Equipe de France | Paul-Henri Mathieu : "Nous n'obligerons personne à jouer les Jeux Olympiques"

Sébastien Petit

Mis à jour 21/11/2023 à 16:53 GMT+1

Paul-Henri Mathieu a pris du galon. Invité exceptionnel de DiP Impact, émission à écouter en intégralité en podcast, le nouveau capitaine français de Coupe Davis et responsable de la délégation tricolore aux JO de Paris 2024 s'est exprimé sur son nouveau rôle au sein de la FFT : celui de soutien et d'accompagnement, avec comme objectif affiché de gagner une médaille, mais pas à tout prix.

Di Pasquale : "Le tennis aux JO, ce n'est pas une sélection mais une qualification"

Vous êtes désormais capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, un rôle tout sauf simple vu le format actuel de la compétition qui ne déchaîne pas les foules et le creux générationnel dans lequel le tennis français était tombé. Cependant cette saison, la machine semble repartir. Comment jugez-vous la saison des Bleus sur le circuit ?
P.-H. M. : La saison est bonne, forcément on a envie de toujours plus. Il faut se remémorer là où nous étions il y a un an et demi, deux ans. Quand on parlait des Jeux olympiques à Paris, on avait peur de ne pas remplir le quota. Aujourd'hui, sans prendre beaucoup de risques, on sait que l'on va le remplir (avec Humbert, Mannarino, Fils et Van Assche à ce moment de l'année, NDLR).
L'objectif est vraiment d'aller chercher une médaille. On a un vivier de joueurs qui est vraiment très intéressant. On a des joueurs qui sont dans le Top 30 mondial : Ugo Humbert qui est 20e et Adrian Mannarino qui est 22e. On a douze joueurs qui sont dans les 100 premiers mondiaux, contre dix l'année dernière. Les jeunes poussent forcément ceux qui sont devant, les plus âgés font de la résistance. Il y a une vraie émulation entre eux qui s'est créée, en espérant que ça donne aux jeunes la volonté de pousser encore plus. On espère que les joueurs montent encore au classement l'année prochaine.
Pensez-vous qu'il y a de la place pour que les Français aillent plus haut au classement ?
P.-H. M. : Les Français ont décroché 7 titres ATP cette saison, mais on veut toujours des titres dans des tournois plus importants. Il y a eu aussi 27 titres gagnés par des Français en Challenger, c'est quelque chose d'énorme ! C'est un record qu'il faut souligner car cela montre qu'il y a énormément de joueurs qui poussent. Tous les joueurs se connaissent très bien. Quand ils voient le copain gagner un titre en ATP 250 ou monter au classement, il se disent : "pourquoi je ne pourrais pas y arriver ?" C'est pour cela que je suis très confiant pour les années à venir. Il y a encore de la place à prendre sur le circuit. Bien évidemment, il y a deux-trois joueurs qui sortent un peu du lot, qui sont très forts et très difficiles à aller chercher. Mais il y a de la place pour se rapprocher des dix meilleurs joueurs du monde. Dans les 50 premiers, il n'y a pas beaucoup de différences avec le 100e. Il y a de belles perspectives dans les prochains mois.
Une victoire française en Grand Chelem doit-elle vraiment être un objectif ?
P.-H. M. : Quand on se présente sur un tournoi, c'est pour essayer d'aller au bout, c'est clair. On a des joueurs français qui sont très ambitieux et qui l'ont dit ouvertement. C'est bien qu'ils le soient. Que ce soit un objectif ou une pression supplémentaire, je ne le pense pas. Le plus important est qu'ils aient de la constance toutes les semaines dans le travail, les résultats. Ils pourront l'avoir petit à petit. D'avoir l'objectif de gagner l'Open d'Australie dès le mois de janvier ou Roland-Garros en mai prochain serait peut-être un petit peu prématuré.
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Mathieu : "Gagner un Grand Chelem doit rester un projet personnel, hors cadre fédéral"

Ensuite, il ne faut se limiter en rien. Avoir des Français en seconde semaine de Grand Chelem, on serait déjà content, cela fait un moment qu'on n'en a pas eu. Et pourquoi pas dans un avenir assez proche avoir un jour un vainqueur en Grand Chelem à nouveau ? Ce serait fantastique. C'est en tout cas envisageable dans les prochaines années.
Alors comment la Fédération doit-elle accompagner les joueurs ? Doit-elle pousser pour avoir des locomotives ?
P.-H. M. : Cela dépasse le cadre fédéral. Ce doit être un projet personnel. Le but de la Fédération est d'emmener les garçons sur le bon chemin, ensuite c'est aux joueurs de s'investir avec leurs tripes, de savoir jusqu'où ils veulent aller, de connaître les sacrifices pour aller tout en haut. Cela doit rester leur projet. Par leur classement, par leur évolution ces derniers mois, Arthur Fils et Ugo Humbert sont déjà des locomotives pour les autres joueurs français. Ils investissent dans leur staff, ils sont très bien entourés et les résultats suivent. Cela donne envie aux autres derrière de les suivre. Aujourd'hui, ils servent clairement d'exemples.
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Mathieu : "Ce rôle de capitaine est une continuité de ce que je faisais au sein de la Fédération"

En quoi l'équipe de France peut-elle être un levier de motivation supplémentaire ?
P.-H. M. : Là-dessus, je n'ai aucun doute. Tous les joueurs de l'équipe ou sélectionnables ont l'amour du maillot. Il y a une très bonne ambiance qui s'est créée, une très bonne émulation entre tous les joueurs. 2024 est une année olympique. Pas mal de joueurs rêvent de jouer les Jeux Olympiques à la maison, c'est une chance unique de participer aux JO à Roland-Garros devant leur famille, voire de pouvoir éventuellement gagner une médaille.
Quel sera le plus gros chantier pour parvenir à gagner une médaille olympique ?
P.-H. M. : Il y en a plusieurs. Il y a le double car on a clairement une chance de médaille. On a un joueur qui est parmi les dix meilleurs joueurs du monde, Edouard Roger-Vasselin, qui va sans doute jouer avec Nicolas Mahut l'année prochaine. Ils vont mettre toutes les chances de leurs côtés avec, comme objectif, les Jeux Olympiques. C'est déjà une bonne chose qu'ils puissent jouer ensemble tout au long de l'année. Ensuite, c'est d'inciter aussi les autres joueurs de simple, qui peuvent potentiellement se qualifier pour les Jeux Olympiques, à jouer en double. On espère pouvoir aligner une deuxième équipe. Enfin en simple, cela va dépendre de leur classement car ce n'est pas une sélection, ce sont les joueurs qui s'inscrivent, les quatre premiers Français, à partir du moment où ils sont classés parmi les 65 meilleurs mondiaux (classement arrêté après Roland-Garros 2024, NDLR).
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Mathieu, nouveau capitaine de Coupe Davis, la "suite logique"pour Roger-Vasselin

Les Jeux Olympiques ne sont pas un tournoi classique et n'ont rien à voir avec une rencontre de Coupe Davis. Comment préparer les joueurs au mieux à cette échéance ?
P.-H. M. : Certains sont déjà ultra-motivés par ces JO. Nous serons là, à leur chevet, pour les accompagner, les aider s'il y a besoin d'accompagnements physiques, tennistiques ou autre, pour leur donner un maximum de chance d'y parvenir. Mais nous n'obligerons personne à y être. Mon but est de ne mettre personne sous contrainte sur le terrain. Par exemple, je vais avoir une discussion avec Adrian Mannarino qui n'aime pas trop la terre battue. Il a des convictions très fortes, c'est légitime, et c'est lui qui aura le dernier mot. Tout le monde a une vision des Jeux différente. C'est important d'avoir des discussions et pas uniquement avec moi, avec les entraîneurs également. Les Jeux Olympiques sont un événement extraordinaire. Même à Roland-Garros sur terre battue : ce sera un format court. On a vu énormément de surprises par le passé lors des Jeux Olympiques. Il peut tout se passer. Ce sera le choix de chacun de vouloir les disputer ou pas.
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