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Avant d'affronter Tsitsipas : Kyrgios, terreur des gros, vraiment ? En Grand Chelem, c'est une autre histoire

Maxime Battistella

Mis à jour 02/07/2022 à 15:28 GMT+2

WIMBLEDON - Capable de battre n'importe qui, les meilleurs joueurs du monde compris dans un bon jour, Nick Kyrgios est souvent fidèle à sa réputation sur le circuit ATP au meilleur des trois sets. Mais en Majeur, sur le format des cinq sets, il n'y arrive quasiment plus depuis son exploit face à Rafael Nadal en 2014 au All England Club. Il lui faudra inverser la tendance contre Stefanos Tsitsipas.

"N'en déplaise à Kyrgios, les vocations naissent davantage avec les vainqueurs qu'avec des showmen"

Il avait créé un petit séisme. En éliminant Rafael Nadal, alors numéro 1 mondial, en huitièmes de finale de l'édition 2014 de Wimbledon (7-6, 5-7, 7-6, 6-3) à seulement 19 ans, Nick Kyrgios s'était présenté au monde du tennis à sa manière, brutale et avec une certaine insolence dans le talent. C'était sûr, la nouvelle star du tennis venait alors de naître devant les yeux médusés des spectateurs du Centre Court. S'il n'a pas tenu par la suite toutes les promesses issues de ce coup d'éclat, l'intéressé est resté inclassable, faisant planer une menace permanente sur les cadors quand il daigne jouer au tennis.
Si bien qu'à chaque tirage au sort d'un tournoi du Grand Chelem, surtout chez lui en Australie et sur le gazon de Wimbledon qui sied à merveille à son jeu, on regarde avec un certain appétit où Nick Kyrgios va atterrir. Et pour cause, quand l'affiche l'impose, il sait hausser son niveau de jeu. Alors qu'il a commencé la saison hors des 100 meilleurs, l'Aussie compte quatre victoires pour deux défaites contre les membres du Top 10, qu'il a rendu "quelconques" selon ses propres mots en conférence de presse.
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Depuis son exploit contre Nadal, plus rien ou presque

Et pourtant, un constat s'impose : en Grand Chelem, le grand chat Nick se métamorphose en petite souris dans les résultats. Depuis son exploit contre Nadal il y a huit ans, il s'est quasiment systématiquement incliné : en 13 essais face à des joueurs classés dans les dix premiers rangs, il ne l'a emporté qu'une fois (1-12). Pour preuve, en voici la liste :
  • Défaite contre Milos Raonic (9e) en quart de Wimbledon 2014 (6-7, 6-2, 6-4, 7-6)
  • Défaite contre Andy Murray (6e) en quart de l'Open d'Australie 2015 (6-3, 7-6, 6-3)
  • Défaite contre Andy Murray (3e) au 3e tour de Roland-Garros 2015 (6-4, 6-2, 6-3)
  • Victoire face à Milos Raonic (8e) au 3e tour de Wimbledon 2015 (5-7, 7-5, 7-6, 6-3)
  • Défaite contre Andy Murray (3e) au 1er tour de l'US Open 2015 (7-5, 6-3, 4-6, 6-1)
  • Défaite contre Tomas Berdych (6e) au 3e tour de l'Open d'Australie 2016 (6-3, 6-4, 1-6, 6-4)
  • Défaite contre Andy Murray (2e) en 8e de finale de Wimbledon 2016 (7-5, 6-1, 6-4)
  • Défaite contre Grigor Dimitrov (3e) en 8e de finale de l'Open d'Australie 2018 (7-6, 7-6, 4-6, 7-6)
  • Défaite contre Roger Federer (2e) au 3e tour de l'US Open 2018 (6-4, 6-1, 7-5)
  • Défaite contre Rafael Nadal (2e) au 2e tour de Wimbledon 2019 (6-3, 3-6, 7-6, 7-6)
  • Défaite contre Rafael Nadal (1er) en 8e de finale de l'Open d'Australie 2020 (6-3, 3-6, 7-6, 7-6)
  • Défaite contre Dominic Thiem (3e) au 3e tour de l'Open d'Australie 2021 (4-6, 4-6, 6-3, 6-4, 6-4)
  • Défaite contre Daniil Medvedev (2e) au 2e tour de l'Open d'Australie 2022 (7-6, 6-4, 4-6, 6-2)
Pour nuancer le tableau, un constat s'impose : sept de ses douze défaites, soit plus de la moitié, ont eu lieu face à des membres de l'ancien "Big 4" : quatre contre Murray, deux face à Nadal et une contre Roger Federer. Et Kyrgios n'usurpe pas sa réputation de joueur à part, il fait incontestablement peur. Dans le Top 10 actuel, il ne sont que trois à mener dans leur bilan face à l'Australien : Nadal, Félix Auger-Aliassime et Hubert Hurkacz.
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Le format long expose ses limites physiques

Cependant, incontestablement, quelque chose se joue sur le format long. En Grand Chelem, Kyrgios ne mène face à aucun des membres de ce fameux Top 10 :
  • 2-1 contre Medvedev (mais 0-1 en Grand Chelem)
  • 4-3 contre Zverev (aucune confrontation en Grand Chelem)
  • 2-0 contre Djokovic (aucune confrontation en Grand Chelem)
  • 3-6 contre Nadal (1-2 en Grand Chelem)
  • 3-1 contre Tsitsipas (aucune confrontation en Grand Chelem)
  • 1-1 contre Ruud (aucune confrontation en Grand Chelem)
  • Aucune confrontation contre Alcaraz
  • 2-1 contre Rublev (0-1 en Grand Chelem)
  • 0-2 contre Auger-Aliassime (0-1 en Grand Chelem)
  • 0-1 contre Hurkacz (aucune confrontation en Grand Chelem)
Et le niveau de jeu de l'Australien n'est pas en cause. Lors de ces quatre dernières défaites face à des cadors en Majeurs - contre Nadal à Wimbledon 2019 puis l'Open d'Australie 2020, face à Thiem à l'Open d'Australie 2021 et contre Daniil Medvedev toujours à Melbourne en 2022 -, Kyrgios a incontestablement été à la hauteur de l'opposition, jouant même d'égal à égal avec les gros bras du circuit par séquences. Mais c'est tout le problème : il ne parvient pas à maintenir la qualité et l'intensité nécessaires du premier au dernier point.
Face à Thiem notamment, il avait mené deux sets à rien, enflammé le public australien avant de céder, à court de jambes. C'est sans doute de ce point de vue que son manque de professionnalisme lui coûte le plus cher. Kyrgios a d'ailleurs décidé de mettre le double de côté avant ce 3e tour de Wimbledon contre Tsitsipas pour cette raison. "Je suis un joueur de simple et cela a toujours été ma priorité. J'ai fait un quart de finale ici, j'ai gagné des titres en simple. Le simple est ma priorité, sans aucun doute. Et j'ai joué quatre heures pour mon premier tour (3h05 en fait, NDLR), ce qui est trop pour moi. Je fais ce qui est le mieux pour mon corps", a-t-il avoué en conférence de presse.

Une belle préparation pour inverser la tendance contre Tsitsipas

Vainqueur à Halle il y a deux semaines contre le Grec, numéro 5 mondial, l'Aussie a donc quelque chose à prouver samedi. Ce qu'il réalise fréquemment au meilleur des trois sets, il lui faut le tenir sur la longueur des cinq manches. Pour ce faire, il pourra compter sur deux éléments : son léger ascendant psychologique sur Stefanos Tsitsipas (il a gagné trois de leurs quatre duels) et l'efficacité de son service sur gazon qui lui permet d'économiser de l'énergie et de minimiser le facteur physique.
S'il ne manque pas de confiance en soi, un éventuel succès lui offrirait peut-être le soupçon de conviction supplémentaire en ses capacités à triompher en Grand Chelem. Sa belle préparation - deux demi-finales consécutives à Stuttgart et Halle - est de nature à lui donner le foncier nécessaire pour y parvenir. En revanche, un nouvel échec le renverrait à son étiquette de toujours : celle de "grand tâlent gâché" selon ses propres mots. Pour la première fois depuis longtemps, il a avoué qu'il aimerait s'en débarrasser. Il sait désormais ce qu'il a à faire.
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