"C'est énorme"

Pour eux, Barcelone fut une immense fête. Mais allez savoir si l'un des moments les plus forts de cette campagne européenne, les médaillés français des Championnats d'Europe ne l'ont pas vécu ce mardi. Tous étaient invités en grandes pompes à l'Elysée. Une mise en lumière qui a particulièrement marqué tous ces athlètes, pas tant pour eux que pour leur discipline. Ils ne s'attendaient sans doute pas à vivre ça il y a quelques jours encore. A travers cette journée, ils ont aussi pris la mesure de l'enthousiasme que leurs performances avaient soulevé.

C'est donc avec des yeux grands ouverts qu'ils sont arrivés au palais présidentiel mardi, même si Myriam Soumaré a joué les blasées: "C'était sympa, mais je suis un peu une habituée", a-t-elle rappelé dans un grand éclat de rire. Il y a deux ans, elle avait déjà foulé les marches de L'Elysée, avec l'ensemble des sportifs français après les Jeux Olympiques de Pékin. Mais cette fois, ça n'avait rien à voir. A travers eux, c'est leur sport qui se retrouve mis en avant comme rarement. "C'est énorme ce qui nous arrive, se réjouit Romain Barras, médaillé d'or au décathlon. C'est une grande émotion dans la vie d'un citoyen français, d'un sportif français. C'est la première fois dans l'histoire de l'athlétisme".

Mi-intimidés, mi-honorés, les champions français ont déjeuné en compagnie de Nicolas Sarkozy après leur arrivée à l'Elysée, vers 12h30, en tenue de l'équipe de France et médailles autour du cou. "Le repas était très bon", assure Yohann Diniz. On le croit volontiers. "L'ambiance était sympathique, décontractée, on s'est promené dans le parc du palais de l'Elysée et on s'est tous filmés avec le président, a confié Mahiédine Mekhissi, vainqueur du 3000 m steeple. C'est un peu un rêve de gosse, on se pince pour croire que c'est bien nous qu'on a invités !" Les athlètes ont offert au président de la République une tenue de l'équipe de France et un maillot dédicacé par tous les médaillés.

Après ce repas de deux heures, les champions français ont passé deux heures à faire des dédicaces avant de rejoindre un bus à impériale pour remonter lentement les Champs-Elysées sous les acclamations de la foule. Ce n'était pas la folie du 13 juillet 1998, mais à l'échelle de l'athlétisme, c'était effectivement colossal. Eux sont demandeurs de cette proximité avec le public, qui se réjouit de pouvoir côtoyer de si près des champions de ce niveau. De tous, Myriam Soumaré était peut-être la plus sollicitée et la plus acclamée. Et dire qu'il y a une semaine, aux oreilles du grand public, son nom n'évoquait pas grand chose. Là, elle a passé l'après-midi à poser pour des photos, à porter des enfants dans ses bras. A travers sa popularité naissante, c'est tout un sport qui se retrouve mis en avant. A juste titre.