Un duel à hauts risques

[05/08/2005] - Marcus Gronholm (Peugeot 307) occupait la tête du Rallye de Finlande, dixième des 16 épreuves du Championnat du monde, à l'issue de la première journée, vendredi soir à Jyvaskyla, avec moins de six secondes d'avance sur Sébastien Loeb (Citroën Xsara).

Tous les autres avaient lâché prise. Même Petter Solberg (Subaru Impreza), relégué à la 5e place après une sortie de route (ES8) en voulant suivre le train d'enfer du duo de tête. L'Estonien Markko Martin (Peugeot 307), vainqueur en 2003, pointait déjà à plus de 47 secondes et le Finlandais Toni Gardemeister (Ford Focus), 4e à plus de 51 sec.

Mais Gronholm avait eu chaud, très chaud. Il avait même cru un instant qu'il ne terminerait pas cette journée, qu'il devrait renoncer. Non pas que sa 307 ait eu un quelconque problème. Mais dans l'ES5, (Vellipohja 1, 33,93) Timo Rautiainen, le beau-frère et copilote, avait ressenti une violente douleur au bas du dos à la réception d'un saut moins de 10 km après le départ de la spéciale.

"Un atterrissage, très dur, expliquait Gronholm. Timo ne pouvait plus parler, il ne pouvait plus dire les notes durant une dizaine de km. Dans l'ES6, il se plaignait, je pilotais sans trop forcer pour ne pas le faire souffrir." A l'arrivée au regroupement, Rautiainen, visage pâle, grimaçant, les yeux larmoyants, éprouvait toutes les peines du monde à respirer. "Je ne sais pas si l'on va pouvoir repartir", soufflait Gronholm.

Quand la 307 rentrait à l'assistance, un espace avait été mis en place afin d'extraire le copilote de la voiture à l'abri des regards, le soutenir jusqu'à l'enclos médical de Peugeot.

Anti-inflammatoire, paracétamol, bandage autour de la taille, "s'il y avait eu le moindre risque, le plus petit danger, on n'aurait pas laisser Timo repartir, indiquait Alex Beraha, le kiné de l'équipe française. La seule question était de savoir s'il se sentait capable de se sortir seul de la voiture (en cas d'accident, d'incendie). Après la décision lui appartenait." "Il a été victime d'un blocage dorsal. Avec ce qu'on lui a fait, il peut tenir 3 à 5 heures, suffisant pour finir la journée. Nous devrons peut-être aller à l'hôpital pour des examens ce soir (vendredi)" , précisait le docteur Kaled Ouabbache, médecin de Mondial assistance détaché chez Peugeot.

L'équipage Gronholm-Rautiainen repartait, obtenait un nouveau scratch dans l'ES7, la même dans laquelle un peu plus tôt Rautiainen avait été touché, avant de concéder quelques dixièmes à Loeb dans la suivante puis de reprendre plus d'une seconde dans la Super Spéciale (ES9).

Les Finlandais n'avaient pas été les seuls à connaître les affres d'une réception de saut délicate au même endroit. Loeb et Elena aussi. "Après 10 km, on a eu un atterrissage très dur à 170 km/h environ, contait Sébastien Loeb. Tout a volé dans la voiture. Daniel (Elena) a aussitôt ressenti une vive douleur aux côtes et au sternum. Moi à la nuque et aux côtes. Il avait du mal à m'annoncer les notes. Sur le moment, ça m'a ralenti, peut-être durant 2 km. Après, ça allait mieux." "Il y a un petit sommet. Ce n'est pas une bosse, c'est juste une cuvette, reprenait Loeb. On décolle et on atterrit très fort au fond. Là, on doit prendre environ 20 G à l'impact."

Il en était de même pour d'autres équipages sur ces routes truffées de bosses, serpentant au milieu des forêts de bouleaux et de sapins où les moyennes sont affolantes (proches de 130 km/h). "L'écart est très serré. J'espère que cela ira mieux pour Timo et qu'ils vont continuer parce que c'est une belle bagarre et j'aimerais bien que cela continue", déclarait Loeb.

Preuve de l'intensité de la bagarre que se livraient Gronholm et Loeb, tous les records des spéciales avaient été battus. Et la concurrence dépassée.