les adversaires de Rafael Nadal en quarts de finale de l'US Open, dans l'ordre chronologique. Il manquait donc Fernando Gonzalez et Diego Schwartzman.
Aujourd'hui, il s'agit de retrouver une finale masculine de l'US Open, à travers ces différents indices :
. Première
. Dernière
. Dernière
. Gazon
. Raclée

Le sondage du jour

Quelle sera l'affiche de la finale messieurs ?
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