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WIMBLEDON – Qualifié pour le 3e tour, Gasquet a retrouvé la main verte et de belles couleurs

Rémi Bourrières

Mis à jour 02/07/2022 à 11:27 GMT+2

WIMBLEDON - Dernier Français encore en lice à Wimbledon (chez les hommes), Richard Gasquet, qui défie samedi au 3e tour Botic van de Zandschulp, cultive à 36 ans le triple plaisir d'un retour de la réussite en Grand Chelem, d'un art du jeu sur herbe retrouvé et d'un capital sympathie à son sommet auprès du public. Sans doute parce que ce dernier sait qu'il assiste à ses dernières fulgurances.

Richard Gasquet, Wimbledon 2022

Crédit: Getty Images

Profitons, vraiment… Oui, profitons de Richard Gasquet tant qu'il est encore là, car c'est terrible de se dire qu'il ne le sera bientôt plus. Terrible aussi de se dire que cela fait 20 ans qu'il avait fait une entrée tonitruante chez les pros en éblouissant tout le monde à Monte Carlo, où il était devenu, à 15 ans et 10 mois en 2002, le plus jeune joueur à gagner un match en Masters 1 000. Vingt ans que Richard, son revers à une main foudroyant, son inénarrable franglais, ses punchlines livrées à la débottée et son "acceng" de "Serignang" fait partie du paysage du tennis français, et même pour ainsi dire du patrimoine national.
Aujourd'hui, la fin est proche, bien sûr. Mais elle attendra encore un peu. A 36 ans, Richard Gasquet s'est qualifié pour la 36e fois de sa carrière pour les seizièmes de finale d'un tournoi du Grand Chelem en battant mardi le Portugais Joao Sousa en cinq sets – son premier "vrai" match en cinq sets (hors abandon) depuis son fameux succès contre Stan Wawrinka en quarts à Wimbledon en 2015 ! – puis en enchaînant comme un jeune homme jeudi face à l'Américain MacKenzie McDonald.
Le voilà donc ce samedi au 3e tour d'un Grand Chelem - face à Botic van de Zandschulp (n°21), contre qui il avait abandonné en début d'année à l'Open d'Australie - pour la première fois depuis l'US Open 2018. Et regonflé à bloc pour quelque temps, à défaut d'être relancé au classement, faute de points distribués ici. Avec certes une part de réussite puisqu'il a bénéficié du forfait dans sa partie de tableau de Marin Cilic, qu'il aurait dû théoriquement affronter à la place de McDonald. Mais une réussite "méritée" après avoir mangé son pain noir l'an dernier en affrontant successivement Rafael Nadal à Roland-Garros, Roger Federer à Wimbledon et Daniil Medvedev à l'US Open.
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Gasquet : "Cette étiquette de 'prodige', ça m'a un peu dérangé, ça n'a pas été facile"

"C'est vrai que ça fait plaisir de revenir au 3e tour d'un Grand Chelem, reconnaissait en conférence de presse le Biterrois, freiné début 2019 par une assez lourde opération d'une hernie inguinale qui lui avait causé une cicatrice de 10 cm et beaucoup de difficultés à repartir derrière. Il n'y a pas de secret : physiquement, ça va, j'ai pu bien m'entraîner ces derniers temps et j'ai pu enchaîner les matches, avec pas mal de situations compliquées. Dans la tête, ça aide."
Ce qui aide aussi, probablement, c'est la surface. Si Gasquet est le prototype du joueur polyvalent, on aurait tendance quand même – surtout à son âge - à lui donner une appétence particulière pour le gazon, où tout va plus vite, où tout se joue beaucoup à l'instinct et où le talent pur, du moins celui qu'on s'accorde généralement à définir comme tel (la fameuse "main"), paye généralement mieux qu'ailleurs. On ne fait pas deux demies à Wimbledon et on ne remporte pas les deux premiers tournois de sa carrière sur gazon (Nottingham 2005 et 2006, à 19 et 20 ans) par hasard.

Julien Cassaigne : "Il avait peut-être un peu perdu la bonne manière de jouer sur gazon"

Ceci étant dit, cela faisait curieusement quelque temps que le Biterrois avait un peu perdu sa main verte. A Wimbledon, depuis son huitième de finale atteint en 2016 contre Tsonga - sa dernière incursion en deuxième semaine d'un Grand Chelem à ce jour…-, il avait enchaîné trois défaites au 1er tour (contre David Ferrer, Gaël Monfils et Lucas Pouille) puis une défaite au 2e tour l'an dernier, certes contre Roger Federer, on l'a dit.
"A force, il avait peut-être un peu perdu la bonne manière de jouer sur gazon, estime son entraîneur et agent Julien Cassaigne, toujours fidèle à ses côtés à Wimbledon. Peut-être qu'il jouait trop du fond, trop lifté en oubliant d'être "malin", de slicer, de monter à la volée…" Des ingrédients qui collent parfaitement au tempérament joueur de Gasquet, mais qui ne se mettent malgré tout pas en place en un claquement de doigts, surtout dans les périodes où la confiance est en berne.
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Richard Gasquet Wimbledon 3e tour

Crédit: Panoramic

Alors, passé le Challenger de Lyon joué sur terre battue dans la foulée de Roland-Garros (défaite en demi-finale), "Ritchie" a décidé de se remettre à fond en mode gazon. Et plutôt que de le faire en match, il a privilégié des séances d'entraînement sur le court en herbe du Lagardère Paris Racing. Là, "il s'est mis de lui-même à se souvenir de la manière dont il jouait quand il était en demi-finale à Wimbledon, rapporte le coach. Avec cet état d'esprit, aussitôt qu'il a posé le pied sur gazon, il a retrouvé tout de suite les spécificités du jeu sur herbe."
Contre MacKenzie McDonald, c'était assez flagrant : c'était du Gasquet "vintage", savant mélange d'offensive et de roublardise, distillant une tambouille dans laquelle le jeune et pourtant fringant Américain a fini par s'engluer. "Par rapport à ces derniers temps où je n'avais pas été très bon sur gazon, j'ai essayé de jouer plus bas, moins bombé, de faire plus de slices y compris côté coup droit, et de mieux servir", confirmait l'ancien 7e joueur mondial en conférence de presse. Et ça, c'est le Richard qu'on aime.
C'est peu dire d'ailleurs que Richard goûte, en même temps qu'à une seconde jeunesse, à une popularité qui semble aujourd'hui à son zénith. Si le joueur a suscité, tout au long de sa carrière, son lot de critiques et de sarcasmes, on trouve peu de monde aujourd'hui pour ne pas se réjouir de ce retour en flamme quasiment inespéré. Parce qu'on en revient à ce que l'on disait au début : tout le monde veut profiter de Richard Gasquet. Au moins une dernière fois.
"Richard a un gros capital sympathie parce qu'il ne joue pas comme tout le monde, analyse Julien Cassaigne. Où que l'on aille dans le monde, son revers continue de susciter la même admiration. Il a un tennis qui marque les gens. Et puis, il y a aujourd'hui en plus un effet nostalgie. Avec Tsonga, Simon et Monfils, c'est la fin d'une génération exceptionnelle. Les medias et le public s'en rendent mieux compte désormais. Quand ils ne seront plus là, vous n'aurez pas des Français en deuxième semaine à chaque Grand Chelem…"
Fort heureusement, Richard Gasquet est encore là pour, peut-être, atteindre ce cap une fois de plus. Fort heureusement, il n'a toujours pas prévu d'arrêter, à l'inverse de ses compères Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon qui ont annoncé leur fin de carrière cette année, le premier avec effet immédiat à Roland-Garros, et le second en fin de saison. Pour Richard, les choses sont claires : d'après son proche conseiller, "aussi longtemps qu'il sera dans le top 100 (il est 69e mondial cette semaine, Ndlr), il continuera car il aime trop ça. En revanche,le jour où il ne rentrera plus dans les tableaux de Grand Chelem, il arrêtera. Quand tu es Richard Gasquet, tu ne t'éternises pas sur les Challengers..."
En attendant, voilà Richard Gasquet placé ce samedi (en deuxième rotation sur le Court 2, après Harmony Tan à 12h) face à une équation toute simple : plier Botic ou plier boutique. Quel que soit le résultat, un conseil : profitez…
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