Loeb roi de la terre

Rien ne semble devoir arrêter Sébastien Loeb (Citroën Xsara), vainqueur du rallye de Grèce, huitième des seize épreuves du championnat du monde, dimanche à Lamia. Pour la cinquième fois consécutivement, le Français venait d'affirmer sa totale suprématie, de dominer tous ses adversaires, ses dauphins étant cette fois le Finlandais Toni Gardemeister (Ford Focus) et l'Espagnol Carlos Sainz (Citroën Xsara) qui, pour sa "dernière", ne pouvait s'empêcher de verser une larme.

A son arrivée au parc de regroupement, le vainqueur était accueilli par une meute de photographes, de caméras, sous les cris de la foule scandant le nom de "Loeb", l'homme fort des rallyes. Lorsque, soudain, Petter Solberg (Subaru) montait, se couchait sur le capot de la Xsara, passait sa tête à l'intérieur de l'habitacle. Il voulait être le premier à féliciter l'invincible. "Impressionnant, oui vraiment impressionnant", lançait le Norvégien au Français avant de repartir vers sa Subaru arrêtée à quelques mètres de là, cassant par inadvertance le pare-brise en descendant de la Citroën. Solberg venait de résumer l'épreuve grecque, un début de saison archi-dominé par Loeb, sa Xsara et Michelin. Mais Loeb compte bien ne pas en rester là.

"Cinq victoires d'affilée, six (au total) depuis le Monte-Carlo, c'est génial, on égale les records. Maintenant il va falloir les battre", se réjouissait le Français. Avant de rendre hommage à son équipe: "Je dois ça à toute mon équipe qui m'a fait une voiture super, à Michelin aussi, nos pneus nous permettant de dominer la concurrence".

La concurrence, les habituels rivaux, Marcus Gronholm (Peugeot 307) et Solberg ? Ils avaient tous deux été boutés hors du podium. Le Finlandais (4e) par malchance, un bris d'arbre de roue ayant interrompu son duel avec le pilote Citroën alors qu'une deuxième place semblait promise à la 307.

Solberg (9e), lui, avait perdu toute ambition dès vendredi dans deux sorties de route après avoir été "sauvé" par des commissaires à la clémence surprenante, les Subaru (celles de Chris Atkinson et Stéphane Sarrazin également) ayant été pesées sous le poids réglementaire. Dimanche à Lamia, c'était comme si le ciel était tombé sur la tête du Norvégien. Non seulement il laissait Loeb s'échapper dans la course au titre mondial, mais de plus, Solberg voyait le Français se placer sur une voie royale pour réaliser l'incroyable pari qu'il s'était lui-même lancé en début de saison : remporter dix victoires dans l'année.

"C'est un rallye à oublier au plus vite, lâchait Solberg. Je vais partir au Japon pour des réunions. C'est la première fois que j'y vais sans avoir gagné un rallye juste avant. Le titre ? Il reste encore huit épreuves. Mais il faudrait qu'il se passe quelque chose pour que l'on puisse aller chercher Sébastien et Citroën".

Alors que le championnat n'en est qu'à mi-parcours en effet, le pilote de la Xsara compte déjà six victoires à son actif (record d'Auriol datant de 1992 égalé). "On est dans une super série, j'espère que ça va durer, disait Loeb. Le jour où je ne vais pas gagner, je serai super déçu. Pour l'instant ça marche, autant en profiter. Cela fait quelques rallyes que l'on est au-dessus de la concurrence. Il faut que cela dure, cela me plait comme ça. On commence à s'habituer à la victoire" .

De la à croire que Loeb est invincible. "Non je ne me sens jamais invincible. Il faut toujours se remettre en question. Il faut continuer de travailler, que tout le monde reste motivé parce que, un jour, les autres vont revenir au niveau", répondait, prudent, celui qui, rallye après rallye, impressionne tout le monde. A commencer par ses adversaires.