US Open 2021 - Du jamais vu depuis 1890 : Le tennis français au fond du gouffre en Grand Chelem

Laurent Vergne

Mis à jour 05/09/2021 à 10:26 GMT+2

US OPEN 2021 – Même si Gaël Monfils, battu en cinq sets après un combat épique dont il a le secret à New York, n'a pas démérité, sa défaite contre Jannik Sinner entérine la catastrophe redoutée : il n'y aura ni Française ni Français en huitièmes de finale de cet US Open. Pas plus qu'il n'y en avait eu dans les trois premiers Majeurs de la saison. Alors, c'est grave docteur ? Oui. Et pas qu'un peu.

Gaël Monfils à l'US Open en 2021

Crédit: Getty Images

Ce n'est pas à proprement parler une surprise. C'était même plutôt attendu. Personne ne prétend donc tomber de l'armoire, mais si l'on commence à s'habituer au constat, il n'en reste pas moins douloureux. Surtout à cette période de l'année, où le bulletin de notes collectif n'est plus seulement celui du tournoi en cours mais de l'ensemble de la saison. Pour le tennis français, il est historiquement mauvais.
Vous trouvez qu'on exagère ? Très bien. Retenez juste cette statistique : c'est la première fois depuis 1890 (vous avez bien lu) qu'aucune joueuse ou joueur tricolore ne parvient à se qualifier pour les huitièmes de finale de l'un des tournois du Grand Chelem. 2021, annus horribilis.
Il y a deux Français dans le Top 30 au classement ATP. Il n'y a pas la moindre Française dans les 50 premières au classement WTA. Difficile dans ces conditions d'attendre des miracles. De bonnes surprises sont toujours possibles (chez les hommes, le dernier Français en huitièmes reste d'ailleurs… Hugo Gaston, à Roland-Garros, à l'automne 2020) mais le niveau d'ensemble est aujourd'hui trop faible pour que les Tricolores puissent peser sur les débats.

Pas une crise conjoncturelle

Pourtant, on pouvait nourrir quelques petits espoirs de présence en seconde semaine à l'US Open, notamment chez les garçons, après l'embellie aperçue chez Gaël Monfils ces dernières, ou avec Ugo Humbert, quart-de-finaliste aux Jeux de Tokyo et vainqueur au début de l'été de son premier ATP 500 à Halle. Mais le premier s'est retrouvé dans un tableau compliqué, avec Jannik Sinner dès le 3e tour, quand le second, à l'inverse, n'a pas su profiter d'un vrai bon coup à jouer. Et il y a de quoi rager quand on voit que son adversaire du premier tour, Peter Gojowczyk, issu des qualifications, est aujourd'hui en huitièmes.
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Du grand spectacle, un quasi-miracle mais la fin de l'aventure pour Monfils

Mais au-delà des éléments conjoncturels des uns et des autres sur tel ou tel Majeur, le problème est structurel. Les leaders pataugent ou sont au bout du rouleau, et la relève peine encore à s'affirmer. Les vieux seraient trop vieux et les jeunes trop jeunes. Tous forment un ensemble fragile, qui n'est pas en mesure de rivaliser avec les meilleurs sur les plus grandes scènes.

Il n'y a pas si longtemps, une quasi-opulence...

C'est d'autant plus dur à avaler qu'il n'y a pas si longtemps, à défaut de grand bleu, les indicateurs étaient loin d'être aussi sombres. Il y a trois ans, presque jour pour jour, Caroline Garcia se hissait à la 4e place mondiale. L'année précédente, Kristina Mladenovic était elle aussi entrée dans le Top 10. Ce sommet en carrière, atteint à 24 ans, augurait d'autre chose que de leur plongée commune ces dernières saisons.
Chez les hommes, en 2016, la France établissait un record avec pas moins de onze joueurs en huitièmes de finale au cumul des quatre grands rendez-vous de la saison. A l'US Open, cette même année, Gaël Monfils était en demi-finales. Lucas Pouille et Jo-Wilfried Tsonga en quarts.
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Garcia débordée par la puissance de Rybakina : Le résumé

Le déclin irréversible de la génération Monfils-Tsonga-Gasquet-Simon (le plus "jeune d'entre eux, Monfils, vient de fêter ses 35 ans) aurait pu être atténué par l'émergence de nouvelles figures, mais à l'image d'un Lucas Pouille, dont la carrière est pourrie depuis deux ans par les blessures alors qu'il avait affiché certaines promesses, notamment en Grand Chelem, la NextGen française a disparu des radars.

Humbert, peut-être...

A court terme, un Ugo Humbert représente une source d'espoir. Parce qu'il n'a encore que 23 ans. Parce qu'il a montré qu'il était capable de produire du tennis de grande qualité, sur surface rapide en tout cas. Parce qu'on ne gagne pas ses trois premières finales sur le circuit sans avoir une certaine force mentale. Parce qu'il est bien installé dans le Top 30 sans gagner un match en Grand Chelem ou presque. S'il se met à passer quelques tours dans les Majeurs, sans parler d'y faire des miracles, il n'y a aucune raison qu'il ne continue pas à grimper dans la hiérarchie.
Mais le tennis français, notamment côté masculin, en a sans doute fini pour quelque temps avec une relative opulence qui, à défaut de lui permettre de trouver un successeur à Yannick Noah, lui a permis de s'assurer une présence quasi-constante au très haut niveau. Il fut un temps, pas si lointain, où certains râlaient devant l'incapacité d'un Tsonga (notamment) d'aller au bout. Aujourd'hui, un simple huitième ferait déjà office de bonne surprise. Les temps changent. Vite, et pas en bien.
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Un petit tour et puis s'en va (déjà) : la défaite de Humbert face à Gojowczyk en images

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