Le patron du mouvement olympique sonne l'alarme sur le "désarroi" des clubs

ParAFP

Publié 05/04/2018 à 22:09 GMT+2

La France a les JO mais que reste-t-il aux clubs sur le terrain ? Le patron du mouvement olympique français, Denis Masseglia, a lancé l'alerte jeudi sur leurs inquiétudes face aux baisses de moyens, demandant au gouvernement de "corriger le tir".

Denis Masseglia à la Maison du sport francais à Paris, le 25 avril 2017

Crédit: Getty Images

"Il y a un vrai désarroi. Il ne faudrait pas que demain les dirigeants de clubs se disent: 'Ces Jeux ne sont pas faits pour nous'. Ce serait un drame", a résumé Denis Masseglia, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), devant des journalistes réunis au siège du CNOSF. Disant ne "jamais" avoir reçu "autant de témoignages du terrain", Denis Masseglia a voulu se faire le porte-parole des 180.000 clubs et associations sportives de France, qui représentent 17 millions de licenciés, énumérant les "signaux négatifs" envoyés depuis le 13 septembre 2017, quand Paris a été désignée ville hôte des Jeux olympiques de 2024.
"L'attente était extrêmement forte" après cette victoire, a-t-il assuré. Mais sept mois plus tard, le sport d'en bas doit faire avec la réduction des emplois aidés, "une erreur" à ses yeux, les réductions des crédits de l'Etat pour les collectivités territoriales, qui financent les clubs, et, enfin, la diminution des moyens du Centre national pour le développement du sport (CNDS), qui accorde les subventions sur le terrain, a énuméré Denis Masseglia.

"Choix stratégique"

Au lendemain de l'obtention des Jeux olympiques, le gouvernement avait annoncé un budget du sport en baisse de 7%, diminution en partie compensée lors de l'examen de la loi de finances. Le CNDS a notamment vu ses recettes fiscales affectées divisées par deux, à 133 millions d'euros, une baisse censée être compensée par la réorientation de ses missions sur le sport de proximité.
Au Sénat, pendant les questions au gouvernement, la ministre des Sports Laura Flessel, a défendu un "recentrage" du CNDS et un "choix stratégique" au bénéfice des "publics qui pratiquent le moins" : "les habitants des quartiers carencés (en équipements sportifs), les femmes, les personnes en situation de handicap". "Les Jeux, on les a voulus pour qu'il y ait un héritage", a insisté Denis Masseglia, rappelant que le "taux d'équipements sportifs par rapport à la population ne progresse pas" et appelant à voir au-delà des quinze jours de compétition des Jeux olympiques.
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Laura Flessel, ministre des Sports

Crédit: Getty Images

"Il est impératif" que les JO "servent à ce que le sport demain soit davantage présent dans toutes les réflexions", a-t-il ajouté. Ce coup de gueule n'étonne pas le député PS de la Loire Régis Juanico, qui co-préside le groupe de travail des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 à l'Assemblée.

"Fête du sport"

"Entre la suppression des contrats aidés, qu'ils ont pris de plein fouet, et la baisse drastique des crédits du CNDS, les clubs se sentent abandonnés. Il y a une grogne générale du mouvement sportif et des élus", a-t-il confirmé à l'AFP. "On a vraiment l'impression que les moyens ne sont pas au rendez-vous pour irriguer la dynamique des Jeux", ajoute-t-il.
Selon le député, la création, à l'initiative du ministère dirigé par Laura Flessel, d'une "Fête du sport" sur tout le territoire, à partir de la rentrée prochaine, pour laquelle 3 millions d'euros du CNDS seraient affectés, a fait déborder le vase. "Il y a déjà d'autres initiatives. Ce n'était peut-être pas la peine d'ajouter un événement supplémentaire", a-t-il ajouté. Le ministère des Sports défend une initiative populaire, en cohérence avec l'objectif fixé par le président de la République Emmanuel Macron d'attirer 3 millions de pratiquants supplémentaires d'ici la fin du quinquennat.
"Je respecte l'ambition qu'il y ait un maximum de Français qui fassent du sport. Mais demain, il est impératif de garder le rôle sociétal des clubs comme étant un rôle de premier plan", a prévenu Denis Masseglia. "J'aimerais entendre davantage de messages pour les clubs", a-t-il conclu.
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