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US OPEN - Good Morning Flushing : Donnez-nous des Alcaraz-Sinner pendant 15 ans !

Laurent Vergne

Mis à jour 08/09/2022 à 10:00 GMT+2

US OPEN - Carlos Alcaraz, 19 ans, et Jannik Sinner, 21 ans, ont offert cette nuit un monument de match d'ores et déjà ancré dans la légende du tennis. Cinq sets. Cinq heures et quart de jeu. Un scénario totalement fou. Une qualité de jeu jamais démentie. Et un combat sublime. L'Espagnol en est sorti vainqueur en sauvant une balle de match, mais l'essentiel est ailleurs. La relève est assurée.

Good Morning Flushing

Crédit: Eurosport

L'histoire du jour

Dire que certains s'inquiètent pour l'avenir du tennis... Le si fameux Big 3, tellement hors normes, a fait de ce début de XXIe siècle une époque à part. Celle de tous les records. Federer, Nadal et Djokovic (dans l'ordre chronologique, prudente précision, au cas où…) ont monopolisé les débats et l'immense majorité des titres depuis maintenant plus de quinze ans, bientôt vingt pour le premier nommé. Après eux, le déluge ? Le vide abyssal ? La fin du tennis, même ?
Après eux, ce sera différent. Peut-être avec une plus grande volatilité au sommet, une plus juste répartition des richesses. Mais croyez-le ou non, le tennis se remettra de leur départ. Comme il s'est remis du départ de tous les autres. Même à court terme, l'avenir s'annonce bien, car le présent est déjà radieux. S'il fallait une preuve, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner l'ont apportée mercredi soir et jeudi matin. 40 piges à eux deux mais déjà capables de nous offrir ça.
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Un match qui restera dans les annales : les temps forts d'un exceptionnel Alcaraz-Sinner

"Ça", c'est le match de l'année. Un de ces matches dont on reparle dix, vingt ou trente ans plus tard. Il y avait tout dans cette soirée. La qualité de jeu. Allez, en cherchant la petite bête, peut-être le premier set restera-t-il comme le plus "faible". Il ne l'était pas intrinsèquement mais pour ce qui a suivi. La trilogie deuxième-troisième-quatrième manche a constitué le cœur de ce duel bestial, d'une sublime beauté presque sauvage. Là, Alcaraz et Sinner ont atteint des sommets.
Mais il n'y a pas de grand moment de tennis sans grand combat et celui-ci a été immense. Vous lirez ou vous entendrez sûrement que Jannik Sinner a "choké" au moment de conclure. Il s'est tendu, oui, lorsqu'il a servi pour le match dans le quatrième set. Mais il s'était relevé de tant de choses auparavant, et il se relèvera encore dans le cinquième set en débreakant une fois, que considérer qu'il a failli mentalement est non seulement une insulte faite à l'Italien mais aussi au tennis.
Sur cinq sets et plus de cinq heures, ils ont, à tour de rôle, plié, manqué des occasions, commis une faute au mauvais moment. Mais tous deux n'ont eu de cesse de repartir à la baston au milieu du ring alors qu'ils étaient dans les cordes et, croyait-on, sur le point d'aller au tapis. Mais comme il n'y a pas de match nul, il fallait que l'un porte le dernier coup et l'autre cède de façon définitive. Cela ne fait pas du perdant un mouilleur. Et certainement pas Sinner ce "soir".
Ils ont été tous les deux extraordinaires dans le jeu mais plus encore dans le combat. Pas étonnant : Alcaraz et Sinner sont non seulement deux formidables joueurs, mais aussi deux remarquables guerriers. Il faut la combinaison de ces deux facteurs chez les deux joueurs pour déboucher sur un match de ce type. Et c'est ce qui rend si optimiste pour les cinq, dix, peut-être quinze prochaines années.
Ils s'étaient déjà affrontés à trois reprises, mais ce quatrième opus marquera peut-être le véritable début de leur histoire commune, s'ils parviennent à se tailler une part significative du gâteau ces prochaines années. Oui, le tennis va bien, merci pour lui. Des Alcaraz-Sinner, on veut bien en prendre pendant quinze ans, pour les savourer comme nous avons savouré les "Fedal", "Fedovic" et "Djokodal". Gloire à Alcaraz et Sinner, et vive les "Alcanner" !
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Alcaraz : "Je n'arrive pas à croire ce que je viens de faire"

Le point de la nuit

Une inspiration folle. Un symbole parmi beaucoup d'autres pour témoigner de ce que fut ce match.
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Il faut le voir pour le croire : Alcaraz signe le point du tournoi d'une inspiration géniale

On a (aussi) aimé

La façon dont Tiafoe a confirmé. Le match d'après n'est jamais simple à gérer lorsqu'on vient de signer l'exploit d'une vie. Tombeur de Rafael Nadal en huitièmes de finale, Frances Tiafoe, bouffé par l'émotion, avait fini en larmes. Il était légitime de se demander s'il parviendrait à enchaîner face à Andrey Rublev. Il l'a fait, et avec la manière en s'imposant en trois sets (7-6, 7-6, 6-4). C'est tout aussi fort. Rublev n'est pas Nadal, mais tout est une question de contexte. Tiafoe l'a magistralement géré.
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Tiafoe est toujours sur son nuage : le résumé de son quart victorieux contre Rublev en vidéo

Le match très propre de Sabalenka. Peut-être est-ce son statut de miraculée dans cet US Open, mais elle ne cesse de monter en puissance depuis qu'elle a eu un pied et quatre orteils dans la tombe contre Kaia Kanepi au deuxième tour. Face à Karolina Pliskova, la Biélorusse a livré un match solide. Au service, notamment, avec 7 aces contre 3 doubles fautes. Si elle parvient à conserver ce ratio (sur la saison, elle était avant l'US Open à 189 aces pour... 339 doubles). De 8,3 doubles par match en 2022, elle est tombée à 5,6 à New York.
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Malgré le réveil de Pliskova, Sabalenka retrouve les demies : Les temps forts

On n'a pas aimé

Le très décousu Swiatek-Pegula. Drôle de match, pas forcément drôle à regarder. Très nerveuses, Iga Swiatek et Jessica Pegula ont offert un spectacle assez médiocre au public du court Arthur-Ashe. A tel point que, fait peu commun, lors de la traditionnelle interview après la rencontre, la numéro un mondiale s'est excusée auprès du public au micro de Mary Jo Fernandez. Mention spéciale au second set, illisible : douze jeux, dix breaks. Et puis, si les statistiques ne disent jamais tout, celle-ci est tout de même parlante : la Polonaise et l'Américaine ont cumulé 61 fautes directes. Pour 36 coups gagnants. Mais pour Swiatek, l'essentiel est là. Elle est en demi-finales.
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Swiatek : "Désolée si le match était ennuyeux, je me bats avec ces balles volantes depuis le début"

Les limites de Rublev. C'est une image qui a fait mal. Après sa défaite contre Frances Tiafoe, Andrey Rublev est longtemps resté sur sa chaise, lâchant des larmes qui semblaient qualifier autant sa colère que sa tristesse. Colère contre lui-même car ce sixième échec en six quarts de finale de Grand Chelem met à nouveau en relief les limites actuelles du Russe à ce stade de la compétition. Jamais il n'a pu se libérer contre un Tiafoe en transe. Puis il y a la manière. Non seulement Rublev s'est incliné, mais on l'a senti totalement impuissant.

Trois stats à retenir

2,5. Une des raisons pour laquelle Frances Tiafoe est en demi-finales de cet US Open tient certainement à son côté "clutch" dans ce tournoi. L'Américain a joué six tie-breaks en cinq matches. Il les a tous gagnés. Il en a ajouté deux à sa liste mercredi contre Andrey Rublev, dont un survolé : 7-0. C'est la deuxième fois qu'il colle une bulle à son adversaire dans un jeu décisif. Marcos Giron avait subi le même sort au deuxième tour. Sur ces six tie-breaks, Tiafoe n'a concédé que 15 points, soit 2,5 en moyenne. Impressionnant.
21%. Quand on concède sept breaks en deux sets, forcément, les stats au service ne peuvent être brillantes. Mais Jessica Pegula a tout de même fait très fort. Elle n'a remporté que 21% des points derrière sa seconde balle : 6 sur 29. Sur le seul deuxième set, où elle a été breakée à cinq reprises, c'est encore plus catastrophique : 17% (4 sur 23).
2005. Après deux échecs à New York l'an dernier contre Félix Auger-Aliassime et à Roland-Garros au printemps dernier face à Alexander Zverev, Carlos Alcaraz accède donc aux demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem pour la première fois de sa jeune carrière. Si jeune qu'à 19 ans et 4 mois, il est le demi-finaliste le plus précoce d'un des quatre plus grands tournois du monde depuis Rafael Nadal en 2005, à Roland-Garros. On ne veut pas trouver à tout prix des éléments de comparaison entre le Majorquin et son héritier désigné, mais Carlitos ne nous aide pas beaucoup...
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Un point pareil signé après 5h de jeu, c'est possible : l'incroyable joute entre Sinner et Alcaraz

La décla : Aryna Sabalenka

Elle s'est exprimée mercredi soir à propos de l'interdiction faite aux Russes et aux Biélorusses de participer à Wimbledon cet été.
Oui c'était dur. Ça m'a manqué car j'adore ce tournoi et j'y ai de très bons souvenirs. J'en ai profité pour avoir une deuxième intersaison. J'ai énormément travaillé, sur mon service notamment. Mais quand j'étais à la salle de gym et que Wimbledon passait à la télé, je ne pouvais pas regarder. C'est dur, mais ça ma motivé pour la suite de la saison. J'essaie de me dire que je suis juste une sportive. Je n'ai rien à voir avec la politique.

Juste pour savoir...

Nous sommes bien d'accord ? La nuit prochaine, tout le monde debout à 1h du matin pour suivre la demi-finale de Caroline Garcia contre Ons Jabeur.
Quelle affiche pour la finale messieurs ? Ruud ou Khachanov ? Alcaraz ou Tiafoe ?
Iga Swiatek peut-elle vraiment gagner ce tournoi sans hausser significativement son niveau de jeu ?
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Swiatek-Pegula : Les temps forts de leur quart de finale

Le match à ne pas rater jeudi : Jabeur - Garcia

C'est l'heure du grand frisson pour Caroline Garcia. Première demi-finaliste française en Grand Chelem depuis Marion Bartoli à Wimbledon en 2013, la Lyonnaise va découvrir face à Ons Jabeur le dernier carré d'un Majeur. La finale est là, si proche, mais si son parcours a été étincelant depuis le début de la quinzaine (aucun set perdu, jamais plus de quatre jeux cédés dans une manche), c'est sans doute l'obstacle le plus difficile à franchir qui s'avance devant elle. Car Ons Jabeur est une sacrée cliente.
La Tunisienne a encore franchi un cap depuis le dernier Wimbledon Sans être toujours impériale, elle dégage une grande force de conviction. C'est cela, plus encore que sa domination dans les confrontations directes avec Caroline Garcia depuis… les juniors, qui incite à la prudence. Mais elle a aussi mérité qu'on lui fasse confiance, pour ce qu'elle a montré ces dix derniers jours et ces trois derniers mois. Ce sera, en tout cas, un grand moment à vivre. Qu'elle en profite, elle dont le bonheur d'être là et de s'exprimer comme elle a sans doute toujours rêvé de le faire transparaît sur le court.
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Jabeur : "Je suis contente de revoir Caroline de retour à sa place"

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