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Le management, l'autre défi de The Ocean Race : "On ne peut pas oublier le côté humain"

Glenn Ceillier

Publié 21/04/2023 à 01:04 GMT+2

Alors que les participants de The Ocean Race vont reprendre la course ce dimanche avec la quatrième étape, Kevin Escoffier nous confie les défis rencontrés par les skippers durant cette épreuve unique en son genre. Et ils sont légion. Si son rôle est évidemment crucial en mer, le skipper Holcim-PRB n'a ainsi pas chômé pendant cette période à terre où la course se joue aussi.

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C'est reparti pour un tour. Vingt jours après l'arrivée de Team Malizia pour gagner cette mythique troisième étape au coeur des mers du sud, les équipages attaquent un autre morceau de The Ocean Race avec au programme de cette nouvelle étape : le retour dans l'hémisphère nord. Mais s'ils sont à nouveau sur le pont, n'allez pas croire que les équipes ont pris trois semaines de vacances reposantes. Si les marins ont pu couper quelques jours pour se rendre au sein de leur famille et que certains équipages vont changer, The Ocean Race est un marathon des mers qui ne laisse pas beaucoup de répit. Notamment pour les skippers, qui font face à de multiples défis. "Il n'y a pas d'autres courses comme celle-ci. Les Anglo-Saxons appellent ça la "Bubble" car pendant huit mois, on vit tous avec un objectif commun qui est de gagner cette course. Et on ne fait pratiquement que ça", nous confie Kevin Escoffier.
Si pour chaque marin présent sur la course, c'est une épreuve à part pour sa longueur et sa dureté, s'engager sur The Ocean Race est également et peut-être surtout un challenge de management pour les skippers. Et ce n'est pas forcément de tout repos là non plus. "Psychologiquement, c'est éprouvant", reconnaît d'ailleurs le skipper Holcim-PRB, qui mène le classement général après avoir brillé lors des trois premières manches. "Sur The Ocean Race, il y a trois choses : le bateau, l'équipage navigant et le team, soit l'organisation à terre. Sur une course comme celle-ci, les trois sont tout aussi importants en termes d'impact sur la performance globale."
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Encore plus exacerbé dans la voile car on arrive à des niveaux de fatigue très élevés
En mer, le rôle de skipper semble assez évident et n'est déjà pas aisé. Il faut réussir à maîtriser le tempo du bateau et la vie à bord pour que chaque coéquipier se sente à sa place, sans friction. "Dans des étapes aussi longues, il faut savoir alterner les temps forts et les temps faibles. Pour cela, il faut garder de la lucidité, nous explique encore Kévin Escoffier. On voit ça dans d'autres sports mais c'est encore plus exacerbé dans la voile car on arrive à des niveaux de fatigue très élevés de temps en temps. Il faut alors savoir prendre du recul et réussir à ne pas perdre sa lucidité. C'est à ce moment-là que le rôle du skipper est important pour donner le tempo. Il doit avoir en tête la stratégie à court et à moyen terme pour ne pas surexploiter le bateau, techniquement mais aussi humainement."
Si elle se fait loin des côtes et donc loin des yeux, la navigation est cependant la partie émergée de l'iceberg lors de cette compétition unique dans le monde de la voile. "Lors de The Ocean Race, il y a l'équipage mais aussi une 'team' qui a une épreuve à terre. A chaque fois qu'on arrive à terre et qu'on sort le bateau de l'eau, ils ont ainsi une course contre-la-montre pour le contrôler, le réparer et l'améliorer. Et quand on parle de management, ça fait partie intégrante de la performance sur cette course", souligne le Malouin, qui a remporté la dernière The Ocean Race en 2018 avec Charles Caudrelier comme skipper et avait fini troisième en 2015. "Cette course à terre est aussi importante à long terme pour la performance du bateau et sa fiabilité que la course sur l'eau".
Dans le solitaire, on n'a pas cette dimension-là
A chaque occasion qui se présente entre deux manches et avant de repartir, les bateaux peuvent être optimisés en fonction des leçons tirées lors de la dernière étape. "Si on ne tire pas des enseignements de nos navigations, les autres continuent de progresser. On peut alors régresser en proportion. C'est vraiment une course technique", rappelle Escoffier. Tout cela requiert une capacité d'anticipation et une logistique parfaite. Mais aussi un mental de fer et donc une préparation et une gestion adaptée de cet aspect. "Sur une course qui dure six mois, on ne peut pas oublier le côté humain. A un moment donné ou un autre, il y aura un clash qui viendra impacter la performance. On a ainsi mis en place une cellule humaine ('human perf') qui vient aider à gérer les problèmes en interne pour l'équipe embarquée mais également pour l'équipe à terre", explique le Breton.
Si le choix de l'équipage a été déterminant en amont pour affronter toutes ces difficultés, il faut aussi réussir à souder ce groupe d'individus au cœur de l'épreuve. Pour que tout le monde tire dans le même sens au quotidien malgré les épreuves, le stress ou encore la fatigue. "Ce qui fait qu'on accepte de la fatigue ou de l'inconfort à bord, c'est le but commun : comme la victoire mais aussi la volonté de transmettre un message avec des projets qui ont un impact environnemental le plus faible possible même si on sait que ce n'est pas encore parfait", explique encore Escoffier. "Il faut réussir à amener tout cela dans l'équipe. Dans le solitaire, on n'a pas cette dimension-là. C'est de l'auto-gestion. Là, on a vraiment cette gestion d'équipe, ce management qui amène un peu plus à ce sport qui peut être individualiste." Et c''est aussi ce qui fait le sel de The Ocean Race.
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