Son début de saison, ses retrouvailles avec son entraîneur, ses ambitions : Caroline Garcia se confie à Eurosport

Pour un peu, ce serait la catastrophe absolue. Pourtant, Caroline Garcia pointe encore à la 12e place à la Race. Preuve que son début de saison n'est pas si apocalyptique que ça. Reste une réalité : tout le monde attendait plus, beaucoup plus d'elle après un second semestre étincelant, marqué notamment par un titre au Masters, un autre en WTA 1000 et une demi-finale à l'US Open. Tout le monde et surtout elle-même. En dépit de deux finales (perdues) et d'un huitième à l'Open d'Australie, son troisième consécutif en Grand Chelem, le compte n'y est pas tout à fait.

La numéro un tricolore, qui culmine toujours à la 4e place au classement de référence, est la première à en convenir, tout comme elle admet s'être infligée une exigence qui a viré à l'étouffement. "Il n'y a pas un seul élément, il y en a plusieurs (qui explique ses difficultés des derniers mois), mais il y a la pression que je me suis mise, moi, toute seule, a-t-elle avoué dans un entretien exclusif accordé à Eurosport au micro d'Alizé Lim. Quand tu sais que tu es capable de faire certaines choses, tu as envie de toujours réussir à les faire. Mais il y a des paramètres autour. Parfois, tu les oublies un peu et tu cherches un peu trop à faire ce qui a marché mais ce n'est pas vraiment comme ça que ça fonctionne."

La clé, c'est donc de retrouver de la sérénité. Que la légitimité de l'ambition ne se transforme pas en une peur constante de l'échec, même relatif. Portée de l'été à l'automne 2022 par une forme d'euphorie, elle semble parfois plombée en 2023 par un manque de tranquillité sur le court. Au moins, elle en a pris conscience : "Il faut que je lâche du lest. J'avais le droit de rater et de perdre des matches quand j'étais 70e et j'ai toujours ce droit aujourd'hui. Il faut retrouver ce relâchement."

Ce n'est sans doute pas un hasard si cette période de flottement a coïncidé avec le sévère tangage de l'équipage entourant la Lyonnaise. Fin 2022, juste avant son triomphe au Masters, elle s'était séparée de Bertrand Perret, le coach qui lui avait permis de se hisser à nouveau au top niveau. Sur la durée, la séparation s'est avérée préjudiciable, d'autant qu'elle s'est accompagnée au printemps du départ de sa préparatrice physique et kiné, Laura Legoupil. Cela faisait beaucoup. Sans doute trop.

Puis, début avril, le remariage a succédé au divorce pour ce qui est du coaching. Caroline Garcia a renoué avec Bertrand Perret, avant d'embaucher un nouveau kiné et un préparateur physique. Ça, c'est fait. "Il faut prendre un peu ses marques, dit-elle à propos de son staff dans le domaine du physique. Vers la trentaine, tu sais ce qui marche et ce qui ne marche pas. Tu n'as pas spécialement envie d'essayer des nouveaux trucs. J'ai aussi pris un kiné. Donc je peux à nouveau m'appuyer sur des personnes avec des bonnes valeurs. C'est important, ça m'apaise, ça apporte du calme et de la sérénité de savoir que tu as des gens autour de toi."

Mais c'est évidemment le retour de Perret qui a le plus fait couler d'encre. Comme une forme d'évidence. "On a toujours eu un très bon feeling, explique 'Flying Caro'. On se comprend bien par rapport à mon style de jeu, ma façon de travailler, l'état d'esprit pour aborder les matches et la compétition. Ça se passe bien depuis qu'on a recommencé ensemble. On a eu une préparation un peu tronquée avec la Fed Cup au milieu mais là on a bien repris nos habitudes."

Sont-ils repartis sur des bases identiques à celles de 2002 ? "On ne cherche pas à ce que ce soit comme avant ou à comparer, précise-t-elle. L'année dernière, c'est l'année dernière et cette année, c'est cette année. Il y a des choses qui ont évolué. On se concentre sur ce qu'il y a maintenant, ce qu'on veut travailler dans mon jeu, la direction dans laquelle on a envie d'aller, avec de gros objectifs. Mais je suis contente de pouvoir m'appuyer sur Bertrand. Après, il faut être patient. C'est jour après jour." Et pas à pas.

La priorité, pour Caroline Garcia, c'est de retrouver du rythme, après avoir été incapable de remporter plus de deux matches consécutivement depuis Indian Wells début mars. Ce sera bien son objectif principal à Rome, où elle s'avance sur la pointe des pieds. "Je n'ai pas joué autant de matches que j'aurais aimé, regrette la numéro un tricolore, mais ce sont les aléas des tournois, l'adversité. Rome, c'est un gros tournoi. On a fait une grosse préparation la semaine dernière et ça va être important de faire des matches pour être dans le combat." Surtout avant Roland-Garros où, en dépit des récents aléas, elle sera forcément attendue.

En renouant avec l'entraîneur de la plus belle phase de sa carrière, et en reconstituant un staff solide autour d'elle, elle a peut-être posé les bases d'une stabilité retrouvée, préalable indispensable chez elle à son épanouissement sur le court. Le discours est clair : arrêter de se prendre la tête pour un rien : "On en a beaucoup parlé avec Bertrand, on essaie de travailler là-dessus. S'entraîner. Jouer. Avant, quand je ratais un retour parce que je l'avais pris en demi-volée, c'est comme s'il ne se passait rien. Alors que maintenant, j'ai l'impression d'avoir raté un penalty." Tout était simple pour Caro Garcia l'an dernier. Tout doit le redevenir.