"Un pas dans la bonne direction" : nouveau leader, 11th Hour Racing Team remet le costume de favori

Ce n'était pas exactement la 11e heure sur Aarhus ce lundi à l'arrivée de la 5e étape. Il fallait être très matinal, à tout juste cinq heures du matin, pour voir 11th Hour Racing Team couper la ligne en vainqueur. L'équipage de Charlie Enright s'est imposé pour la deuxième fois consécutive, après avoir déjà brillé à Newport. Régulière mais dominée lors des premières étapes, l'escouade s'impose comme le nouveau patron de The Ocean Race, en chipant la tête du général à Holcim-PRB. Favori au départ de la compétition, 11th Hour Racing Team assume son rang.

"Cela fait du bien d'être en tête des classements, en souriait Enright à l'arrivée au Danemark. Ce sera plus important d'être au sommet en juillet que maintenant, mais c'est un pas dans la bonne direction." Longtemps poursuivant de Holcim-PRB, 11th Hour a su faire la différence dans les derniers jours de course, le temps de se remettre d'un incident qui aurait pu coûter cher. Une collision avec un animal marin jeudi dernier aurait pu tourner au drame, avec deux blessés légers à bord. Une des nombreuses embuches sur la route vers Aarhus.

"C'était une étape très piégeuse, du genre où l'on passe beaucoup de temps à regarder la météo avant le départ, analyse le navigateur de l'équipage Simon Fisher. Nous avons abordé cette manche en sachant que nous devions être agressifs et que nous devions faire un bon résultat pour garder une chance dans cette course. Tout le monde a fait un super travail."

Tout le monde, parmi lequel Charlie Dalin. Le skipper français, vainqueur de la Transat Jacques-Vabre 2019 et deuxième du dernier Vendée Globe, a renforcé l'équipe avant cette 5e étape au départ de Newport. Ce nouvel atout stratégique a déjà porté ses fruits, même si Dalin a dû un temps rester à l'écart, victime d'un traumatisme crânien lors de l'accident avec le mammifère jeudi.

"Nous avons essayé des progrès constants dans chaque domaine sur cette course, expliquait Charlie Enright comme motif principal à ce doublé. Nous l'avons fait à bord du bateau, sur la technique, sur un plan logistique aussi pour tout mettre en place en vue de la victoire." Pouvoir compter sur un marin aussi chevronné et référencé en cours de route, pour 11th Hour, c'est comme Noël à la fin-mai. Et le plaisir est réciproque. "C'est une course que je rêvais de faire depuis longtemps, a réagi le Normand à notre micro. J'ai participé à une étape, la transatlantique retour Ouest-Est en plus de gagner… Je ne pouvais pas imaginer mieux !"

Pour sa grande découverte de la course en équipage, Dalin s'est régalé, sur des IMOCAS qui ne cessent de séduire les participants pour les vitesses qu'ils peuvent atteindre. "Ça a été extrêmement rapide, j'ai l'impression d'être parti de Newport il y a deux jours. C'était vraiment génial de naviguer de manière aussi intense." "Une manœuvre en équipage, on a réussi à la faire huit fois plus rapidement que ce que je peux faire en solitaire, a-t-il poursuivi pour Eurosport. Quand on veut changer de voile, presque en un claquement de doigt la nouvelle voile était à poste, réglée et on naviguait de nouveau à fond. En solitaire, il faut tout faire à la fois, là, chacun peut aller à fond dans son rôle et naviguer tout le temps au maximum."

Le futur skipper Macif, champion du monde Imoca, fait en tout cas déjà l'unanimité. "C'était top ! Il a super vite pris ses marques à bord, compris l'esprit de l'équipe dans son fonctionnement come mentalement, décrit au micro d'Eurosport la Suissesse Justine Mettraux, qui ne connaissait Dalin que comme adversaire en Figaro. C'était intéressant pour nous tous de naviguer avec lui, on a aussi appris plein de choses."

Ce surplus de talent et de connaissances n'est pas une garantie de succès final avec un point d'avance sur Holcim-PRB. "Gagner cette course est encore totalement dans nos mains" assurait d'ailleurs Kévin Escoffier à terre, tout juste détrôné au général. De quoi renforcer encore le suspense en vue des deux derniers rendez-vous.