18 ans, 338e joueuse mondiale, déjà en huitièmes : sept choses à savoir sur Emma Raducanu
ParLoris Belin
Mis à jour 04/07/2021 à 20:34 GMT+2
WIMBLEDON – Elle est LA révélation du tournoi. Emma Raducanu, bénéficiaire d'une wild-card, est en huitièmes de finale du Majeur britannique après sa magnifique victoire sur Sorana Cirstea samedi (6-3, 7-5). Un exploit majuscule pour sa première dans le grand bain, et le remède idéal au chagrin britannique après l'élimination d'Andy Murray vendredi soir.
Le public de Wimbledon peut retrouver le sourire, il a sans doute trouvé sa nouvelle coqueluche pour la deuxième semaine. Emma Raducanu s'est fait un nom samedi sur le court numéro un. La jeune Britannique a défié la logique et les pronostics, une fois de plus, en se qualifiant pour la deuxième semaine du tournoi du Grand Chelem, une performance que personne n'avait vu venir. Inconnue du grand public, et même d'une partie du microcosme tennis, la joueuse de 18 ans s'est affirmée en une semaine comme une des plus belles promesses du tennis d'outre-Manche. Mais qui est donc cette nouvelle sensation de la balle jaune ?
Elle a débuté sur le circuit WTA il y a… 27 jours
A ce moment-là, Emma Raducanu n'était pas encore en course pour une wild-card à Wimbledon, la première liste de l'organisation ne donnant pas son nom, mais uniquement le mention "next direct acceptance". Invitée pour les qualifications, la jeune joueuse avait finalement eu le droit à une promotion après des débuts prometteurs lors du tournoi de Nottingham le 7 juin dernier, 16 mois après son dernier match en professionnel ! A la suite de l'interruption contrainte par le Covid-19, son père avait jugé plus prudent qu'elle ne quitte pas la Grande-Bretagne à la reprise de la saison.
Pour sa toute première rencontre sur le circuit pro, elle s'était incliné contre sa compatriote Harriet Dart en deux sets. Mais son bon rebond sur le tournoi ITF également disputé à Nottingham (quart-de-finaliste) la semaine suivante avait convaincu Wimbledon de l'intégrer au tableau principal.
Plus jeune joueuse britannique en huitièmes de finale de Wimbledon de l'ère Open
A 18 ans – elle est née le 13 novembre 2002 -, Emma Raducanu a abordé Wimbledon sans la moindre pression pour sa première participation à un tournoi du Grand Chelem. La 338e joueuse mondiale avait déjà réussi son coup en passant un tour, gagnant son tout premier set en Majeur à l'arraché, 7-6 contre la Russe Vitalia Diatchenko. Le signe, déjà, d'un mental de fer, une de ses marques de fabrique. "Je suis une joueuse plutôt agressive mais je dirais surtout que le plus important, c'est que je suis plutôt téméraire, expliquait-elle à iNews. Dans un match, je dirais que c'est ma principale force. Dans ces moments serrés, je ne veux jamais rien lâcher. J'aime quand les points deviennent décisifs, quand ces situations deviennent palpitantes."
Si elle n'avait pas eu à faire preuve de son cran au 2e tour face à Marketa Vondrousova, encore loin du niveau qui avait fait d'elle la finaliste de Roland-Garros en 2019, Raducanu a eu les nerfs solides contre Sorana Cirstea samedi, dans un deuxième set au couteau. A l'image de la balle de match, la jeune Britannique a montré toute sa panoplie : de la puissance et des nerfs oui, mais aussi ses qualités de défense et de mobilité très prometteuses. L'ancienne membre du Top 20 chez les juniors est la dernière joueuse de Grande-Bretagne en lice, et elle est devenue la plus jeune Britannique à se qualifier pour les 8es de finale de Wimbledon de toute l'ère Open.
Une future grande et une tête bien faite
Si Raducanu a pris son temps pour exploser au haut-niveau, ce n'est pas seulement la faute de la pandémie de coronavirus. La jeune femme était aussi très prise par ses études, poussée par des parents travaillant dans le secteur de la finance. Il y a deux mois, quand le reste du circuit était en pleine saison sur terre battue, Emma Raducanu planchait elle sur ses A-Levels, sorte de brevet à l'anglaise. Membre du programme sport-études de la fédération britannique de tennis, elle apporte une grande importance au travail scolaire depuis son plus jeune âge.
"Tout le monde pense que je suis malade à propos de mes notes, ils croient que j'ai un tel ego à ce sujet, expliquait-elle après sa victoire au 2e tour. En fait, je dirais que j'ai des grandes attentes de moi-même. Cela m'a aidé à être ce que je suis sur les courts et en cours. Je crois que mes parents me prennent pour une folle ! Je ne veux accepter rien d'autre que la meilleure note, et je crois que c'est comme cela aussi que les gens me voient."
Le cœur à Londres, les racines entre le Canada, la Roumanie et la Chine
"london | toronto | bucharest | shenyang" comme bio Instagram, Emma Raducanu passerait presque pour une boutique de mode. Elle est plutôt un exemple parfait du multiculturalisme britannique, et possède une histoire personnelle singulière. La droitière est née au Canada, à Toronto, avant d'arriver en Angleterre dès l'âge de 2 ans. Ses parents, une mère chinoise et un père roumain, ont un peu plus infléchi ses origines multiples et ses influences. Raducanu explique notamment voyager au moins deux fois par an sur ses terres paternelles, passer du temps avec sa grand-mère, un de ses modèles. Mais aussi que la force mentale de sa famille maternelle, dans la Chine communiste, l'a grandement influencée. Pour un tennis féminin encore en manque de visages, ce genre de parcours singulier peut faire un bien fou.
Dingue de sport depuis toute petite et surtout de motocross
Aujourd'hui parmi les plus belles révélations de la saison en WTA, Emma Raducanu est une touche-à-tout, qui aurait très bien pu exceller dans une autre discipline. Enfant très timide, c'est par le sport que son père a voulu l'aider à sortir de sa torpeur. "Je faisais de la danse classique, mais il m'en a détourné et m'a envoyé dans toutes les disciplines que vous pouvez imaginer, racontait-elle récemment au Guardian !. L'équitation, la natation, les claquettes, le basket, le ski, le golf puis de cinq à huit ans, j'ai fait du karting."
La découverte des sports mécaniques aurait même pu tout changer dans la destinée de Raducanu. "J'ai démarré ma carrière en kart dans un garage pour bus dans le Sud-Ouest de Londres avant de piloter sur une vraie piste. Et à partir de neuf ans, j'ai fait de la motocross en forêt pendant plus d'un an." Toutes ces activités "en parallèle du tennis" précise-t-elle, ont cultivé son goût de la compétition et développé différentes qualités très tôt.
Son coach, la passerelle avec Andy Murray
La qualification d'Emma Raducanu pour la deuxième semaine et le Manic Monday tombe à point nommé pour le public britannique. La voilà dernière représentante de l'Union Jack en lice en simples, pour mieux faire oublier l'élimination la veille d'Andy Murray et le doute qu'il a laissé planer sur son avenir. Avec Raducanu, la relève serait toute trouvée. Elle est entraînée depuis l'âge de 15 ans par Nigel Sears, qui n'est autre que le père de Mme Murray, Kim Sears.
Ancien coach d'Ana Ivanovic, dont Raducanu était fan enfant (ses deux principales idoles restent Simona Halep et Li Na, racines familiales oblige), Sears ne manque pas de compliments sur sa jeune élève, qu'il a déjà fait travailler avec son gendre à l'entraînement. "Elle est comme une petite étincelle rayonnante, dit-il au Guardian. Elle est curieuse, très ambitieuse, très intelligente aussi, avec les pieds sur terre. Et elle pense en grand. Elle est née pour jouer au tennis. Elle aime les grandes scènes, et elle s'en nourrit." Ce que sa protégée a confirmé samedi après sa qualification. "Je n'ai jamais aussi bien joué au tennis que devant une telle foule" a-t-elle clamé en conférence de presse.
La "nourriture" et la "lessive" comme stimulants, le symbole de sa fraîcheur
Emma Raducanu ne le cache pas, elle a de la suite dans les idées quant à sa carrière. Mais à ces hauts desseins, elle y joint une insouciance propre à son jeune âge, et qui a totalement charmé le court n°1 samedi. Etre mise en avant, voir la pression augmenter ? Très peu pour l'adolescente. Qu'est-ce qu'elle retient de sa qualification en huitièmes de finale ? "Que je vais passer un jour de plus ici et vivre un match de plus !"
Elle qui expliquait que la "sélection de nourriture" la poussait à continuer après son 2e tour a cette fois trouvé un nouvel argument pour poursuivre sa belle route : elle n'a pas à gérer son linge dans la bulle sanitaire de Wimbledon. "Quand j'ai fait ma valise pour la bulle, mes parents m'ont dit que j'avais pris beaucoup trop de tenues de match. Je vais peut-être avoir à faire ma lessive ce soir, mais je crois qu'il y a un service blanchisserie à mon hôtel, donc tout va bien les gars !" a-t-elle lancé dans un éclat de rire. Un état d'esprit rafraîchissant et qui a tout pour durer encore un peu. Raducanu a d'ailleurs déjà trouvé le moyen de ne pas laisser sa nouvelle notoriété lui monter à la tête d'ici à son prochain match : "Je vais juste donner mon portable à mon osthéo, voilà comment je vais gérer ça", a-t-elle lancé en conférence de presse. Désarmante, mais surtout enthousiasmante Emma Raducanu.
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