THE OCEAN RACE - Sam Davies sur la 3e étape : "Suis-je capable de supporter ça pendant cinq semaines ?"

Elle a la double casquette pour cette édition de The Ocean Race : consultante et équipière de luxe sur Biotherm. Pour Eurosport, "Sam" Davies, qui porte d'habitude haut les couleurs d'Initiatives Cœur dans le monde de la voile, revient sur la dernière étape qui s'est conclue par un finish haletant avec une nouvelle victoire de Team Holcim - PRB. Avant d'embarquer avec Biotherm pour la troisième étape, celle qui a découvert le grand large aux côtés d'Ellen MacArthur et Tracy Edwards fait également le point sur la prochaine étape, la manche reine de The Ocean Race - la plus longue en 50 ans d'histoire. Avant ce marathon d'un mois dans ces mers du sud si ingrates, elle ne cache pas son impatience malgré les défis immenses qui se présentent.

"Je vais rejoindre Biotherm et l'équipe de Paul (ndlr : Meilhat) pour la prochaine étape. Cette troisième étape, qui est la plus longue jamais organisée sur The Ocean Race, c'est l'histoire de la course. C'est incroyable de pouvoir participer à quelque chose qui n'a jamais été fait jusque-là. C'est ça qui m'a donné envie de venir. C'est un défi de pouvoir partir un peu dans l'inconnu car si on connaît ce voyage à travers le Vendée Globe, ça n'aura rien à voir. C'est évidemment lié au fait qu'on n'est pas en solitaire. Lors du Vendée Globe, j'ai parfois eu par exemple envie de crier mais ça ne sert à rien quand tu es seule sur le bateau. Là, on va tout partager : les frayeurs, les joies, l'adrénaline… Mais surtout quand on est solo dans les mers du sud, on se sent vraiment seule, et ce n'est pas évident à gérer.

Dans cette zone du monde où l'on va se frotter aux quarantièmes rugissants et aux cinquièmes hurlants notamment, il faut se rendre compte des conditions, qui sont dures. C'est très fatigant notamment à cause du froid dont tu ne peux jamais t'échapper. Il y a le vent de l'antarctique qui te glace. Et il y a une forte instabilité avec des grains qui peuvent comporter des vents à 50 ou 55 nœuds, zéro degré et de la grêle. C'est là où c'est psychologiquement difficile. Dans ces eaux, tout le monde lève alors le pied un petit peu, même inconsciemment.

Cette fois, la mentalité sera en revanche vraiment différente. On n'a d'ailleurs jamais fait ce qu'on s'apprête à faire puisque d'habitude, on y va plus doucement comme on est seul. Il faudra alors être à l'écoute du bateau. Pour savoir s'il est capable d'aller 'en mode équipage' dans ces conditions si particulières des mers du sud et tenir cinq semaines comme ça car on est toujours en mode découverte avec ces Imocas dotés de ces foils.

L'autre point qui me fait envie d'y aller, c'est que l'on va apprendre quatre fois plus vite à quatre. Il faut avoir conscience que l'on ne peut pas s'entraîner dans les mers du sud car c'est trop loin de la France. Là, c'est une opportunité unique d'essayer des choses et d'apprendre énormément. Mais le côté plus sombre, c'est que je me demande aussi si je suis capable de supporter ces conditions extrêmes et à ce rythme pendant cinq semaines. Cinq semaines, c'est long. On s'est par exemple tous posé la question de savoir comment on va rentrer à cinq dans nos bateaux avec nos affaires, la nourriture… Là, on est plus en mode armée par rapport au solitaire, où on a plus de confort en étant seule sur le bateau. Ça aussi, c'est un défi."