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US Open 2022 - Fils d'une légende et rescapé des qualifications : la belle histoire de Brandon Holt

Laurent Vergne

Mis à jour 27/08/2022 à 21:20 GMT+2

US OPEN – Son nom ne vous dit peut-être rien et on ne vous en voudra pas. Celui de sa mère, en revanche, trouvera un écho supérieur à vos oreilles, pour peu que vous connaissiez l'histoire du tennis. Tracy Austin, plus jeune lauréate de l'US Open, est la maman de Brandon Holt, qui s'est qualifié à 24 ans pour son premier grand tableau dans un tournoi majeur. Il y affrontera Taylor Fritz.

Brandon Holt.

Crédit: Getty Images

Une dernière volée de coup droit proprement claquée et Brandon Holt, au moins aussi soulagé qu'heureux, a pu lever les bras. Après la poignée de main avec son adversaire, Dimitar Kuzmanov, et une autre avec l'arbitre, il est ensuite allé rejoindre sa mère pour une étreinte prolongée. La fin d'un marathon émotionnel puisque, interruptions dues à la pluie comprises, il s'est écoulé six heures entre le premier point et cette balle de match.
C'est une de ces "feel good stories" dont raffole le public américain et c'est vrai que celle histoire-là est de celles qui vous mettent la banane. Parce que Brandon Holt revient de loin et débarque d'un peu nulle part. On se souvient de lui dans le tournoi juniors, il y a déjà six ans, où il ne quittait pas son grand pote Sebastian Korda, de deux ans son cadet. Mais si le cas Brandon Holt fait autant parler à Flushing Meadows ces derniers jours, c'est aussi parce que sa maman est une légende du tennis.
La carrière de Tracy Austin ne ressemble à aucune autre. Plus jeune lauréate de l'histoire de l'US Open à 16 ans, à nouveau titrée à Flushing Meadows deux ans plus tard en 1981 (en battant en finale Chris Evert puis Martina Navratilova), numéro un mondiale entre les deux, elle a dû se retirer, à peine à plus de 20 ans, en raison d'un dos récalcitrant. Une trajectoire météorique mais son record de précocité tient toujours à New York. Depuis, elle ne s'est jamais vraiment éloignée du tennis, notamment en devenant une consultante très prisée par la télévision américaine. Puis elle a vu grandir ses trois fils, dont Brandon, celui du milieu, le seul à avoir tenté de suivre les traces maternelles.

Au-delà de la 900e place en début d'année

A l'âge où Tracy était déjà une retraitée, Brandon, 24 ans, cherche encore à faire son trou sur le circuit ATP. Pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'il a choisi de ne pas sacrifier ses études. A 18 ans, il a intégré la prestigieuse University of South California, fac cotée de Los Angeles. "Je pense que je n'aurais pas été prêt avant de toute façon, expliquait-il cette semaine sur Tennis.com. J'ai un peu de retard sur certains, mais USC a été une expérience formidable et je n'échangerais ça pour rien au monde. J'ai un diplôme sous le coude et j'ai adoré le côté universitaire. Donc je suis vraiment content d'être allé à la fac."
Diplômé en 2020, au beau milieu de la pandémie, il a ensuite connu une grave blessure au poignet qui a totalement gâchée sa saison 2021, celle qui aurait dû marquer ses vrais premiers pas chez les pros. Lorsqu'il revient sur les terrains au mois de janvier 2022, après huit mois d'absence, il pointe au-delà de la 900e place au classement ATP. Puis il a aligné les titres sur le circuit ITF, le troisième étage du tennis masculin, pour grimper doucement dans la hiérarchie. Cette semaine, il avait le matricule 296. Son meilleur classement. Grâce à sa qualification pour le grand tableau de l'US Open, il va titiller, au pire, la 250e place à la mi-septembre.
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Brandon Holt en 2016 lors de l'US Open juniors.

Crédit: Getty Images

Lundi, sur le Grandstand, c'est donc en Grand Chelem qu'il disputera le tout premier match de sa carrière sur le circuit principal. Sacré baptême. Coquetterie du sort, ce sera face à Taylor Fritz. Un compatriote mais surtout un "fils de", lui aussi. Sa mère, Kathy May, n'a certes pas tout à fait le pedigree de celle de Brandon Holt, mais elle a tout de même été membre du Top 10 à la fin des années 70.
Je me revois dans les tribunes, gamin, en sirotant mon Minute Maid limonade
Tracy Austin sera là, dans les tribunes, comme elle l'était lors des qualifications pour le premier "grand" moment de la carrière du fiston. Vendredi, une fois la victoire en poche, elle a enfoui son visage dans ses mains avant de brandir ses deux poings. "Je suis tellement fière de lui, a-t-elle dit au New York Times. On dit que le dernier tour des qualifications est le match le plus difficile qui existe en tennis."
Brandon Holt sait ce qu'il doit à sa mère, conseillère mais pas coach. Il ne l'a pas toujours écoutée. Comme beaucoup d'ados, en bon rebelle, il refusait même d'entendre ce qu'elle lui disait. Les temps ont changé. Son sens aigu de la compétition est sans doute sa plus grande source d'inspiration. "C'est la chose la plus importante que j'ai apprise d'elle, explique le Californien. Elle donne toujours 100%, tous les jours. Que ce soit le tennis ou une simple partie de cartes, elle déteste perdre. Elle est prête à passer de l'autre côté de la table pour t'arracher les tripes. Mais quand c'est fini, elle te fera un gros câlin."
Lundi, ce sera son moment et il a un peu de mal à y croire. Flushing, terre de la légende maternelle, il connaît par cœur. Il en rêvait secrètement. "Je viens ici depuis que je suis bébé, rigole Holt. Tous les ans. Je me revois dans les tribunes, gamin, en sirotant mon Minute Maid limonade. Je regardais les matches et je pensais 'Ce serait tellement cool d'être à leur place un jour. Pendant les qualifications, je regardais les mômes en tribune et je me voyais à travers eux."
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