Paris 2024 - Avec ou sans Dupont, que vaut France 7 ?

Simon Farvacque

Publié 27/11/2023 à 23:52 GMT+1

Dans quoi Antoine Dupont se lance-t-il, en visant les JO de Paris 2024 ? La question est intrinsèque, tant il va devoir emmagasiner des compétences spécifiques. Mais elle concerne aussi le niveau de l'équipe de France qu'il compte intégrer. Les Bleus du Sevens, longtemps embourbés dans le ventre mou de la hiérarchie mondiale, se sont imposés comme la quatrième nation du circuit la saison dernière.

Aaron Grandidier Nkanang (France 7) en action face à l'Australie, en décembre 2022

Crédit: Getty Images

Oubliez la vision caricaturale d'Antoine Dupont, façon superhéros, qui viendrait au chevet d'une équipe de France de rugby à sept à la dérive. Chercher à quantifier le potentiel apport du demi de mêlée toulousain, en vue des JO de Paris 2024, est un exercice encore abstrait. En revanche, la saison 2022-2023 de France 7 est une réussite concrète. Les Bleus l'ont bouclée au quatrième rang de la hiérarchie mondiale, une première dans leur histoire.
La sélection tricolore toquait encore péniblement aux portes du Top 10 planétaire, à l'époque des Jeux Olympiques 2016 (élimination en quart de finale à Rio), malgré la présence d'un Virimi Vakatawa phénoménal en son sein. La France n'a pas réussi à se qualifier pour les JO suivants, mais elle est depuis sur une trajectoire ascendante, sous la houlette de Jérôme Daret, arrivé à sa tête en 2017 et dont le travail commence à se matérialiser.
"On ne partait pas de zéro. Il y avait déjà quelques fondations et des avancées importantes par rapport à l'histoire de l'équipe de France à sept depuis l'entrée aux World Sevens Series en 2000, relate le sélectionneur. C'était important de s'appuyer sur ces héritages-là et de construire une vision un peu plus moderne." Stephen Parez, de l'aventure depuis une dizaine d'années, ajoute : "Cela s'est beaucoup professionnalisé, c'est plus précis, exigeant. Les joueurs qui viennent sont aussi plus à l'écoute."
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Doublement qualifiée

"Notre force, c'est vraiment le collectif, même si on a des individualités qui se démarquent", assure Parez, en écho à l'époque où malgré des éléments redoutables en un contre un, la France continuait de patiner. Sans pouvoir dire que la période des atermoiements est révolue – joueurs de sept sous contrats fédéraux et quinzistes appelés en renfort cohabitent toujours par exemple –, cette quatrième place est un marqueur de progression indiscutable.
"On ressort beaucoup plus grandis de cette saison que de la précédente", est convaincu Parez. "Cette place dans le Top 4 signifie une qualification directe sur le terrain (pour les Jeux Olympiques 2024), même si on était déjà qualifié en tant que pays hôte", pointe Daret, concernant cette "double qualification" que son joueur cadre tient aussi à souligner. Une performance symbolique… mais pas seulement.

Légitime pour un stage aux Fidji

L'équipe de France a effectué un stage de trois semaines aux Fidji (22 octobre-12 novembre). "Pour avoir accès à ce genre d'équipe, il fallait avoir fait une belle saison avant. Le but de ce stage, c'était de s'entraîner avec les meilleurs au monde, c'est-à-dire les doubles champions olympiques, raconte le coach. L'objectif principal était de 'matcher' avec eux. En objectif sous-jacent, il y avait les valeurs de l'olympisme, tout ce qui gravite autour du respect, de l'amitié, de l'excellence et du surpassement de soi."
"Aux Fidji, on explore des choses un petit peu différentes. Cela nous a bien nourris", se réjouit-il. "On s'attendait à vivre quelque chose d'intense, mais pas à ce point-là (…) C'était super enrichissant, on a adoré, abonde Parez. On s'est entraîné dur, comme on sait le faire en France, mais on a plus enchaîné. Il y avait aussi les Samoans qui préparaient leur TQO. C'était beaucoup de rivalité sur le terrain tout en pouvant s'entraîner quelques jours ensemble, en formant une sorte de grande équipe du rugby international."
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Rugby à 7 : Stephen Parez (France), en décembre 2022

Crédit: Getty Images

Fanny depuis 2005… à quand le déclic ?

Voilà pour les motifs de satisfaction. Le principal reste à accomplir : gagner. Sur le circuit mondial, la France ne l'a fait qu'une fois… en 2005. Stephen Parez l'admet, accumuler les places d'honneur ne suffit plus à son bonheur : "Si on ne parvient pas à remporter un tournoi, j'aurai énormément de regrets de ne pas avoir vécu un travail abouti." Pour son sélectionneur également, l'espoir du déclic est prégnant à l'aube d'un exercice remodelé (de 16 à 12 équipes, de 11 à 8 étapes).
"On est des chercheurs d'or maintenant. On est des explorateurs aventuriers, dans un écosystème changeant, mouvant. L'année dernière, on a fait six demi-finales. On a attrapé quatre médailles. On a trouvé de l'argent et du bronze… mais on cherche l'or, répète-t-il. Il nous faut cette expérience de la victoire. Il faut qu'on arrive à attraper une première place. A partir du moment où on l'aura attrapée, je pense qu'on pourra s'installer de manière un peu plus conséquente dans ce schéma-là."
"Ce n'est pas une garantie. La saison passée, l'Argentine a réussi à gagner (33-21 en finale face aux Bleus, ndlr) et ne s'est pas qualifiée pour les quarts de finale du tournoi suivant, et il y a eu un autre exemple similaire (les Samoa). Les poules vont être très, très relevées", prévient le technicien de 48 ans. Dès Dubaï (2-3 décembre), France 7 tentera de franchir un nouveau palier. Puis il y aura deux autres étapes avant celle de Vancouver (23-25 février), où les débuts de Dupont sont attendus. Et si c'était lui, le déclic, à défaut d'être le sauveur ?
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Lafond à Dupont : "Antoine, pour le rugby à 7, vas-y à fond !"

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