Wimbledon 2025 - Demi-finales hommes - Jannik Sinner contre Novak Djokovic, choc aussi excitant qu'illisible

Jannik Sinner a remporté ses quatre derniers matches contre Novak Djokovic. Sur terre. Sur dur. En indoor. Mais sur gazon, à Wimbledon, est-il aussi nettement favori à l'aube de cette demi-finale ? Sans doute pas. D'autant que pèse sur lui l'ombre de sa défaite en finale à Paris, et sur les deux hommes la menace d'un problème physique à l'ampleur inconnue. Bref, elle intrigue, cette demie…

Bluff, aveu de faiblesse ou vrai enjeu : Djokovic doit-il vraiment viser les JO de 2028 ?

Video credit: Eurosport

Ils sont donc là. Comme prévu. Comme attendu. Comme espéré. Wimbledon a vécu au rythme des sensations, des surprises, presque du grand n'importe quoi pendant des jours, avant que, comme souvent, la normalité reprenne toute la place au All England Club. Comme vous l'avez expliqué et presque annoncé le camarade Bourrières voici quelques jours, le Grand Chelem londonien aime semer le trouble avant de faire régner l'ordre. Une double tradition, ici. Nous voici donc à l'heure du second vendredi, celui des demies, avec le trio inévitable, Jannik Sinner, Carlos Alcaraz et Novak Djokovic et Taylor Fritz, finaliste du dernier US Open et numéro 4 mondial lundi prochain, en guise de derniers candidats au titre.
Le second choc du jour était le plus prévisible. Sinner et Djokovic ont déjà croisé le fer aux portes de la finale à Roland-Garros le mois dernier. Ces retrouvailles vertes sont d'autant plus excitantes qu'elles s'annoncent plus incertaines que sur le Chatrier. Là-bas, Sinner était trop fort, trop sûr de lui, porté par une certitude intérieure qui le rendait hermétique à (presque) tout, y compris à l'aura et l'envie de l'homme le plus titré de l'histoire du tennis. Djokovic avait toute sa détermination à opposer à l'Italien, mais il avait tout de même pris trois sets (6-4, 7-5, 7-6). Il y avait quelque chose d'inéluctable dans cette soirée parisienne.

Sinner a-t-il digéré l'indigérable ?

Pourquoi ne serait-ce pas le cas cette fois ? Qu'est-ce qui a changé en si peu de temps ? Le lieu, d'abord. Ici, ce n'est plus Paris. C'est Wimbledon. Là où Djokovic s'exprime encore le mieux. Plus que sur terre, sur dur ou en indoor, là où Sinner l'a dominé constamment depuis plus d'un an et demi. Ici, Djoko a encore des vrais airs de Djoker. Ici, il a battu le Transalpin bouclé en 2022 et 2023.
Bien sûr, Jannik n'était pas encore tout à fait Sinner, il n'était pas numéro un mondial et il a beaucoup grandi depuis. "Je me sens beaucoup plus à l'aise maintenant dans ce genre de matches, dans la façon de les aborder, j'ai davantage confiance", a-t-il justement rappelé mercredi soir. Mais tout de même. Jusqu'à preuve du contraire, il n'a pas d'ascendant sur Djokovic sur ce court et d'une manière générale en ce lieu, le seul pour l'heure en Grand Chelem où il n'ait encore jamais atteint la finale. Cela peut sembler un détail, mais ce n'en est pas un.
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Sinner, un traumatisme durable ?

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Surtout, indépendamment du lien entre les deux hommes, l'inaltérable confiance qui habitait Sinner s'est effritée. La faute à ce petit point, ce minuscule point qui a séparé un triomphe d'une insupportable frustration. Nous parlons évidemment de la finale de Roland-Garros contre Carlos Alcaraz. A-t-il digéré l'indigérable ? A-t-il tourné la page ? La demi-finale contre Djokovic est le test parfait pour le savoir. Mais la manière dont il a défailli contre Grigor Dimitrov, avant que l'abandon brutal du Bulgare ne le maintienne presque miraculeusement en vie, a soulevé avec fracas cette interrogation. Sinner reste fort, très fort, hors de portée de l'immense majorité des joueurs, mais désormais, c'est Djokovic, puis sans doute Alcaraz. C'est autre chose. S'il n'a pas totalement évacué le trauma du 8 juin, il n'ira pas au bout à Londres. Il ne franchira même pas l'obstacle Djokovic.

Physiquement, où en sont-ils ?

Mais comme si cela ne suffisait pas, à cette incertitude est venue s'ajouter une autre. Après la tête, les jambes. Ou plutôt le coude et le genou. Sinner et Djokovic débarquent à l'heure de leur demie avec chacun un point d'interrogation dans le dos : comment vont-ils ? Une chute au début du huitième pour le premier, à la toute fin du quart pour le second ? Jannik a le coude qui couine, Novak le genou qui grince. A quel point cela peut-il influer sur le déroulement et donc le dénouement de leur match de vendredi ? Bonne question, réponse incertaine.
En réalité, on ne sait rien de leur exacte situation au plan physique. Il y a ce qu'ils montrent, ce qu'ils cachent, ce qu'ils disent, ce qu'ils taisent. Il y a la vérité par intermittence, le mensonge par omission, le bluff, le "mind game" ou peut-être n'y a-t-il rien de tout ça mais l'ensemble de ces suppositions ajoute inévitablement une part de doute et l'ampleur de celle-ci est difficilement quantifiable. Il est possible mais pas certain que cela pèse sur le Centre Court vendredi. A minima, ce soupçon donne une autre couleur à la préparation de ce match.
Si tout était clair entre eux et en eux, ce 10e affrontement serait non seulement affriolant, tant le dernier opus à Paris s'était avéré intense, mais aussi mystérieux, compte tenu de leur passé respectif sur le gazon anglais. Mais voilà qu'en prime, chacun traîne donc avec lui casseroles et questions. Excitant et illisible, oui. Telle est la nature de ce choc que le tirage au sort nous avait promis. Promesse tenue. Mais verdict incertain. Tant mieux, à condition qu'il ne puisse être question que de tennis vendredi après-midi.
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"Ce Wimbledon est la dernière chance pour Djokovic de gagner un titre du Grand Chelem"

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