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Loeb champion : réactions

Eurosport
ParEurosport

Publié 03/12/2007 à 17:30 GMT+1

Quelques vainqueurs français du Monte Carlo et du Tour de Corse, notamment, saluent les qualités exceptionnelles de Sébastien Loeb, quadruple champion du monde des rallyes.

Didier Auriol (Champion du monde 1994, vainqueur Tour de Corse 1988, 89, 90, 92, 94, 95, Monte Carlo 1990, 92, 93) : "Il fait partie des meilleurs, toutes générations confondues, capables de gagner sur tous les terrains, comme McRae, Kankkunen, Sainz ou moi-même. Ce 4e titre est son plus beau car il avait une grosse concurrence cette année. Marcus [Grönholm] était bien dans la Focus, une voiture exceptionnelle il faut le souligner, et n'avait plus le handicap de sa première année chez Ford. Sébastien et Marcus étaient dans une catégorie à part cette saison car les autres n'ont clairement pas suivi. A mon époque, nous étions six ou sept à nous battre à un niveau de performances très proches et la rareté des pilotes au top niveau actuellement s'explique peut-être par le fait qu'il n'y a réellement que Seb et Marcus, avec Petter Solberg, à avoir le statut de pilotes d'usine. Les autres apportent pour la plupart un budget, ce qui ne relève pas le niveau. Au fil du temps, Sébastien a affiné son pilotage en même temps que les voitures se perfectionnaient. Son style fluide a encore plus mis en valeur car il faut conduire les voitures très proprement aujourd'hui, même si ça se traduit par des comportements moins spectaculaires. Il a grandi en même temps que s'est développé le projet Citroën en WRC, dans une équipe à son écoute, et c'est une vraie chance. Il fait beaucoup de bien au rallye et au sport automobile français, et même étranger. Son exceptionnelle réussite, partagée avec Citroën, est une formidable promotion pour la discipline."
Gilles Panizzi (Vainqueur Tour de Corse 2000, 2002) : "Je n'ai que des compliments à l'égard de Sébastien. C'est peut-être le meilleur pilote de tous les temps. Il roule à 100%. Un seul pilote pouvait le battre cette année, Marcus, qui a essayé d'aller plus vite mais qui a commis des erreurs. Il n'y a pas beaucoup de différences entre eux en termes de vitesse de pointe mais Seb est un poil plus fiable quand même. Une chose n'est pas discutable : en Corse, à la régulière, il finira toujours 1er. Même constat pour Marcus en Finlande, un autre terrain spécifique. Sébastien a aussi gagné en Suède (2005), mais il y avait eu beaucoup d'abandon cette année là. A part ces rallyes très typés, on peut dire que les deux sont capables de gagner partout, même si Marcus n'a jamais remporté une épreuve asphalte.
Avec Sébastien, nous nous sommes finalement peu battus l'un contre l'autre car j'étais à la fin de ma grande période lorsqu'il est arrivé. Je me souviens du Rallye de Sanremo 2001, son premier en Mondial avec Citroën, où je l'avais battu pour la victoire. Je savais d'où il venait, et qu'il allait très vite nous faire 'chier' !
En quoi a-t-il le plus évolué ? Difficile à dire mais Sebastien n'a copié personne, contrairement à beaucoup. Solberg, par exemple, n'était pas bien sur l'asphalte et a commencé à me regarder pour piger. Il a fini par moins glisser, suivre des trajectoires plus tendues. Chez Peugeot, Grönholm ne captait pas non plus le pilotage sur le tarmac et n'arrêtait pas de demander des vidéos embarquées de moi, en 1999-2000. Il voulait tout le temps monter en passager pour regarder comme je faisais. Il sortait souvent blême de la voiture mais revenait toujours pour monter. Un jour, il est même descendu pour vomir. Il demandait aussi mes relevés télémétriques pour superposer les courbes.
En fait, Sébastien s'est bien mieux adapté à la terre que les Scandinaves au goudron. En 2003, il en a mis un sacré coup à McRae et Sainz chez Citroën ! Je peux même vous dire qu'ils ne savaient pas ce qui leur arrivait ! Au bout du compte, le "petit" Sébastien a "viré" le grand Colin puisque Citroën n'a dû garder que deux pilotes pour 2004.
Sébastien, c'est le genre de "monstre" que l'on voit tous les trente ans !, LE pilote que le rallye n'a jamais connu. A l'époque, on citait Walter Rorhl mais Sébastien aurait pu faire carrière dans les années 70, 80 ou 90 avec le même succès. Personne n'aurait pu aller le chercher. Personne. Sébastien est battable sur deux-trois courses mais pas sur un championnat. Sébastien a un parcours hallucinant, c'est un "avion" comme on dit dans le jargon."
François Delecour (Vainqueur Tour de Corse 1993, Monte Carlo 1994) : "Humainement, Seb fait vraiment l'unanimité : c'est un garçon extraordinaire. Il est toujours sympa, et il a su rester à place. Au dernier Monte-Carlo, il est venu passer du temps avec les enfants malades de l'association Arc-en-Ciel, dans laquelle je suis impliqué. Il était disponible malgré toute l'effervescence autour de lui. Au volant, c'est un mental et une condition physique exceptionnels ; à ce sujet, je pense que son passé de gymnaste de haut niveau y a énormément contribué. Au-delà de ça, il est vraiment bluffant, et je me demande toujours comment il fait pour enchaîner autant de rallyes sans commettre de fautes ! Il a un niveau de concentration exceptionnel. C'est sidérant. Il faut bien se rendre compte qu'il pilote sur des routes qu'il ne connaît pas, comparé à mon époque où les reconnaissances étaient monnaie courante. Il aligne donc des rallyes en faisant une confiance aveugle à Daniel Elena. Question pilotage, il est complet, très propre dans ses trajectoires et il sait toujours bien doser l'accélérateur, placer sa voiture. Question choix de pneus, il est très rarement pris en défaut, et pourtant ce n'est pas facile ! Il a aussi trouvé en Guy Fréquelin le patron dont j'ai toujours rêvé, même si Malcom Wilson s'en est approché. Guy Fréquelin est admiratif de ses pilotes et c'est le genre de chose qui booste. Il est aujourd'hui quadruple champion du monde mais ce n'est pas ça que je retiens car on savait déjà son talent immense. Mais par-dessus tout, Seb a du panache. Il a vraiment toutes les qualités dont rêve un grand sportif."
Bruno Saby (Vainqueur Tour de Corse 1986, Monte Carlo 1988) : "J'ai compris qui était Sébastien lors du gala de remise des prix de la FIA, à Monaco, en 2005. J'avais remporté la Coupe du monde des rallyes-raid et il venait d'enlever son deuxième titre WRC. Il ne connaissait pas vraiment ma discipline et voulait tout savoir ! J'avais été agréablement surpris par sa curiosité, son perfectionnisme, son souci du détail pour comprendre mon sport et découvrir aussi ce qu'il pouvait en tirer pour lui. J'ai pris ma 42e licence -annuelle- pour courir le Dakar 2008. J'ai donc vu pas mal de pilotes de rallyes, des Vatanen, Salonen, Kankkunen, Biaison et autres Sainz... Je me souviens que Kankkunen faisait très peu de reconnaissances en spéciales par rapport à ce qui lui était permis et qu'il arrivait toujours à sortir des super chronos tout de suite. Sébastien lui ressemble dans cette capacité à intégrer très vite toutes les contraintes et caractéristiques d'un terrain nouveau pour aller immédiatement très vite. Mais de tous les pilotes que j'ai vus, je trouve que c'est Henri Toivonen qui lui ressemble le plus. Toivonen était fascinant sur le goudron, le plus redoutable de tous les Finlandais. Je rapprocherais aussi Sébastien de Walter Rörhl, un surdoué parmi les surdoués. Avec un plus pour Sébastien : le sérieux. La compétence en mise au point aussi, et le côté travailleur. Sébastien est LE phénomène des rallyes, et il faut se rendre compte qu'on vit un truc assez unique. J'ai en particulier été fasciné par son premier Monte Carlo, perdu en 2002 à cause d'une très vilaine réclamation d'une équipe concurrente. Pendant trois jours, il avait fait une démonstration sur le terrain le plus piégeur que l'on puisse trouver en rallye. Parce qu'au Monte Carlo, on n'a jamais les bons pneus ! C'est toujours un compromis, quand c'est un compromis... Dans ce cas, l'expérience compense. Sauf qu'il n'en avait pas ! Sébastien est quelqu'un de vraiment très charmant. Il a un regard lucide, humble. Il n'a jamais pété les plombs, jamais pris la grosse tête."
Jean Ragnotti (Vainqueur Monte Carlo 1981 et Tour de Corse 1982 et 85) : "Sébastien, c'est d'abord quelqu'un d'équilibré, sympa et qui a la faculté de gérer les courses avec un calme olympien. Il semble insensible à la pression. De qui est-il le plus proche parmi les pilotes que j'ai vus ? Je dirais Walter Röhrl. J'en ai vu un tas dominer quelques années puis disparaître de la circulation, sans durer vraiment. Sébastien a ceci de commun avec Walter qu'il est capable de gagner trois Monte-Carlo avec trois voitures différentes. Il tourne autour de son maxi depuis plusieurs années et va se retrouver tout seul en 2008. C'est un risque pour le rallye, car il peut en gagner 12 ou 13."
Jean-Pierre Nicolas (Vainqueur du Rallye de Monte Carlo 1978, ex-directeur sportif de Peugeot WRC) : "C'est le pilote le plus exceptionnel de tous les temps, celui qui a gagné le plus de rallyes variés. Il a gagné sur la terre lente, la terre rapide sauf la Finlande -mais ça pourrait bien changer l'an prochain-, il a battu les Finlandais et les Suédois sur la neige en Suède, il s'est imposé six fois de suite sur asphalte en Allemagne et reste sur trois victoires au Tour de Corse... C'est un mec solide, d'une intelligence exceptionnelle et, en plus de son coup de volant, il a un mental de grand champion. Il regarde, il jauge l'adversaire, et quand il décide de porter l'estocade, plus personne ne peut le suivre. Pas même Marcus [Grönholm], qui n'a pas toujours eu les nerfs assez solides pour ça. Et puis, Sébastien a la réussite ; mais ça n'a rien à voir avec la chance car c'est quelque chose qui se travaille. Il sait se donner les moyens, rassembler autour de lui, notamment dans la voiture avec Daniel Elena, un copilote extraordinaire, qu'il doit considérer comme son homme de confiance. Sébastien a-t-il atteint le niveau de Gilles Panizzi sur l'asphalte ? Impossible de le dire mais Gilles était un monument dans ce registre. En fait, la fin de la belle époque de Gilles a coïncidé avec l'essor de Sébastien, et j'aurais aimé voir Gilles dans la 307 avec les mêmes pneus dernière évolution face à Sébastien sur sa Xsara. Dans la vie, Sébastien est quelqu'un d'adorable, de très sympa et qui ne se la joue pas. Il était déjà entré dans l'histoire du rallye avant même son 4e titre. L'an prochain, Marcus ne sera plus là et il sera imbattable."
Henri Pescarolo (4 fois vainqueur 24 Heures du Mans, directeur d'équipe de Sébastien Loeb aux 24 H du Mans 2006) : "Sébastien est l'un des pilotes les plus doués que la France ait connus, depuis longtemps, toutes disciplines confondues. C'est un surdoué, un gros travailleur et quelqu'un d'intelligent. Malgré tous ses titres de champion du monde, il est resté le même qu'à ses débuts. Et c'est surprenant, vu sa notoriété. J'espère bien qu'il courra à nouveau les 24 Heures du Mans avec nous, mais le règlement défavorable à la motorisation essence ne s'y prête pas actuellement. Il veut refaire cette course pour la gagner."
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