Pour Paris, les Jeux commencent maintenant... et le plus dur aussi

Laurent Vergne

Mis à jour 14/09/2017 à 06:01 GMT+2

JO 2024 – Entre sa désignation en tant que ville-hôte mercredi à Lima, et l'ouverture des Jeux le 2 août 2024, Paris a un peu moins de sept années pour se préparer à ce rendez-vous exceptionnel tout en tenant son budget de 6,6 milliards d'euros.

Le Trocadéro aux couleurs olympiques.

Crédit: Getty Images

C'est fait. Sûr et certain. Et officiel. Paris accueillera bien les Jeux Olympiques en 2024. 100 ans après son dernier passage dans la capitale française, l'Olympe y posera à nouveaux ses valises dans sept ans. Le Comité international olympique a mis fin au faux suspense mercredi lors de son 131e Congrès, à Lima, officialisant lors d'un vote à main levée ce qui était acté depuis de nombreuses semaines. A Paris 2024, à Los Angeles 2028.
Pour Paris, c'est la fin d'une longue quête entamée voilà trente ans avec la candidature pour 1992. Une première défaite, face à Barcelone, suivie de deux autres, pour les Jeux de 2008, face à Pékin, et surtout 2012, où il avait manqué une poignée de voix face à Londres. Ce fut un énorme camouflet à l'époque et la question d'une nouvelle candidature a alors fait débat. Anne Hidalgo, elle-même, était très réticente. Finalement, Paris a décidé de se relancer dans la course pour 2024. Avec, cette fois, au bout, le succès, même dans ces circonstances particulières.
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La joie de la délégation française à Lima.

Crédit: Getty Images

Défi sportif, économique, social et politique

Car il y a donc au final deux gagnants. Paris et Los Angeles, les deux derniers candidats en lice après les retraits successifs de Hambourg, Rome et Budapest, bénéficient tous les deux du souhait de Thomas Bach de ne pas laisser de côté un de ces deux dossiers très appréciés pour leur qualité. L'idée de la double attribution, qui a commencé à germer à la fin de l'année 2016 dans la tête du président du C.I.O., constitue une petite révolution par rapport à la méthode traditionnelle de désignation de la ville hôte. Mais le climat actuel, la réticence des villes à déposer candidature, et la raréfaction de celles-ci ont presque imposé au C.I.O. ce bouleversement.
Maintenant que sa quête est achevée et qu’elle a obtenu en prime gain de cause pour 2024, Paris se trouve face à un défi plus immense encore que celui de la candidature : celui de l'organisation. Gagner une campagne électorale est une chose, mettre en œuvre son programme une autre. L'organisation des Jeux d'été est un défi sportif, mais aussi économique, social et politique.
A court terme, la composition de l'équipe aux commandes de ces Jeux 2024 sera une des priorités des prochaines semaines. Tony Estanguet restera-t-il l'homme fort de cette gouvernance et si, oui, avec qui ? Le triple champion olympique a plaidé pour la continuité de l'équipe de candidature. "Je souhaite que l'on se projette dans la continuité, je reste impliqué en tant que président du Comité d'organisation et Etienne Thobois en sera le directeur général. On va continuer ensemble l'aventure", a-t-il assuré.
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Toute la joie de Tony Estanguet après la désignation des JO de 2024 à Paris

Crédit: Getty Images

Le mouvement sportif sera-t-il sacrifié au profit du politique ?

Dissous le 30 septembre, le comité de candidature devra avoir accouché du Cojo (?) en février prochain, selon les règles du CIO. Jusqu'ici, le mouvement sportif a été placé au cœur du projet. Le restera-t-il, face aux appétits politiques ? "Les tractations ont commencé entre la Ville, la Région, les collectivités, pour placer untel ou untel dans le futur organigramme. Le mouvement sportif va devoir lutter pour conserver le leadership", a confié à l'AFP un proche du dossier.
Ce sera d'autant moins simple avec la diversité des étiquettes : la région est présidée par Valérie Pécresse (LR), la mairie de Paris est tenue par Anne Hidalgo (PS), et la ville de Saint-Denis, très impliquée, est dirigée par un maire communiste. Sans oublier le Président Macron qui, dès son arrivée à l'Elysée, s'est montré très actif sur le dossier et ne manquera pas de le rester dans les années qui viennent. Jusqu'ici, tout ce petit monde a su tirer dans le même sens, convergeant vers un objectif commun, celui de l'obtention des J.O. Ce match-là étant gagné, la belle union de façade résistera-t-elle au temps ?

Objectif 80 médailles

Le plus grand défi concerne sans doute la maîtrise des coûts. Elle sera scrutée de près sachant que, lors des dix dernières éditions des Jeux d'été, les dépenses finales ont été en moyenne 2,6 fois supérieures aux prévisions initiales. Ce ne sera pas le moindre des défis pour Paris qui affiche un budget de 6,6 milliards d'euros, dont une moitié de fonds publics.
Il faudra aussi convaincre une population beaucoup plus sceptique que par le passé. En 2005, l'immense majorité des Français était favorable à l'organisation des Jeux. L'attente était forte, la déception avait été proportionnelle. Depuis, la crise de 2008 est passée par là, fragilisant encore les économies occidentales, et le cas de Rio de Janeiro a encore renforcé le clan des sceptiques, même si le cas de la cité carioca est difficilement comparable avec celui de Paris.
Puis il y aura, bien évidemment, l'aspect sportif. Les Jeux à domicile, c'est un rendez-vous que l'équipe de France olympique n'aura pas le droit de manquer. Laura Flessel, la ministre des Sports, a affiché un (très) ambitieux objectif, à hauteur de 80 médailles. Ce serait du jamais vu pour la France dans l'ère moderne. Ce match-là aussi doit commencer à se gagner dès ce 13 septembre. On l'aura compris : passés les flonflons de la fiesta péruvienne, pour Paris, le plus dur commence. A tous points de vue.
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