Tout est sous contrôle

[04/06/05] - Il ne restait que deux spéciales à Sébastien Loeb (Citroën Xsara), 50 km à peine, pour réaliser la "passe de quatre" en enlevant le rallye de Turquie, septième des seize épreuves du championnat du monde, dimanche matin à Kemer. Seul un incident mécanique pouvait empêcher maintenant le Français de s'imposer pour la quatrième fois consécutivement, la cinquième depuis le début de la saison, la... quinzième d'une pourtant jeune carrière.

Plus d'une minute d'avance sur ses suivants immmédiats, le Norvégien Petter Solberg (Subaru Impreza) et le Finlandais Marcus Gronholm (Peugeot 307), la marge de sécurité était grande. L'Italien Gigi Galli (Mitsubishi Lancer), lui, avait rétrogradé, victime d'une durite mal fixée à l'assistance du matin. Après les démonstrations effectuées sur les routes de Nouvelle-Zélande, de la Sardaigne et de Chypre, Loeb avait affirmé à nouveau une insolente suprématie deux jours durant dans la région d'Antalya. Sur le sec, la boue, la glaise, sous le soleil, la pluie, dans le brouillard.

Un Loeb "tout temps", "tout terrain", qui marque de plus en plus le Mondial des rallyes de son empreinte. Solberg et Gronholm en étaient réduits à se battre pour les accessits, une deuxième place désormais devenue leur seule ambition, faute de pouvoir se hisser au niveau du pilote de la Xsara.

Depuis plusieurs semaines maintenant, il y a Loeb... et les autres. Loin, très loin. Dès vendredi soir, le Français avait fait la différence. Au grand dam de ses rivaux, abattus face à leur impuissance à contrarier le cavalier seul du champion en titre. "Nous ne pouvons pas nous battre pour la victoire", constatait Gronholm. "Comment puis-je garder le sourire face à une telle situation. C'est frustrant. Il ne me reste plus qu'une belle bagarre avec Gronholm", répondait le Norvégien.

Pourtant nanti d'une belle avance samedi matin au départ de la deuxième journée, comme à Chypre il y a deux semaines, Loeb n'en a pas moins gardé un rythme soutenu, réalisant même trois temps scratches (ES11, ES15 et ES16). "Ça ne se passe pas mal, reconnaissait Loeb. Mais je ne peux pas me permettre d'adopter le rythme que j'avais à Chypre car derrière cela va beaucoup plus vite. Dans un sens tant mieux. Même si, dans notre position, on a tendance à jouer la sécurité sur nos choix, en matière de pneus notamment. Il faut gérer, ne pas faire de faute".

Assurer la victoire pour Loeb, et jouer la sécurité du côté de Carlos Sainz. Trop loin pour tenter de se mêler à la lutte avec Solberg et Gronholm, l'Espagnol s'était ménagé une avance substantielle sur ses adversaires directs, Markko Martin (Peugeot 307) et Toni Gardemeister (Ford Focus), tous deux à la lutte pour la cinquième place. "Cela va de mieux en mieux, je retrouve peu à peu mes sensations. Mais l'objectif est avant tout de ramener la voiture à l'arrivée dimanche à cette 4e place" , disait Sainz. Avant de souligner: "Conduire a toujours été ma passion. Alors c'est vrai, je prends beaucoup de plaisir".

A voir l'implication du pilote ibère, ses sourires, son envie de communiquer avec toute l'équipe Citroën, on ne pouvait s'empêcher de croire que ce rallye de Turquie ne serait pas qu'une simple "pige". Que, peut-être, le "roi Carlos" donnerait une suite à ce retour.

"Pour l'instant, je veux rester concentré sur la course. Il reste encore deux spéciales avant l'arrivée", répondait Sainz, éludant ainsi la question. Pour Loeb également, une chose comptait seulement, la victoire dimanche à Kemer. Il serait bien temps de penser après au marathon aérien qui devait le mener, dans l'après-midi, de la Turquie au Mans, pour les essais des "24 Heures" sur le circuit de la Sarthe.