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US Open : Novak Djokovic, invincible ou fragile ?

Laurent Vergne

Mis à jour 31/08/2020 à 22:02 GMT+2

US OPEN – Toujours invaincu en 2020 en 23 matches, débarrassé de ses deux rivaux historiques Roger Federer et surtout Rafael Nadal, tenant du titre, Novak Djokovic semble avoir un boulevard devant lui cette année à Flushing Meadows. Pourtant, le numéro un mondial a été bousculé lors du Masters 1000 de Cincinnati. Mais entre le secouer et le faire tomber, il y a une marge...

Novak Djokovic gewinnt das Cincinnati Masters in New York

Crédit: Getty Images

L'US Open n'a pas encore débuté qu'il n'est déjà question que de lui. Ce week-end, à New York, c'est Novak par-ci, Djokovic par-là. Vainqueur sur le court de son 35e Masters 1000 à "Cincinnati", le Serbe a aussi été au centre de l'attention en coulisses avec l'annonce de la création d'une nouvelle association de joueurs dissidente et concurrente de l'ATP. Plus que jamais au cœur de tout, le Djoker a l'occasion d'enfoncer un peu plus le clou de son autorité sur le tennis mondial lors de l'US Open, qui débute ce lundi.
En cas de succès, le numéro un mondial atteindrait la barre des trente victoires consécutives cette saison mais, surtout, talonnerait comme jamais Roger Federer et Rafael Nadal dans la folle course à l'histoire que se livrent les trois géants. Le Suisse totalise 20 titres en Grand Chelem, mais son compteur est bloqué depuis l'Open d'Australie 2018. Rafael Nadal pointe à 19 depuis sa victoire à New York il y a un an. Djokovic, lui, serait à 18 en cas de succès final dans deux semaines sur le court Arthur-Ashe. Un cran derrière Nadal, deux derrière Federer. Jamais il n'aurait été aussi proche de ce record dont, de son propre aveu, il a fait plus qu'un objectif, une vraie obsession.
Or jamais il n'a semblé à ce point favori d'un Majeur, ce qui en dit long vu ses périodes de domination répétées sur le circuit depuis maintenant près d'une décennie. Plus que favori, il apparaît même seul comme jamais. D'abord parce qu'il survole la concurrence. 23 matches en 2020, 23 victoires. Six sur six à l'ATP Cup en janvier (avec des victoires sur Monfils, Shapovalov, Medvedev ou Nadal) puis vainqueur de l'Open d'Australie et à Dubaï, il a prolongé après une pause de quasiment six mois sa série en s'imposant lors du tournoi de Cincinnati. Une bonne raison de voir en lui le grand favori de cet US Open.
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Novak Djokovic (Masters 1000 Cincinnati 2020)

Crédit: Getty Images

"Tout le monde peut gagner"

Facteur aggravant pour le suspense, Djokovic va aborder un tournoi du Grand Chelem sans Rafael Nadal et Roger Federer dans les pattes. Une grande première, tout simplement, pour lui. Quand on sait qu'ils ont remporté à eux trois les treize derniers tournois du Grand Chelem, le calcul est vite fait. Si l'on remonte plus loin, ceux qui, avant le trio majeur, ont triomphé dans un Majeur, sont soit absents (Stan Wawrinka, Juan Martin Del Potro), soit trop loin de leur meilleur niveau pour prétendre à une telle ambition (Andy Murray, Marin Cilic).
La seule possibilité de voir Novak Djokovic privé de son 18e trophée majuscule tient donc à la consécration d'un vainqueur inédit. Mais qui ? La fameuse Next gen ? Medvedev ? Tsitsipas ? Un autre ? La Middle Gen, incarnée par Thiem ? Un trentenaire, Bautista Agut ? Un quasi-trentenaire, Raonic ? Thiem, Tsitsipas et Medvedev sont sans doute les plus proches.
Mais l'Autrichien a disparu d'entrée "à" Cincinnati. Le Russe et le Grec y ont calé en quart et en demie. Ce trio-là n'a parfois pas été loin du gros lot en Grand Chelem mais, l'histoire du Grand Chelem l'a montré des dizaines de fois, entre "pas loin" et "vainqueur", la différence, minime en apparence, est en réalité immense.
Bien sûr, Novak Djokovic le jure, il n'y a pas le Big 3 et les autres, sous-entendu lui et les autres puisque le Big 3, cette année, à New York, c'est lui. "Ce serait vraiment irrespectueux pour tous les autres joueurs de dire que j'ai plus de chances en l'absence de Roger et Rafa, a-t-il insisté la semaine dernière. Thiem, Zverev, Tsitsipas, Medvedev sont aussi forts que nous trois. Tout le monde peut gagner, d'autant plus après six mois sans compétition."
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Une porte de sortie, toujours

Dans ce propos un peu convenu (mais peut-il dire autre chose ?), la dernière partie est la plus intéressante. Parce que la plus vraie. Personne ne peut dire aujourd'hui quel sera l'impact sur cet US Open du quasi-semestre de coupure en raison de la pandémie du Covid-19. Si la chaleur et l'humidité sont durablement au rendez-vous dans la quinzaine, et même sans ce facteur, les organismes vont devoir encaisser la répétition de matches en cinq sets avec un minimum de préparation dans les jambes puisque la compétition n'a repris que lors du M1000 américain. C'est une vraie interrogation.
L'état physique de Novak Djokovic, au sens large, constitue donc la principale hypothèque (la seule ?) dans sa quête d'un 18e Grand Chelem. Lors du Masters 1000 de Cincinnati, entre sa blessure au cou, ses coups de moins bien, sa fatigue, ses maux de ventre, il en a bavé. Contre Roberto Bautista Agut en demi-finale puis face à Milos Raonic en finale, il a même été aux portes de la défaite.
Ce n'est pas la première fois cette année. En finale de l'Open d'Australie contre Thiem ou à Dubaï face à Monfils, il avait aussi été mené, dominé, et avec quelques orteils au-dessus du précipice. Mais à chaque fois, il a trouvé une porte de sortie. Et ce n'est pas un hasard. Face à lui, le dernier set, les derniers jeux, les derniers points, parfois LE dernier point, sont les plus durs à gagner. Il n'y a pas un joueur au monde plus difficile à achever que Novak Djokovic.

Le huis clos, un désavantage ?

Si ces derniers jours ont prouvé une chose, c'est qu'il n'est pas imbattable. Le contexte incertain de cette reprise a permis à plusieurs joueurs de le chahuter. S'il n'est pas à 100% physiquement, le numéro un mondial pourrait souffrir. Reste aussi à voir comment il gèrera le contexte particulier du huis clos. Pour Boris Becker, cela peut jouer contre lui. Non qu'il soit massivement soutenu chaque année par le public new-yorkais, mais pour son ancien entraîneur, le Djoker adore l'atmosphère unique de Flushing :
"Ce sera très bizarre pour tout le monde mais peut-être encore plus pour lui de jouer devant un stade vide. Il se nourrit de ça, il adore jouer devant 25 000 New-Yorkais complètement dingues. Les plus grands joueurs savent utiliser le public à leur avantage, que la foule soit avec ou contre eux, peu importe. A mon avis, ça peut niveler les valeurs."
Pas de Nadal, pas de Federer, pas de public. Pas de doute, c'est vraiment un Grand Chelem pas comme les autres qui attend Novak Djokovic. Pas sûr, toutefois, que tout cela puisse revêtir une importance décisive à l'arrivée. Il n'est peut-être pas invincible, il est peut-être plus fragile qu'en des circonstances plus classiques, mais la finalité conserve des chances raisonnables d'être la même : au bout du compte, c'est lui qui gagne.
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Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

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