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Wimbledon - L'antisèche : Dans la quête du Grand Chelem, Djokovic est son seul adversaire

Maxime Battistella

Mis à jour 11/07/2021 à 21:37 GMT+2

WIMBLEDON - Vainqueur son 6e Wimbledon et désormais co-détenteur du record du nombre de titres en Grand Chelem (20) avec Roger Federer et Rafael Nadal, Novak Djokovic a non seulement pris le meilleur sur Matteo Berrettini (6-7, 6-4, 6-4, 6-3) mais aussi et surtout sur ses émotions. Une telle maîtrise sera clé pour succéder à Rod Laver dans la quête du Grand Chelem calendaire.

Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

Le pourquoi du comment

Un rendez-vous avec l'Histoire du jeu n'est jamais facile à gérer. Il y a douze ans, Roger Federer avait confessé sa grande nervosité au moment de jouer pour battre le record de Pete Sampras qui était venu pour l'occasion assister à la finale historique du Suisse et à grand suspense face à Andy Roddick. Novak Djokovic a dû ressentir quelque chose de comparable ce dimanche, tant il a dû se battre pour calmer la tempête qui faisait rage dans son crâne.
Mais il n'était pas le seul à trembler. Pour sa première finale en Grand Chelem, Matteo Berrettini avait aussi bien des raisons d'être tendu et d'avoir le bras verrouillé, incapable de lâcher ses coups droits canons à l'échange. A tel point que l'Italien a vu le Djoker s'échapper assez rapidement même s'il ne respirait pas la sérénité et on s'est même vite demandé si cette finale ne tournerait pas court quand le numéro 1 mondial a obtenu une balle de premier set à la relance à 5-2.
Mais après un jeu de service arraché à la volonté, Berrettini a finalement été le premier à trouver du relâchement pour débreaker à la surprise générale et arracher le tie-break pour virer en tête. Voir Djokovic céder ainsi ne lui ressemblait pas. Une réaction était attendue et elle est arrivée. Car peu à peu, le Serbe a su se calmer, ou peut-être plutôt se révolter contre lui-même et le public qui scandait des "Matteo, Matteo" en veux-tu, en voilà. Loin du stéréotype du "mur" qui lui colle parfois à la peau, il a pris les choses en main, est allé provoquer son destin au filet, où il est monté 48 fois pour 34 points gagnés (71 % de réussite).
On a vu d'ailleurs Djokovic enchaîner service-volée de temps à autre, ce qui est devenu une rareté sur le gazon du All England Club. Toujours aussi solide à l'échange du fond, il a finalement dominé dans tous les domaines un Berrettini pourtant valeureux. Cette finale, le Serbe aurait pu (dû ?) la remporter en trois sets secs, tant il a fini par montrer qu'il avait tout pour annihiler le jeu adverse : en défense, au service, en retour, mais aussi dans le petit jeu en toucher. Seul le slice de revers de l'Italien lui a posé régulièrement des problèmes. Mais "Nole" reste humain, c'est ce qui lui a compliqué la tâche avant que son caractère de champion ne lui permette de retrouver son sang-froid et sa marge.

Le moment-clé

Dans les deux premiers sets, il y a eu plusieurs tournants et changements de dynamiques, souvent liés au niveau de stress des deux finalistes. Mais c'est peut-être, et comme souvent avec lui, quand les événements semblaient prendre une mauvaise tournure que Djokovic a construit sa victoire. Le numéro 1 mondial a été particulièrement solide à la suite de la perte d'une première manche qu'il avait en main. Sur son premier jeu de service de la deuxième, Berrettini avait le vent en poupe, menait 40/15, mais l'Italien a fait quelques mauvais choix et le Djoker a surtout su serrer les boulons pour aller breaker. Il a alors pris les commandes du set et du match pour ne plus jamais les lâcher.

La fiche

STATSDJOKOVICBERRETTINI
Points gagnés145131
Aces516
Doubles fautes43
Pourcentage 1re balle61 %59 %
Réussite 1re balle79 %76 %
Réussite 2de balle53 %38 %
Balles de break6/152/7
Coups gagnants3157
Fautes directes2148

La stat : 6

Pour arriver en finale, Matteo Berrettini avait remporté 95 de ses 100 jeux de service, frappant au passage 101 aces et gagnant 82 % de points derrière sa première balle. Mais il le savait, ces chiffres ne lui assuraient aucune protection contre le meilleur relanceur du monde et il l'a vérifié sur le Centre Court dimanche. Novak Djokovic a réussi à le breaker à 6 reprises lors de cet ultime duel, soit une fois de plus que ce que les six autres adversaires de l'Italien avaient réussi à faire réunis. Plus que jamais, le retour reste l'arme fatale du numéro 1 mondial.
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Novak Djokovic im Wimbledon-Finale gegen Matteo Berrettini

Crédit: Getty Images

La décla

Novak Djokovic : "Gagner Wimbledon a toujours été un rêve pour moi. Quand j'étais petit, j'avais construit mon petit trophée dans ma chambre. Avoir 20 titres du Grand Chelem comme Roger (Federer) et Rafa (Nadal), cela veut dire qu'aucun de nous trois ne s'arrêtera dans l'immédiat. Je dois leur rendre hommage : ce sont des légendes de notre sport et mes deux plus grands rivaux. Ils sont la raison pour laquelle je suis là, ils m'ont poussé à m'améliorer autant physiquement que mentalement. Je peux maintenant me voir réaliser le Grand Chelem calendaire, c'est l'objectif numéro 1."

La question : Qui peut empêcher Djokovic de réaliser le Grand Chelem calendaire ?

L'exploit est inatteignable pour le commun des mortels, mais cela fait bien longtemps que Novak Djokovic n'en fait plus partie. Gagner les quatre tournois du Grand Chelem la même année semblait être une performance d'un autre temps, l'Australien Rod Laver ayant été le dernier à le réaliser à deux reprises dans les années 1960 et le seul à le faire dans l'ère Open (1969). Roger Federer (2004, 2006, 2007), Rafael Nadal (2010) et même Djokovic (2011, 2015) lui-même s'y étaient cassé les dents, réalisant plusieurs petits Chelems (trois Majeurs gagnés sur quatre).
Si ces monstres n'avaient pas réussi à le faire au summum de leurs capacités physiques autour de 25 ans, le Grand Chelem calendaire relevait donc de la chimère. Oui mais voilà, à 34 ans, Djokovic a redéfini les limites du possible. Porté par des jambes de jeunot, une explosivité, une endurance et des capacités de récupération hors normes, il a conquis les trois premiers Majeurs de l'année. Et alors que ses deux vieux rivaux suisse et espagnol ressentent, eux, de plus en plus le poids des ans, il semble porté par une dynamique inarrêtable.
Certes, la jeune génération frappe de plus en plus à la porte. Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas et Matteo Berrettini l'ont montré en disputant chacun une finale de Grand Chelem. Mais le Serbe a encore toutes les réponses physiques, tactiques et tennistiques pour les maintenir à distance. Il l'a particulièrement montré à Roland-Garros, quand, mené deux sets à rien et au bord du gouffre, il a su élever son niveau à des hauteurs où seul lui peut évoluer.
Ses nerfs d'acier dans les moments de tension extrême lui ont donné une aura d'invincibilité dont il est difficile de s'affranchir de l'autre côté du filet. Finalement, son plus grand adversaire en vue du Grand Chelem est sûrement lui-même, comme son début de finale l'a montré dimanche. Car Djokovic ne se bat plus pour rattraper son retard désormais, mais bien pour écrire seul l'Histoire de son sport.
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Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

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