Jourdain suivi de près

Le trio de tête de la flotte IMOCA, toujours emmené par Sill et Veolia va traverser jeudi l'archipel des Açores, un passage délicat à négocier en raison des dévents engendrés par ces îles volcaniques. «On peut vite perde ou gagner 10 à 15 milles », annonçait jeudi matin Roland Jourdain. Les écarts entre Sill et Veolia, Virbac-Paprec (Jean-Pierre Dick) et VM Matériaux (Jean Le Cam) se sont un peu resserrés, tandis que les vitesses moyennes sur 24 heures ont encore grimpées. Stimulés par le train d'enfer mené depuis le début de course, les skippers affichent cependant une légitime fatigue : pas question pourtant de baisser la garde, il reste encore à parcourir - plus que ! - les deux tiers de cette course poursuite sur l'Atlantique…

12 à 13 nœuds de moyenne hier, plus de 14 nœuds (26 km/h) sur 24 heures depuis mercredi, soit 340 milles (630 km) par jour pour le monocoque Sill et Veolia : Roland Jourdain et ses deux poursuivants mènent un train d'enfer. Régler les voiles, interroger les instruments de navigation, modifier les réglages du pilote automatique, surveiller le gréement et le pont, peaufiner encore les réglages, revenir aux instruments de navigation, analyser ces informations et adapter les données fournies au pilote, remonter sur le pont pour changer une voile, manœuvrer, revenir aux instruments, s'assurer que le bateau est toujours au maximum de son potentiel, optimiser les réglages encore et toujours… depuis 4 jours et 4 nuits, et pendant encore environ 8 jours et 8 nuits, Roland Jourdain est « sur le pont ».

« C'est à fond tout le temps, c'est un peu fatigant, mais on tient le choc ! Par tranches de 20 minutes, j'ai dû dormir une à deux heures la nuit dernière » expliquait Roland Jourdain jeudi matin. Après les nuits quasi blanches des premières 48 heures de course, et les journées passées à changer les voiles le troisième jour, il semble que le skipper Sill et Veolia commence à prendre son rythme… même si c'est à 200 à l'heure !

Dans son sillage, son ami Jean Le Cam, un peu en retrait depuis le début du parcours revient légèrement tandis que Jean-Pierre Dick se maintient à une vingtaine de milles dans l'Est de Sill et Veolia : « le trio de tête ne devrait plus évoluer beaucoup d'ici l'arrivée » confirme Roland Jourdain. « Logiquement, nous devrions évoluer dans les mêmes systèmes météo tous les trois, et donc ne plus nous quitter jusqu'à Pointe à Pitre. Nos positions respectives vont jouer à l'élastique jusqu'au bout ! »

Jeudi, la flotte IMOCA va traverser l'archipel des Açores. Les solitaires vont empanner : une manœuvre déjà délicate à réussir en équipage, qui plus est par 20 à 30 nœuds de vent dans une mer formée.

Roland Jourdain, en tête, devra en plus négocier avec les options stratégiques de ses poursuivants. En effet, les conditions météo du moment imposent aux skippers de réaliser cet empannage au beau milieu de ces îles portugaises. Or ces îlots volcaniques créés des dévents qui sont autant de pièges pour les marins. « On peut vite perdre ou gagner 10 à 15 milles au passage de ces îles » précisait le skipper Sill et Veolia ce matin.

Ensuite, les solitaires vont franchement obliquer vers l'Ouest pour s'engager sur ce que l'on appelle « l'autoroute des Antilles » : zone située le long de l'Equateur, entre 30° et 35° de latitude, où soufflent les alizés, des vents soutenus et réguliers de secteur Nord Est, qui poussent les voiliers vers les îles d'outre Atlantique.

1 Sill et Veolia - Roland Jourdain à 2500.3 milles de l'arrivée

2 Virbac-Paprec - Jean-Pierre Dick à 17.6 milles du premier

3 VM Matériaux - Jean Le Cam à 37.4 milles du premier

4 Artemis - Brian Thompson à 87.3 milles du premier

5 Temenos II - Dominique Wavre à 97.9 milles du premier