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US OPEN - Malgré la défaite, pour Serena, c'est l'adieu parfait

Laurent Vergne

Mis à jour 03/09/2022 à 07:02 GMT+2

US OPEN - Serena Williams a perdu. Elle a joué son dernier match à New York et probablement le dernier de sa carrière, même si elle laisse encore planer le doute sur ce point. Il serait pourtant presque dommage de ne pas s'arrêter sur ce formidable duel, même perdu. Car Flushing a vécu un grand moment vendredi soir, entre superbe combat et émotion spontanée. Grâce à Serena. Et à Ajla Tomljanovic.

Good Morning Flushing - Jour 5.

Crédit: Eurosport

L'histoire du jour

Quoi d'autre ? Qui d'autre ? Serena l'unique aura phagocyté l'attention et le "storytelling" de cette première semaine. Après ses deux premières victoires, dont une contre la numéro 2 mondiale Anett Kontaveit, le rêve d'un US Open à la Connors 1991 (demi-finale après un parcours épique) voire à la Sampras 2002 (un titre venu de nulle part avant la retraite) avait commencé à prendre de l'épaisseur.
Tout ceci a pris fin vendredi soir. Serena Williams s'est inclinée contre une formidable Ajla Tomljanovic. Formidable dans le jeu mais aussi dans l'attitude, jusqu'à son absence de célébration après la balle de match. L'élégance personnifiée. Dans l'enfer d'un court Arthur-Ashe déchaîné, l'Australienne a toujours su garder la tête froide. Elle a gagné en trois sets (7-6, 5-7, 6-1), même si elle aurait pu perdre en deux. Elle mérite cette victoire qui, par association, la fait entrer elle aussi dans l'Histoire.
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Larmes pour elle, chair de poule pour nous : le discours de Serena Williams

Voilà pourquoi il faut espérer que Serena ne revienne pas sur sa décision d'arrêter. Elle gardera évidemment sa liberté, comme elle l'a toujours fait. Indomptable, l'Américaine se laissera guider par ses envies de championne et de femme et écoutera son instinct. Après la rencontre, elle a confirmé son désir de passer à autre chose, de profiter de sa famille et en premier lieu de sa fille, tout en ne fermant aucune porte. Une façon d'entretenir un soupçon de doute. C'est surtout sa manière de dire que personne ne lui forcera la main. La maîtresse des horloges, c'est elle.
Mais cette soirée a été si belle, ce match si intense, Serena si grande dans le combat et Ajla Tomljanovic si parfaite dans le rôle du bourreau qu'il sera difficile de faire mieux, ailleurs et plus tard, comme sortie de scène. Williams n'avait pas besoin de gagner cet US Open pour se grandir. Elle l'a fait à travers ses deux victoires ces derniers jours, et plus encore dans cette défaite. Les plus belles fins sont parfois celles qui rendent mélancolique. Cet adieu était beau. Un point final parfait. Inutile d'ajouter un épilogue.
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Un match à la hauteur de sa légende : Williams a quitté New York les armes à la main

Le point de la nuit

Non seulement le point de la nuit, mais aussi la balle de match du tournoi et probablement de l'année. Menacé par Alex de Minaur qui tentait de l'entraîner dans un périlleux cinquième set, Pablo Carreno Busta a réussi à s'en sortir dans le tie-break du quatrième set. A 6-5 en sa faveur, l'Espagnol a fini sur un point d'anthologie, avec une merveille de tweener pour lober l'Australien, qui n'a pu que toucher la balle sans la remettre. Sa raquette n'y a pas résisté.
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Une balle de match de folie : le tweener-lob de Carreno Busta a écoeuré De Minaur

On a aimé

Les certitudes de Caroline Garcia. C'était un premier test et le moins que l'on puisse dire, c'est que la Française a répondu présent. Plus solide que jamais, ultra-agressive, efficace, Caroline Garcia dégouline de confiance et de certitudes, et ça s'est senti face à Bianca Andreescu, tout simplement dépassée par la maestria de la Lyonnaise (6-3, 6-2). La voilà en huitièmes de finale sans avoir perdu un set et, si le chemin est encore très, très, très long, ce qu'elle montre sur le court, depuis trois mois et plus encore depuis une semaine, est digne d'une prétendante au titre.
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Deux services gagnants pour une victoire sans appel : la fin de match parfaite de Garcia

La fin de match de Corentin Moutet. Il est facile de tomber amoureux du jeu de Corentin Moutet. Le personnage, lui, donne parfois presque envie de le maudire. Face à Pedro Cachin, il a été tantôt formidable tantôt agaçant, par sa capacité à se mettre tout seul dans la panade. Mais alors qu'il était mené 4-0, balle de triple break contre lui dans le quatrième set, il a su se calmer et laisse parler sa main pour plier l'affaire. Ce Moutet-là, on l'adore. Un premier huitième en Grand Chelem (face à Casper Ruud) sera sa récompense.
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Moutet - Cachin : Les temps forts

Le sérieux (encore) de Kyrgios. Dans cette journée (et nuit) à la fois folle et historique, la qualification très propre de Nick Kyrgios face à JJ Wolf est passée presque inaperçue. C'est bon signe. Il a trop de talent et plus l'âge de jouer les chauffeurs de salle en première semaine. Son statut l'oblige à regarder plus loin désormais, mais encore faut-il pour cela faire le boulot dans les premiers tours. Vainqueur en trois sets sans fioritures (6-4, 6-2, 6-3) en moins de deux heures, le finaliste de Wimbledon a fait exactement le match qu'il fallait. Et maintenant, que le show commence.
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Une demi-volée de revers pour un passing fabuleux : du Kyrgios pur jus

La baston Ruud-Paul. Dommage que le dernier set ait été à sens unique et c'est peu de le dire (6-0). Il a manqué la cerise sur le gâteau dans ce duel entre Casper Ruud et Tommy Paul, ce dernier étant cuit en partie à cause de ses deux premiers tours en cinq sets, déjà. C'est peut-être ce qui sépare encore le jeune Américain du top niveau. Pour le reste, il y est presque. Quel combat il a livré face au Norvégien pendant quatre manches ! 7-6 Ruud, 7-6 Paul, 7-6 Ruud, 7-5 Paul. Le public du Louis-Armstrong s'est bien amusé. Nous aussi.
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Quatre sets d'un combat monstrueux puis un 6-0 : Ruud a fait plier Paul

On n'a pas aimé

L'abandon de Jack Draper. Un set partout, une troisième manche accrochée... Jack Draper pouvait y croire face à Karen Khachanov. Malheureusement, une blessure à l'aine a contraint le Britannique à l'abandon alors qu'il venait de se faire breaker à 5-5 dans le troisième acte. Un crève-cœur pour la révélation de l'été qui avait collé trois sets à Félix Auger-Aliassime au tour précédent. On espère le revoir vite.

Trois stats à retenir

0. Attention à Veronika Kudermetova. La Russe est en huitièmes de finale et non seulement elle n'a toujours pas perdu le moindre set, mais elle n'a même toujours pas cédé une seule fois son service. En trois matches, elle n'a fait face qu'à deux petites balles de break. En huitièmes de finale, le défi sera de taille face à Ons Jabeur pour la 18e mondiale. Sauf qu'en trois confrontations avec la Tunisienne, Kudermetova s'est toujours imposée. Et sans perdre un seul set.
47. Corentin Moutet est le 47e joueur français dans l'ère Open à atteindre au moins une fois les huitièmes de finale dans un tournoi du Grand Chelem. Il est le premier "petit nouveau" dans cette liste depuis Hugo Gaston à Roland-Garros en 2020. A l'US Open, Moutet n'est que le 19e Tricolore à figurer en seconde semaine.
85. Daniil Medvedev est vraiment comme chez lui à Flushing. Le Russe a signé sa 23e victoire en 27 matches disputés à l'US Open, soit 85,1% de succès. Il a même remporté 21 de ses 23 dernières rencontres. Dans les autres Grands Chelems, Medvedev est à 76% en Australie, 54% à Roland-Garros et 67% à Wimbledon. Pour lui, New York, c'est autre chose.

La décla : Ajla Tomljanovic

Je n'ai jamais ressenti de sentiments aussi ambivalents après une victoire. Pendant le match, j'avais tellement envie de gagner ce match. Je ne me disais pas 'Oh, Serena, c'est son dernier tournoi'. Mais après avoir gagné, c'est comme si quelque chose n'allait pas. Quand elle a commencé à parler de sa famille et tout ça (dans son discours), parce que je me suis reconnue dans ces mots. Je sais ce que c'est d'avoir un lien très fort avec sa famille.
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"C'est la plus grande joueuse de tous les temps" : Tomljanovic rend hommage à Serena

Juste pour savoir...

Qui n'a pas été ému par le discours de Serena Williams sur le court ? Dénoncez-vous !
Medvedev - Kyrgios en huitièmes de finale : formidable ou dommage parce que trop tôt ?
Qui impressionne davantage que Caroline Garcia dans le tableau féminin depuis le début de la quinzaine ?
Pour Gasquet, on y croit face à Nadal ? Pour prendre un set, veut-on dire.
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Pansement sur le nez, Nadal attend le "challenge" Gasquet

Le match à ne pas rater samedi : Sinner - Nakashima

Sentimentalement, nous aurions évidemment pu nous laisser tenter par le Nadal-Gasquet de la session nocturne sur le court Arthur-Ashe. Ou par le Cornet-Collins qui suivra sur le central. Voire le Sabalenka-Burel. Mais à défaut d'affiche colossale, cette journée de samedi propose plusieurs matches sympathiques sur le papier, notamment dans le tableau masculin. Rublev-Shapovalov. Ou Norrie-Rune. Alcaraz-Brooksby. Mais aussi celui-ci : Jannik Sinner face à Brandon Nakashima. Penchons-nous dessus puisque, spontanément, ce n'est peut-être pas l'affiche qui attirera le regard.
A tout juste 21 ans, Nakashima n'est sans doute pas le plus connu de la jeune génération américaine. Fritz, Korda, Brooksby voire Paul ont davantage fait parler d'eux jusqu'ici. Mais le Californien possède un jeu intéressant. Il prend la balle tôt, peut imprimer une cadence folle en coup droit comme en revers et il n'a pas froid aux yeux. Nakashima a réussi en prime un début de tournoi parfait en remportant ses deux premiers matches sans perdre un set. Il a particulièrement impressionné face à Grigor Dimitrov. S'il garde ce cap, face au métronome Sinner, le duel peut déboucher sur un match sexy.
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Un 2e set pénible mais Sinner passe : revivez les temps forts de sa victoire contre Eubanks

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