En huit mois, la double attribution a fini par convaincre toutes les parties

Lors d'une réunion du comité exécutif de l'instance olympique, à Lausanne, Thomas Bach évoque pour la première fois auprès des membres du CIO la possibilité d'une double attribution des Jeux de 2024 et 2028. L'idée aurait commencé à germer dans l'esprit du président allemand du CIO dès le mois d'octobre, après le renoncement officiel de Rome.

Alors que les spéculations commencent autour de la double attribution, Denis Masseglia, président du CNOSF, balaie cette hypothèse. "Paris est candidate pour 2024, le reste est irrationnel, assure-t-il. "Il faudrait, pour une autre hypothèse, faire un autre dossier. La candidature n'est pas valable ad vitam aeternam."

Une position de principe conforme à celle du rival américain, quelques jours plus tôt. "Après un échange d'idées franc et intense sur la question, le consensus général est que la candidature de LA 2024 est configurée et calculée pour 2024 et qu'elle ne prévoit pas d'être activée pour 2028", explique le comité olympique américain.

Le CIO ouvre pour la première fois officiellement la porte à une attribution simultanée des Jeux 2024 et 2028, afin de conserver, selon Thomas Bach, "les deux excellentes candidatures" de Paris et Los Angeles, désormais seules après le retrait de Budapest le 1er mars. Bach annonce la création d'un "groupe de travail", chargé d'examiner des options concernant le processus d'attribution et présentera ses propositions lors d'une présentation des candidatures de Los Angeles et Paris aux membres du CIO en juillet prochaine à Lausanne. "Tout est sur la table. Aucune option n'est écartée. Cela inclut également les procédures de candidature pour 2024 et 2028", dit alors Thomas Bach.

"Paris n'est pas candidate pour 2028" : Etienne Thobois, directeur général du comité de candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024, est clair. Ce sera 2024 ou rien. "On est mobilisé pour 2024 donc je ne vois pas pourquoi on parlerait de 2028, lance-t-il. 2028, on n'a rien à mettre en face, pas de garanties, pas de projet." Tony Estanguet va même plus loin : "Il n'y aura pas de Jeux Olympiques à Paris en 2028," assure le triple champion olympique.

Après une rencontre avec Thomas Bach et les membres du groupe de travail, les maires de Paris et Los Angeles se disent pour la première fois éventuellement ouverts à la double attribution. "La réflexion du CIO est intéressante et légitime", juge alors Anne Hidalgo. "Nous pensons que la discussion sur 2024 et 2028 est une idée très sensée", indique de son côté Casey Wasserman, président du comité de candidature de Los Angeles.

"Pour parler clairement, la candidature de LA 2024 n'a jamais été uniquement à propos de Los Angeles et uniquement à propos de 2024". Casey Wasserman ouvre cette fois en grand la porte à 2028. Une déclaration étrange au regard des postures précédentes du dossier angelino. "Quand la question de la double désignation pour 2024 et 2028 a été soulevée pour la première fois, nous n'avons pas dit 'LA en premier' ou 'C'est maintenant ou jamais', ce qui aurait eu des allures d'ultimatum", ajoute Wasserman.

La commission exécutive du Comité international olympique adopte à l'unanimité une recommandation en faveur d'un double vote en septembre pour l'attribution des JO 2024/2028. Avec Paris et Los Angeles, candidates pour les JO 2024, "nous avons deux grands projets, deux grandes villes", relève Thomas Bach, qui souhaite ainsi garantir aux deux villes l'obtention des Jeux, soit en 2024 soit en 2028. La balle est désormais dans le camp de la centaine de membres du CIO convoqués en session extraordinaire les 11 et 12 juillet à Lausanne.

Les 78 membres présents et votants du CIO se prononcent à l'unanimité à main levée en faveur de la double attribution. Des négociations vont maintenant débuter entre le CIO et les deux villes pour aboutir à un accord sur l'ordre d'attribution. Les membres du CIO réunis à Lima pour leur 131e session devront alors simplement ratifier cet accord le 13 septembre.