JO Tokyo 2020 - L'équipe de France de volley qualifiée en finale : "Si on doit mourir, on va mourir les armes à la main"
Mis à jour 05/08/2021 à 23:08 GMT+2
JEUX OLYMPIQUES - L'équipe de France de volley est portée par un mélange d'insouciance et de cohésion depuis qu'elle a frôlé une sortie de route anticipée, lors de ces JO de Tokyo. Ce jeudi, c'est l'Argentine qui en a fait les frais en demi-finale. Earving Ngapeth et Laurent Tillie, notamment, expliquent ce qui fait la force d'un groupe qui peut se couronner samedi, face à la Russie.
Ces "survivants" sont bien fringants. Les joueurs de l’équipe de France de volley, ainsi surnommés par leur coach Laurent Tillie il y a quelques jours, ont battu l’Argentine ce jeudi en demie des JO de Tokyo 2020 (25-22, 25-19, 25-22). Les voilà donc en finale, embarqués dans l’ascenseur émotionnel d’une compétition irrationnelle. "On est passé par toutes les émotions dans ce tournoi : éliminés, pas éliminés… on ne savait plus !", en sourit Earvin Ngapeth.
L’Argentine est devenue un super souvenir. Elle était un "moment super dur" pour la tête d’affiche du volley français, lors de la phase de groupes. Les Bleus avaient alors perdu trois sets à deux face aux Argentins. "Il faut se souvenir de nos têtes, rappelle son coéquipier Antoine Brizard. On pensait vraiment, vraiment être très proches de l’élimination. C’est pour ça qu’on est survivants. On est en finale et c’est incroyable."
Une discussion, un déclic
"On se voyait dehors et, rebelote, sortir comme à Rio, ajoute Ngapeth, décisif en fin de match ce jeudi au Japon, et personnage central de la formation tricolore depuis de nombreuses saisons. On s’est parlé, on a dit qu’il fallait qu’on fasse notre jeu, qu’il fallait qu’on kiffe, qu’on prenne du plaisir. De toute façon, on n’avait plus que ça à faire." Et ils le font si bien.
Trévor Clévenot abonde dans un langage plus guerrier, au micro de France Télévisions : "On est là ! C’était vraiment un très, très gros match. Je pense que l’on ne se rend même pas compte encore qu’on est en finale (…) Si on doit mourir, on va mourir les armes à la main. C’est la mentalité qu’on a depuis quelques matches. On va juste tout donner." Tokyo assiste à la métamorphose d’un groupe.
Au bord du gouffre... dès les demies d'un TQO
La fébrilité caractéristique d’un départ raté (deux défaites – face à l’Argentine donc et aux Etats-Unis – en trois matches) a laissé place à ce sentiment de plénitude. "C'est mental, ça bascule d'un coup. Un match, une victoire et tout change. C'est le sport, le volley, la beauté de notre métier. Je sais qu'on est capable de tout, dans le pire, comme dans le meilleur, et cette fois-ci c'est le meilleur", se réjouit Earvin Ngapeth.
Cette imprévisibilité ne date pas d’hier pour l’équipe de France. Sa simple présence dans la capitale nipponne n’a tenu qu’à un fil. En janvier 2020, elle était menée deux sets à zéro par la Slovénie, lors des demi-finales d’un TQO qui regroupait, déjà, des nations repêchées. Un an et demi plus tard, elle va affronter la Russie pour s’asseoir au sommet de l’Olympe.
Ils ne m'ont pas viré au bout d'un an...
Laurent Tillie, sélectionneur des Bleus depuis 2012, touche du doigt "l’aboutissement d’une vie sportive" et tente d’expliquer comment la France est redevenue une place forte du volley mondial, sans emprunter une trajectoire linéaire : "La force de ce groupe, ce n’est pas moi. La force de ce groupe c’est que ces joueurs-là ont toujours cru en ce qu’ils faisaient. Si on croit en ses possibilités, on peut accepter de prendre des coups et se dire : ‘On va y arriver, on va s’améliorer’."
Il a, pour cela, fallu instaurer de la continuité. "C’est la fédération qui m’a permis de bâtir, c’est parce qu’ils ne m’ont pas viré (sic) au bout d’un an, deux ans ou trois ans, déclare un Tillie reconnaissant, toujours auprès de nos confrères de France TV. On peut rater des compétitions, et revenir encore et encore, et construire, tant que le joueur y croit. Si le joueur n’y croit plus, il faut qu’il arrête, qu’il change. Et le coach, c’est pareil."
Le bilan, on y pensera samedi, après la finale... après la médaille d'or
Le boss des Bleus est à deux jours de tourner la page sur cette aventure de neuf ans : "Mais je n’ai pas envie d’y penser. Depuis le début, je veux maintenir mon cap, passer encore deux jours en pensant que je suis entraîneur et que l’on va tout faire pour gagner une médaille d’or, même si la finale va être très compliquée contre la Russie (que la France a terrassée en poules, mais lors d'une rencontre au faible enjeu pour les Russes, NDLR). On veut faire encore un petit truc."
Pour finir en beauté, Ngapeth espère que ce groupe de "frères" saura faire abstraction de la grandeur d’une finale olympique : "Il faut l'aborder comme les derniers matches. On ne doit pas se mettre de fausse pression, on doit essayer d'oublier l'enjeu même si c'est dur. Il faut être une bande de potes qui jouent au volley… et kiffer." Une "bande de potes" qui peut offrir une sortie royale à son chef d’orchestre. "Le bilan, on y pensera samedi, après la finale… après la médaille d’or", conclut un Tillie rieur.
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