Ford, l'esprit d'équipe

Ford a commencé cette saison 2011 par un retentissant triplé en Suède, avec la nouvelle Fiesta RS, et occupait encore la tête des deux championnats du monde, Pilotes et Constructeurs, au moment d'entamer, avec un jour de retard, un rallye de Jordanie raccourci. "On va probablement voir moins de tactique que si le rallye avait eu lieu sur trois jours", a prévu Jari-Matti Latvala, le vice-champion du monde en titre. Traité cette année comme un numéro 1 bis chez Ford, aux côtés de Mikko Hirvonen, le jeune Finlandais, de plus en plus raisonnable, vient d'enchaîner trois podiums en trois rallyes. Pendant ce temps, Hirvonen lui non plus ne lâchait rien: 1er en Suède, 2e au Mexique, 4e au Portugal, de quoi glaner 58 points, soit autant que Loeb.

C'est Latvala qui, l'an dernier en Nouvelle-Zélande, avait permis à Ford de dépasser Lancia au nombre de victoires en Mondial des rallyes : 75 à 74. Depuis, deux autres victoires sont venues s'ajouter au compteur du constructeur américain, celle de Latvala en Finlande puis celle d'Hirvonen en Suède. Citroën pointe juste derrière, avec 72 victoires en WRC.

Le duel continue et M-Sport, qui a conçu, prépare et engage les nouvelles Ford Fiesta, n'est pas près de lâcher l'affaire. Le contrat avec Ford arrive bientôt à échéance donc la priorité est connue : récupérer le titre mondial des constructeurs, car les deux derniers remontent déjà à 2006 et 2007. Latvala et Hirvonen le savent, et ils font tout ce qu'il faut pour profiter au mieux de la rivalité chez Citroën entre les deux Sébastien, Loeb, vainqueur au Mexique, et Ogier, victorieux au Portugal.

Pour l'instant, ça marche, si l'on regarde les classements. Le grand patron de M-Sport, Malcolm Wilson, n'a pas changé de méthode : travail, rigueur et optimisme, ce qui permettra à Ford/M-Sport d'aligner 12 Fiesta en Jordanie, dont 8 en WRC, la catégorie reine, et 4 dans le championnat S-WRC réservé à la catégorie S2000. "On a fait de bons essais, les (nouveaux) pneus (Michelin) fonctionnent très bien, les gars sont très positifs. On a beaucoup travaillé dans la bonne direction, mais c'est encore un rallye difficile, avec une nouvelle voiture. Vous pouvez faire tous les essais que vous voulez, rien ne remplace la course", résume Wilson, ancien pilote reconverti en redoutable homme d'affaires.

Deuxième l'an dernier, derrière Loeb, Jari-Matti Latvala craint surtout les deux plus longues spéciales du rallye : Jordan River 1 et 2 (ES9 et ES12, 41 km) programmées vendredi. "Il y a beaucoup d'embranchements et c'est difficile de voir les points de freinage à l'avance. C'est une spéciale où l'on peut perdre beaucoup de temps, comme moi l'an dernier : deux fois vingt secondes sur Loeb, et la victoire", se rappelle le Finlandais. Chez Ford, il y a de la revanche dans l'air.