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Samantha Davies suite à l'affaire Clarisse Crémer : "Je vais tout faire pour que cela évolue"

Glenn Ceillier

Mis à jour 18/02/2023 à 11:52 GMT+1

L'éviction de Clarisse Clemer après sa maternité, par son sponsor Banque Populaire, a secoué le monde de la course au large. Seule mère dans la classe Imoca, Samantha Davies, qui va s'embarquer avec Biotherm pour la troisième étape de The Ocean Race, fait le point sur cet épisode. Et regrette notamment de ne pas avoir été assez active sur ce sujet mais compte bien voir les choses évoluer.

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S. D. : Je suis maman et j'ai fait un Vendée Globe quand mon fils avait à peine un an. J'ai réagi pour témoigner que c'était possible. Et pour rappeler qu'on a la chance d'avoir des sponsors qui ont confiance en nous. Il ne faut pas que cela fasse peur ni aux jeunes filles ou à l'entourage ni aux sponsors. Ce n'est pas illogique non plus qu'un sponsor se demande si son bateau va rester à quai pendant le congé maternité. Il faut juste bien réfléchir à cela sous tous les angles.
Cependant, cette histoire rappelle aussi qu'avoir un enfant quand on est navigatrice peut être un moment difficile à gérer…
S. D. : Ce n'est pas un problème de vouloir fonder une famille. Mais c'est vrai que c'est dur. J'avais eu la même réaction que Clarisse. Quand je suis tombée enceinte, j'ai culpabilisé. J'ai eu peur de le dire à mon équipe car je me suis dit : 'Ils ne vont plus croire en moi'. C'est horrible alors qu'on a déjà beaucoup de choses à gérer à ce moment-là en termes d'émotions. Donc ça ne doit pas être le cas. On ne doit pas avoir peur de l'annoncer. Il faut que ça change pour qu'il y ait un meilleur accompagnement de toute jeune femme skipper ou sportive.
Qui est le responsable de cet incident avec Clarisse Crémer ?
S. D. : Je pense que nous sommes tous un peu responsables. On savait qu'il n'y avait pas assez de places potentiellement pour le nombre de skippers souhaitant s'inscrire au Vendée Globe. La classe Imoca est dirigée par les skippers, je fais ainsi partie de la commission sportive. Donc, on choisit ces règles nous-mêmes. On essaye de faire en sorte que cela soit juste pour tout le monde, à la fois pour les sponsors et les skippers. C'est très compliqué. Et si on essaye de le faire évoluer à chaque fois, on a cette fois-ci loupé ce dossier alors qu'on savait que cela pouvait se poser comme question. Surtout que Clarisse avait annoncé son projet de maternité. C'est toujours difficile de prendre les bonnes décisions. Ce n'est pas un manque de volonté non plus puisque des gens proposaient des solutions. Mais ça n'a pas été pris en compte par tout le monde. Et ça, c'est notre erreur. C'est vraiment dommage qu'il y ait eu cet incident pour que ça change. Mais maintenant, on ne peut pas revenir en arrière. Donc il faut que l'on soit actif.
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Clarisse Cremer avant le Vendée Globe 2020-21.

Crédit: Getty Images

Comment comptez-vous d'ailleurs essayer de faire évoluer les choses dans la course au large ?
S. D. : Je suis beaucoup en contact avec The Magenta Project. Cette association créée après notre expérience sur The Ocean Race (ndlr : diffusé cette année sur Eurosport) avec Team SCA (ndlr : qui était composé d'un équipage intégralement féminin lors de l'édition 2014-2015) a pour but d'ouvrir des portes et d'inspirer des jeunes. Récemment, il y a ainsi eu un projet avec le Team Leyton pour faire naviguer des femmes sur le circuit Ocean Fifty. Mais il faut également effectuer beaucoup de travail de lobbying auprès des organisateurs pour ne pas oublier les femmes quand ils créent des règles ou dessinent les équipages des bateaux. Alors que tout le monde a des chartres maintenant pour l'environnement, j'essaye de faire en sorte que le Magenta Project représente toutes les femmes mais aussi la diversité. Que cela devienne la référence dans le milieu de la voile pour conseiller et travailler pour la diversité. Si on peut avancer ainsi, cela peut donner confiance à tout le monde, les marins, les organisateurs de courses et les sponsors. The Magenta Project qui comporte des hommes et des femmes mais aussi des businessmen et des skippers, peut aider à avancer sans être extrême.
Etes-vous confiante pour que cela prenne le bon chemin ?
S. D. : Après cette histoire, je me dis que je n'ai pas été assez active au sein de la classe Imoca pour gérer cette situation au mieux. Mais je vais tout faire maintenant pour cela évolue. Beaucoup d'actions ont déjà été lancées – Laura Le Goff qui est directrice du Vendée Globe a par exemple mis un groupe en place pour le Vendée Globe 2028 afin de travailler sur la diversité -, mais cette histoire avec Clarisse va tout accélérer.
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