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Ogier a de la réserve

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/09/2011 à 21:53 GMT+2

Avant d'attaquer le Rallye de France, vendredi matin, Sébastien Ogier (Citroën WRT) a insisté sur son rôle désormais clair de n°2 chez Citroën. Tout en assumant une façon de courir dictée jusque là par les possibilités du règlement.

2011 Rallye de France Citroen Ogier

Crédit: AFP

C'est un Sébastien Ogier sur la réserve, tout en retenue qui nous a reçus jeudi à Strasbourg, à la Red Bull Energy Station, le quartier général de Citroën WRT. Pas franchement plus enjoué que la veille au soir, lorsqu'un parterre de journalistes s'était montré curieux d'un avenir encore incertain. A échéance de trois jours ou trois mois. Il fut donc professionnel, appliqué dans ses réponses sur la cause commune à défendre encore en Alsace, dans la droite ligne de son altruisme australien. La conséquence d'un pataquès allemand et d'un gros serrage de boulon de Satory.
"Comme tout sport professionnel, le rallye a ses contraintes. Et je ne me suis pas dis qu'il était facile, et surtout pas à haut niveau. Ce serait une grosse erreur. C'est un sport d'équipe, le résultat dépend de plusieurs personnes, d'un package. Seul, on ne peut pas y arriver." Les "éléments de langage", comme disent les spécialistes de la communication, sont donc bien passés. Mais le Gapençais a "très mal vécu cette période" post-Trèves, comme le confie son copilote, Julien Ingrassia. Lorsqu'il se penchera sur 2011, plus tard, Seb Ogier retiendra ses quatre victoires (peut-être plus), dont la plus serrée de toute l'histoire du WRC, en Jordanie. Pour 0.2 sec face à Jari-Matti Latvala (Ford WRT), dans l'ultime spéciale.
"Roulez derrière Loeb et essayer de le battre ! Vous verrez !"
Pour le reste, ce fut bien plus compliqué, avec des consignes d'équipe ayant conduit à l'effet inverse escompté au Mexique (où Loeb a gagné) et en Allemagne (où Ogier a gagné), et des parties de stratégie qui ont interpellé le public sur le thème controversé par excellence. Le n°1 mondial Loeb obligé de "balayer", il s'est retrouvé devant cette évidence d'établir des stratagèmes à répétition. Aujourd'hui, il assume pleinement cette réalité et se définit comme un pragmatique, loin d'un opportunisme à tout crin. A sa place, Loeb aurait d'ailleurs fait la même chose. A la question de savoir si c'est mauvais pour l'image, la réponse fuse : "Non, pas du tout. A partir du moment où on est professionnel, on connait le règlement dans tous ses termes. Si on veut gagner, si on est un pilote intelligent, clairvoyant, et qu'on a toutes les cartes en main, on utilise le balayage. C'est sûr que les gens comprennent mal qu'on ralentisse en fin de journée, mais on parle bien trop de tout ça. J'ai prouvé par le passé que j'étais capable de gagner en condition de balayage. Il ne faut pas être stupide : quand on a la possibilité de mettre un atout de plus de son côté, il ne faut pas s'en priver. N'importe quel pilote intelligent aurait fait comme moi. En Grèce, c'est vrai, on a utilisé cette stratégie. Mais je peux vous dire que même deuxième derrière Seb, la course n'est pas gagnée ! Néanmoins, quand on lit les médias, on voit : 'Il a gagné parce qu'il était deuxième sur la route' ! Mettez-vous dans une voiture, roulez derrière Sébastien Loeb et essayer de le battre ! Vous verrez si c'est facile !"
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2011 Rallye de France Citroen Ogier

Crédit: Citroën Racing

L'idéal serait de pouvoir déboulonner la statue alsacienne de la manière la plus limpide et la plus lisible qui soit. "Je ne demande que ça : me battre à armes égales ! Heureusement, ce point du règlement disparaitra l'an prochain", avance, soulagé, le champion du monde Junior WRC 2008. Beaucoup se sont demandé pourquoi la Fédération internationale de l'Automobile n'avait pas effacé cette règle taillée sur mesure par l'administration de Max Mosley, du temps où l'as d'Haguenau anéantissait le suspense du WRC post-Grönholm. Olivier Quesnel, a milité en vain. "Pour changer une règle en cours de saison, il faut l'unanimité des équipes. Nous étions tous d'accord pour changer à partir du Rallye d'Italie, sauf Ford. Nous avons tourné le problème dans tous les sens mais impossible d'échapper à cette réalité juridique", explique le directeur de Citroën WRT. Hirvonen avait gagné en Suède et balayé au Mexique, au Portugal et en Jordanie. En Sardaigne, Loeb, devenu n°1 mondial, devait être le premier bénéficiaire de cette exemption, ce à quoi Malcolm Wilson, le directeur de Ford WRT, ne pouvait se résoudre.
Il a travaillé ses freinages
Entre manœuvres de temporisation, gagnante comme en Grèce ou perdante comme en Finlande, Ogier a aussi avalé une grosse couleuvre, sur la question de son contrat 2012-2013, manifestement toujours en suspens chez Citroën. Bref, de quoi se "blinder". Ce qu'il atteste : "Effectivement, j'ai toujours eu du caractère, quoi que je fasse dans la vie. C'est difficile de le changer. Quelque part, c'est une force. Parce que sans ça, on n'y arrive pas." Quand son navigateur explique que "dujour au lendemain, il est devenu l’homme à abattre", pour certains médias ou aux yeux de fans plutôt remontés, on comprend l'épreuve traversée.
Ce vendredi, il pourra néanmoins échapper à ces pesanteurs et se plonger dans la compétition sur l'enrobé du sud strasbourgeois, jusqu'à Mulhouse. Un terrain de jeu qui ne correspond pas exactement à sa formation, puisqu'il a surtout fait ses armes sur la terre. Avant l'Allemagne, il avait suivi un stage sur le circuit du Mans, à bord d'une Formule Campus. "Pour être efficace sur asphalte, il faut tendre vers un pilotage circuit, même s'il y a bien plus improvisation en rallye", explique-t-il. "En rallye, il faut connaitre sa voiture, ce qu'elle est capable d'encaisser ou pas, connaitre ses pneumatiques, juger où ça vaut le coup de prendre des risques pour gagner du temps, et où c'est inutile. Au Mans, j'ai comparé mes datas avec celles d'un pilote performant sur circuit. Ça force à travailler, à réfléchir pour transposer en rallye. J'ai travaillé un peu tout, des petits détails, mais un peu plus les freinages c'est vrai".
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2011 Rallye de France Citroen Ogier

Crédit: Citroën Racing

Pendant trois jours en Alsace, il essaiera de suivre la même - jolie - courbe de progression que Loeb avait remarquée en Allemagne, par rapport à 2010. "S'il y a des consignes, comme toujours je les respecterai", s'est-il engagé. Là dessus, c'est de toute façon réglé. "Seb [Loeb] est clairement désigné pour marquer plus de point pour le team", a prévenu Olivier Quesnel, jeudi. "Quand les choses sont dites clairement, je suis capable de les comprendre", a précisé Ogier.
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