Belle Trace | Ophélie David : "Si demain je peux participer aux JO, même en me reprenant un rateau, je signe quand même"

"Je ne me suis pris que des rateaux, mais je continue d'adorer les Jeux Olympiques..." Voilà sans doute la plus belle déclaration d'amour au sport. C'est Ophélie David, championne du monde de skicross et vainqueur de multiples globes de cristal dans sa discipline fétiche, qui nous la clame au micro de Flo Masnada dans son émission "Belle Trace", à retrouver dès cette semaine en intégralité en podcast.

Pourtant, la skieuse de l'Alpe d'Huez pourrait avoir la rancune tenace. Malgré son excellence, la Française n'a jamais réussi à remporter une médaille olympique. Tombée lors de la finale à Vancouver en 2010 et privée d'un titre qui lui tendait les bras, Ophélie David a remis ça avec la manière quatre ans plus tard à Sotchi avant de terminer à la pire place de la finale : quatrième, au pied du podium. A un pas d'une médaille qu'elle n'aura finalement jamais.

Pyeongchang en 2018 devait être, à l'âge de 41 ans, le dernier défi de sa longue carrière jalonnée de grands succès. Ce sera un cauchemar. Victime d'une chute à l'entraînement sur la piste de skicross du Parc Phoenix, la Française s'est fait une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. Une blessure survenue à quatre jours de son entrée en lice qui a précipité ses adieux vers une issue qu'elle n'avait vu venir.

"Souvent les blessures révèlent quelque chose, explique Ophélie David. Je me suis essorée le cerveau pour comprendre, le temps de ma rééducation, pourquoi cela m'était arrivé. Est-ce que je me mentais ? Est-ce que j'avais vraiment envie d'être là ? Et après tout ce temps, je n'ai pas de réponse. J'étais prête et heureuse d'être là, je savais que j'arrêtais ma carrière après la Coupe du monde, c'était un choix délibéré, mais je ne comprends pas pourquoi cela m'est arrivé. J'ai essayé d'analyser pourquoi je suis passée à côté. Je crois que j'ai pédalé dans la semoule à chaque fois...

S'ils ne lui ont jamais souri en termes de résultats, les Jeux Olympiques lui ont toujours procuré énormément d'émotions. En tout genre certes, mais indélébiles et surtout inégalables. "Il y a une vraie magie, quelque chose d'unique à vivre les Jeux, se souvient Ophélie. Et qu'on le veuille ou non, le sport est un vecteur d'émotions, qui traversent les frontières, les langues, les cultures, les religions ; c'est l'émotion brute de l'Humain que l'on se prend à chaque fois en pleine face. Un côté universel et rare qui fait vraiment de cette compétition un événement historique à part. Quand on devient l'acteur de cela, c'est énormissime."

Et actrice des Jeux, elle l'a été à maintes reprises. En 1994, alors âgée de 17 ans, Ophélie a participé à ses tout premiers JO d'hiver à Lillehammer en ski alpin sous le drapeau de la Hongrie, patrie de son père, avant de bifurquer vers le skicross en 2003, dont elle est devenue une des pionnières. Passée sous le giron français, elle a ainsi remis les pieds aux Jeux avec ce sport de Turin 2006 à Sotchi 2014. Malgré ces rendez-vous manqués, elle s'est forgée l'un des plus beaux palmarès du ski acrobatique avec trois gros globes de cristal (2006, 2008, 2009) et sept petits globes en skicross (entre 2004 et 2010). Sans compter ses succès aux X-Games, qui ont forgé sa légende de terreur des pistes.

"Aujourd'hui j'ai complètement tourné la page. Si demain on me dit que je peux participer aux Jeux en me reprenant un rateau, je signe quand même. Parce que les Jeux, c'est extraordinaire. C'est la ligne qui manque à mon palmarès de sportive, mais la femme qui a eu la chance de vivre ça, je lui dis merci." Revivre les Jeux, c'est désormais ce qu'elle attend avec impatience à travers les Jeux Olympiques de Paris 2024. "J'espère que ce sera une vitrine extraordinaire pour notre magnifique pays et que ce sera vu comme un cadeau que les Français se font." Tout sauf un rateau.