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"On s'est moqué de moi"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 04/08/2010 à 10:09 GMT+2

Le DTN Ghani Yalouz nous a expliqué point par point comment il percevait la réussite de la France à l'Euro. Il défend avec coeur le concept de "FPO" (Fort Potentiel Olympique) qui est au centre de sa politique. Barcelone n'était qu'une étape. "Je ne serai content qu'après les JO", nous dit-il.

ATHLETICS 2010 Euro Ghani Yalouz Yohann Diniz

Crédit: AFP

SON BILAN DE L'EURO :
"Le premier mot qu'il me vient à l'esprit, c'est "encourageant". Les victoires, j'en suis très heureux car c'était des "potentiels". C'était des "FPO" : "forts potentiels olympiques", à part Teddy (Tamgho) qui termine troisième et déçu, Ronald (Pognon), qui avait une petite douleur. Mais c'est le sport. La roue tourne. Aujourd'hui, je suis heureux pour eux, mais je ne serai content qu'après les JO de Londres. C'est sûr qu'il vaut mieux partir avec cette base-là. On s'est un peu moqué de moi quand j'ai inventé ce terme de "FPO", pour ne pas faire de saupoudrage. Pour évaluer les potentiels olympiques, il faut cibler les moyens. J'applique ce que me demande le ministère, c'est-à-dire l'excellence sportive. J'ai toujours privilégié la qualité à la quantité. On avait 56 athlètes à Barcelone, plus les quatre supplémentaires des relais. Par rapport à l'Allemagne, à la Russie ou à la Grande-Bretagne, on était très loin. Après, la gagne amène la gagne. C'est aussi simple que cela.
SON ROLE EN TANT QUE DTN :
"Cela fait dix ans que je fais. J'ai commencé à la lutte. Il y a eu des moments compliqués, malgré un bilan sportif fantastique. Concernant l'athlétisme, la sélection en équipe de France ne doit pas être une récompense. Certains athlètes ont des rôles déterminants. Moi, je fais confiance aux gens qui m'entourent. Je ne vais pas apprendre à Ladji (Doucouré) à passer des haies, je ne vais pas montrer à Renaud (Lavillenie) comment passer 6 mètres. Il y a des gens beaucoup plus qualifiés que moi pour le faire. Je m'enrichie de partout. Je prends l'expérience de tout le monde. Je n'ai pas honte de ne pas tout savoir. Mon rôle, c'est juste du management, avec ce rôle de fédérateur, en toute modestie. Je dois être celui qui dédramatise, celui qui dépassionne tous les débats. C'est ça mon rôle."
SA RELATION AVEC SES ATHLETES :
"C'est quelque chose qui me tient à cœur car j'ai été athlète jusqu'en 2000. Ils me respectent comme je les respecte. C'est l'humain qui prime entre nous. On peut faire tous les calculs, toutes les statistiques, tout ce qu'on veut, si on ne prend pas en compte ce facteur humain, il n'y aura pas de résultat. Mais c'est comme dans une vie de couple, il y a des bons et des mauvais moments. Il faut juste dépasser tout ça et relativiser. Ces mauvais moments peuvent être mieux digérés par l'échange, la communication. C'est pour cette raison que je parle souvent de partage, de sérénité et d'humilité. C'est l'élément moteur et le déclencheur de la performance. Et donc du plaisir. J'aime me sentir proche d'eux. Ca me prend du temps de leur rendre visite, de les appeler, mais je sais ce que ça permet de faire. Je dois être présent dans les bons mais aussi dans les mauvais moments. Je dis souvent que la gloire a plusieurs Pères, mais la défaite est orpheline. Il ne faut pas se montrer auprès d'eux uniquement quand ils ont la médaille autour du cou. Il faut être là avant, les accompagner, les aider, les soutenir. Tout le temps."
SA CONFIANCE DANS LA JEUNESSE :
"Le point de départ de notre relation est Berlin et les Mondiaux. Les athlètes m'ont tous remercié du crédit que je leur ai donné, parce que j'ai fait confiance aux jeunes, contre tout le système. On m'a dit que je les envoyais au casse-pipe. Mais l'objectif, c'était de voir qui, parmi eux, avait des triples. A Berlin, cela m'a permis de voir qui étaient ces fameux "FPO". On a eu quinze finalistes et trois médailles. Sur ces quinze "FPO", on en a huit qui ont confirmé à Barcelone. C'est énorme. Cette jeunesse amène de l'insouciance. Les anciens, qui proposent de l'expérience, se demandent pourquoi ils ont perdu cette insouciance. Il y a un échange, un partage. C'est un effet boule de neige positif."
SON AVIS SUR CE QUI NE VA PAS :
"Dans certaines épreuves, il n'y avait pas de Françaises. Tout le monde s'en est rendu compte. Mais on ne peut pas être bon partout. A chaud, c'est difficile de faire un bilan. En septembre, on va réfléchir sur ce point. On va les laisser souffler. C'est pour ça que je dis qu'on ne doit pas avoir de triomphalisme. Certaines choses doivent être améliorées. Il y a encore un chemin énorme à parcourir jusqu'à Londres. Certains détails sont fragiles. Il faut être vigilant.
SON COUP DE CŒUR A BARCELONE :
"Si je devais évoquer en particulier un athlète de cet Euro, ce serait Yohann (Diniz). Il m'a vraiment touché. Il est revenu de très loin. La marche est un sport très dur où il faut avoir un mental à toute épreuve. 50km, on a du mal à s'imaginer ce que c'est réellement. Après les épreuves qu'il a passées lors des deux dernières années, ce qu'il a fait est tout simplement extraordinaire."
SA VISION DE L'AVENIR :
"Dans un avenir proche, il y a les Euro en salle, les Mondiaux de Daegu et à un peu plus long terme, les JO de Londres. Sur le court terme, il ne faut pas se mentir : Bercy, c'est quelque chose d'important. On est à la maison. Il faudra se dépouiller. Mais j'ai confiance en eux : ils vont se transcender pour satisfaire le public français. Comme ils ont fait à Barcelone. La dynamique est lancée."
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