Federer peut-il le faire ?

. NON, IL N'A PLUS LE DROIT A L'ERREUR

Avant Halle, Roger Federer a affirmé : "Mon but est d'être N.1 à la fin de l'année". En a-t-il les moyens ? Oui. L’envie ? Sans doute. Une marge de manœuvre ? Pas vraiment car il a mis la barre très haut. Après une saison sur terre battue finalement décevante, le Suisse est revenu là où il était en 2008 : avec des doutes et son pire concurrent Nadal au sommet de son art. Une chose est sûre : la saison rêvée pour le Suisse ne sera pas encore cette année. Vainqueur à Melbourne mais champion battu à Paris, le Grand Chelem ne sera pas réalisable une fois de plus cette saison. Et la place de N.1 semble lui échapper des mains tel un savon. Loin du débat sur un éventuel nouveau déclin qui ne serait pas constructif, le Suisse tient tout de même à honorer cet objectif ambitieux qui est de redevenir N.1 mondial avant la fin de la saison. Un but possible, mais il va devoir redevenir le tennisman aux statistiques folles pour revêtir les habits du  patron du circuit en allant chercher cette petite semaine qui lui manque. Certainement la plus dure. Et pour cela, vu la 2e partie de saison qu’il a effectuée en 2009, Federer n’a plus le droit à l’erreur.

Le ton sera donné à Londres. On savait qu’une partie de sa saison se jouait à Paris. Mais pas tout. Par contre, si le Suisse perd son titre à Wimbledon, soit 1980 points en jeu maximum, il lui sera très compliqué de rejoindre Nadal au top du classement. D’autant plus si l’Espagnol, absent au All-England Club la saison passée, va loin dans le tableau londonien. Si Federer perd la finale, il concéderait encore 800 points à Nadal. (1280 s’il perd en demi-finale, 1640 en quart de finale, 1820 en huitième de finale). Une donnée qu’il ne peut pas se permettre dans cette période où tous les points vont compter. Et toutes les contre-performances se payer cash. Pour preuve : s’il sauve sa couronne à Londres, « Rodgeur » devra encore réaliser un été parfait. Rien d’insurmontable pour un champion de son gabarit : en 2005, il a gagné Wimbledon, Cincinnati et l’US Open, sans toutefois passer par la case Canada. Mieux, en 2006, son année référence, il ne perd qu’un seul match en 2e partie de saison entre Halle et la Masters Cup (face à Andy Murray au 2e tour de Cincinnati).

Après Roland-Garros, Nadal avait 310 points d’avance sur Federer. Battu en finale à Halle par Lleyton Hewitt dimanche, Roger a gratté 90 points à Rafael, stoppé par Feliciano Lopez en quart de finale du Queen’s. L’endroit où il pourrait récupérer ces 220 points serait donc aux Masters du Canada, où il s’était arrêté en quart l’an passé face à Tsonga, et à l’US Open s’il remporte son 6e titre. A ceci près qu’il ne devra pas se rater à Cincinnati (1000 points du titre à conserver). S’il traverse la période estivale avec brio, il aura fait le plus dur, le Suisse n’ayant « que » 700 points à défendre d’ici la fin de saison (une finale à Bâle et une demi-finale en Masters Cup). Federer a choisi de se mettre une belle pression sur les épaules. Il sait donc ce qui lui reste à faire. (S.P.)

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. OUI, IL A LE DROIT A L'ERREUR

OUI, mais OUI ! Vous n'allez pas nous refaire le coup du déclin ? Après avoir diagnostiqué, la monomanie de la mononucléose fatale il y a deux ans, les docteurs es-ATP auscultent gravement le corps de Roger Federer sous le toit ouvert (mais rétractable en 12 secondes, ndlr) du Gerry Weber Stadion de Halle : "Pâle en coup droit, moins tonique au service, Monsieur va mal, Monsieur n'aura peut-être plus jamais la force de remettre sa couronne !" La science a ses limites. En 2008, Federer a joué pendant six mois diminué, et cela ne l'a pas empêché pas de faire un formidable Wimbledon et de s'imposer à l'US Open et de redevenir N.1 mondial ensuite. Sans jouer son meilleur tennis actuellement, il est encore largement au-dessus de la moyenne de ses rivaux directs.

"Oui, on m'a enterré un peu vite", disait déjà Roger Federer en 2008. Les thuriféraires du circuit troquent l'encens pour les pelles trop facilement, et vous l'aurez remarqué, toujours après Roland-Garros. Quand il s'agit de celui qui a tout de même gagné un titre, disputé trois finales et une demi-finale à Paris, la critique devient dramatique. En 2010, Roger Federer mène sa carrière en père de famille. Il possède le plus beau palmarès de son sport, il peut dédaigner les Masters 1000, perdre en Grand Chelem, rien ne semble plus l'atteindre. Ne pas réussir le Grand Chelem ? Cela ne l'atteint plus. Le Suisse semble satisfait de son destin. Il peut signer des contrats à vie avec des tournois (à Halle par exemple, où il est proche de la famille Webber). Il s'est donné au moins jusqu'à 2012 pour horizon de sa carrière.

Depuis deux ans, Federer a aménagé son calendrier en fonction des quatre tournois majeurs. S'il veut vraiment battre le record de Pete Sampras (286 semaines passées à la première place du classement ATP), il lui suffira de donner un peu plus de sa personne sur le circuit Masters 1000 qu'il a négligé ces derniers temps. Il pourrait même battre en passant le record d'Andre Agassi (16 M1000) et pourquoi pas titiller Rafael Nadal (18). A Wimbledon, sachant qu'il ne fera pas mieux que Borg (5 titres de suite), il peut encore viser celui des 7 titres (de Sampras, 4 puis trois de suite). Qui plus est, à Wimbledon comme à l'US Open, les tableaux seront très ouverts et Nadal lui aussi aura bien du mal à disposer d'un tableau aussi dégagé qu'à Paris. Mais toutes ces considérations sont finalement peu importantes. Federer envisage sereinement sa fin de carrière. Il reviendra tranquillement aux commandes du circuit tout simplement parce que les autres joueurs ne sont pas encore prêts à lui prendre sa place. Regardez (lire notre post "l'Agence Flop10" sur notre blog) dans quel état les jeunes, et les moins jeunes du top 10 sont... (J.C.)